Les dépenses de rénovation encourues par les particuliers de la région métropolitaine de Québec en 2009 ont été remarquables. Elles sont réputées avoir crû d'au moins 10 %. Les crédits d'impôt fédéral et provincial en ont été le ressort. À l'opposé, l'année qui s'achève aura été, semble-t-il, sans histoire, tandis que l'industrie espère un redressement en 2011.

Les portes, fenêtres et armoires de cuisine sont des indicateurs objectivement vérifiables de la vitalité de la rénovation. «Or, les carnets de commandes ont été ordinaires en 2010 et le demeurent», admet le président de l'APCHQ pour la région de Québec, François Levesque.

La santé économique de la capitale et la vigueur du marché de la revente ces dernières années devraient, espère-t-il, entraîner une augmentation.

En effet, le décompte des transactions sur le marché de la revente de 2007 à 2010 est d'environ 31 000. Si certains acquéreurs d'une propriété entreprennent des travaux de rénovation l'année même, plusieurs attendent que leur situation financière soit plus stable, alors que d'autres patientent quelques années, le temps que leurs besoins soient clairement définis.

Sans oublier deux autres leviers, soit le vieillissement du parc immobilier, qui infère des réparations essentielles ou des transformations pour son rajeunissement, et celui de la population, qui commande une mise à jour des besoins en logement.

Néanmoins, M. Levesque est porté à penser que le ressac, constaté depuis que les crédits d'impôt ont pris fin, est attribuable au fait que de nombreuses gens s'étaient hâtées de devancer leur projet afin de diminuer leurs coûts ou de s'offrir plus pour le même prix. «Vivement le retour à la normale!» s'impatiente-t-il.

Changements extrêmes



Michel Gauthier est architecte. Il exploite un bureau dans l'arrondissement de Sainte-Foy. Il fait notamment profession de projets d'agrandissements ou de modifications d'envergure. À première vue, il trouve que ce marché de la rénovation ne cesse de croître.

Heureusement, d'après lui, que l'usinage de portes, de fenêtres, d'armoires, de murs et de fermes de toit, entre autres, vient accélérer les temps de réalisation ou comprimer les délais. On peut donc en faire plus en moins de temps. Heureusement parce que la demande lui semble considérable.

Il lui est parfois arrivé de ne pouvoir accepter des mandats parce que trop occupé. Non en raison de l'abondance des projets qu'il a à mener, mais parce qu'ils sont d'ordinaire plus gros et que, par conséquent, il doit s'investir davantage dans chacun.

Durant les années 70, on rafraîchissait sa cuisine ou sa salle de bains contre quelques milliers de dollars. Années 90 : on les refait de fond en comble. On allonge, pour cela, 30 000 $. Depuis quelques années, on agrandit. Les rénovations sont donc extrêmes. Pour cela, 100 000 $ est désormais jugé insuffisant.

Certains, confie M. Gauthier, s'offrent une nouvelle pièce ou transforment ne serait-ce qu'une partie de leur maison. Leurs besoins sont précis, pointus. Les fenêtres sont abondantes et de grande qualité. Ils veulent annexer la lumière naturelle. «Bien que la valeur marchande de leur maison soit, par exemple, de 400 000 $, ils peuvent parfois mettre jusqu'à 250 000 $ pour lui refaire espace et beauté», détaille l'architecte qui reconnaît toutefois que ces gens sont scolarisés, et qu'ils ont de 45 à 55 ans.

Vieillir dans son quartier



Avant qu'ils ne s'abandonnent à pareil projet, ils se mettent en quête d'une maison à leur goût à proximité. En vain. À moins que, pour y arriver, ils découvrent qu'ils doivent payer 800 000 $, voire plus. Dans les circonstances, ils trouvent plus opportun de rénover, d'autant plus que leur résidence est payée ou l'est presque complètement. Car ils veulent vieillir dans leur quartier, près de leur monde et des services auxquels ils sont habitués.

Selon un sondage récent fait par l'APCHQ avec le concours de la Société d'habitation du Québec (SHQ), de nombreux 45 à 65 ans veulent vivre au moins 15 ans encore dans leur maison. Quitte à payer pour bénéficier de soins à domicile.

Or, eu égard à la rénovation, résume M. Gauthier, «une maison est une entité vivante qui évolue, comme la population vieillit».

Enfin, en 2003, rappelle-t-on, les dépenses de rénovation au Québec se chiffraient à 8,3 milliards $. Cependant que le Mouvement Desjardins, dans son Indice de l'habitation (IHD) de décembre 2009, s'appuyant sur les données de Statistique Canada, établissait à 13,7 milliards $ celles de 2008, et s'attendait à des dépenses de 15 milliards $ ("10 %) en 2009, et de 15,5 milliards $ ("2,6 %) en 2010.