Les deux tiers des ménages propriétaires du Québec ont fait ou fait faire des travaux de rénovation à leur domicile au cours des deux dernières années. La moitié d'entre eux, cependant, ont dépensé, à cet égard, plus qu'ils ne l'avaient prévu, selon un sondage de la Banque Royale (RBC), effectué en septembre, auprès d'un échantillon aléatoire de 809 Québécois.

Par ailleurs, dans l'évaluation du déroulement de leur projet, 28 % se reprochent principalement d'avoir défoncé leur budget, 11 % d'avoir fait appel à un mauvais entrepreneur ou à des travailleurs médiocres, et 10 % d'avoir exécuté eux-mêmes les travaux. En revanche, 61 % se félicitent d'avoir payé assez vite la dette qu'ils avaient contractée à cette fin.

«Les Québécois semblent tenir à leur maison», trouve l'institution financière. Car 50 % des propriétaires interrogés habitent la leur depuis plus de 10 ans alors que tout près de 60 % prévoient y demeurer au moins aussi longtemps.

Dans la même veine, le courtier immobilier Royal LePage, fort d'un sondage réalisé dernièrement et en son nom par la firme Angus Reid, constate que 46 % des propriétaires québécois n'ont jamais possédé qu'une seule maison de toute leur vie. Cependant que 57 % des sondés envisagent y rester pendant plus de 10 ans. Contre 26 %, de 5 à 10 ans.

Appelé à commenter les données du sondage de la RBC concernant le désappointement de particuliers reliés à leurs travaux de rénovation, le président de Rheeno inc. de Beauport, Jacques Bérubé, atteste que les dépassements de coûts sont communs en rénovation.

«Dans les maisons remontant aux années 40 et 50 spécialement, nul ne sait ce qu'il découvrira derrière les murs et qu'il est très difficile de concevoir lors des estimés», dit-il. Plusieurs prévoient des provisions financières pour y faire éventuellement face, mais il arrive qu'elles soient insuffisantes.

Plus que de l'assemblage

Quant aux mauvais entre- preneurs présumés, outre le manque de minutie, la vitesse avec laquelle certains travaillent pour courir vers d'autres con- trats, il peut arriver, selon lui, que l'inaptitude résulte de la conversion subite d'un entrepreneur en construction en rénovateur. «La rénovation est bien plus que l'assemblage d'éléments. C'est un art complexe et patient qui exige des connaissances fouillées», dit-il.

Puis, ceux qui se mordent les pouces de s'être acquitté eux-mêmes des travaux, ils ne doivent, au fond, s'en prendre qu'à eux-mêmes.

«Devant de grandes difficultés, ils abdiquent et demandent souvent à un rénovateur de mener les travaux à terme», suppose M. Bérubé.

À quel train, enfin, rénove-t-on dans la région de Québec? lui demande Le Soleil.

«Durant les années 90, l'effectif de notre entreprise de rénovation était de cinq. Depuis trois ans, nous sommes 15 et nous ne fournissons pas», se contente-t-il de répondre.