Notre journaliste avait remarqué cette maison, l'automne dernier, lors de l'Opération Patrimoine architectural de Montréal. Elle a voulu en savoir plus sur son histoire unique.

Pour l'architecte Benoît Béland, la rénovation de cette maison de Beaconsfield, en 1998, fut une aventure assez unique.

«On peut dire que ce bâtiment n'a pas de murs, mais seulement un toit qui descend jusqu'au sol, fait-il remarquer. En prolongeant la pente du toit vers le haut, j'ai pu ajouter un étage tout en conservant le style. Je crois pouvoir dire que la maison semble avoir été dessinée en un temps.»

Elle date pourtant de 1966, cette résidence conçue par l'architecte Roger D'Astous, influencé par son mentor Frank Lloyd Wright, avec qui il a étudié dans les années 50. «L'utilisation de matériaux naturels tels la pierre et le bois, la présence d'un foyer et d'une cheminée en pierre pour délimiter deux espaces, l'horizontalité des volumes, autant d'éléments qu'on retrouve chez Wright, résume Benoît Béland. C'est une maison organique, c'est-à-dire conçue comme un être vivant, adaptée à la nature et fondue dans le paysage. Le concept d'Astous semble le fruit d'une analyse judicieuse des lieux et d'une réflexion approfondie.»

Son long toit extérieur incliné, en bardeau de cèdre, définit clairement la maison comme un «abri» fait pour protéger les occupants du climat québécois. «En même temps, les généreuses percées vitrées ouvrent la maison sur son environnement exceptionnel, en plus d'apporter un ensoleillement optimal, grâce à son orientation sud-sud-est du côté du lac», poursuit M. Béland.

Chaleur contre solitude arctique

Les propriétaires actuels sont arrivés en 1992. Lors des rénos, en 1998, la famille comptait déjà ses quatre enfants. «Les soirs de tempête, le lac devient un désert de glace, une solitude arctique, relate Marie-Josée. Cela contraste totalement avec la chaleur de l'intérieur, le foyer, la petite musique de jazz, les rires et les discussions de notre famille pleine d'énergie.» Même contraste, ajoute-t-elle avec attendrissement, que l'insouciance du chaton Taïga avec le sérieux du vieux berger allemand Yaho.

Discrètement déployée

La résidence se fait discrète dans le paysage, malgré les importants moyens mis en oeuvre. «Les éléments de structures visibles à l'intérieur [bois, pierre des champs] le sont aussi à l'extérieur, fait observer Benoît Béland. Cela a demandé de la précision, donc une très bonne planification et des menuisiers d'expérience.»

Peu imposante côté rue, la maison se déploie et s'ouvre à la lumière et au paysage, côté lac. Invisible de la façade, l'étage occupant la dénivellation contient les chambres des enfants. Le rez-de-chaussée est occupé par les pièces de vie, et l'étage supérieur, par la chambre des maîtres.

Vue du lac, sur lequel les membres de la famille s'adonnent régulièrement au voilier l'été ou au ski de fond l'hiver, la maison présente une tout autre apparance: une façade en forme de A et entièrement vitrée.