Dans le secteur de l'avenue Nordique à Beauport, c'est le style maison à palier qui domine. Un type d'architecture contemporaine qui fut très populaire dans les années 80. À l'époque, Andrée J. Paradis et Bob Hunter avaient acheté du constructeur une solide maison, que 25 ans plus tard ils ont voulu agrandir afin d'intégrer un garage pour madame et, tenez-vous bien, une cuisinière au gaz des années 50 pour monsieur qui aime mitonner de bons petits plats.

Après avoir jonglé avec l'idée de déménager, le couple a finalement opté pour un agrandissement astucieux en conformité avec les règlements municipaux. «Nous adorions notre cour, le style de la maison, nos voisins, alors on s'est dit : «Pourquoi s'en aller?»» C'est là qu'est né leur projet de rénovation que tous deux qualifient aujourd'hui de «chantier d'une vie». «On est très content des résultats, mais on ne serait pas prêt à recommencer demain matin», disent-ils en choeur. Ça se comprend quand on sait que le projet a nécessité deux ans de réflexion et 16 mois de travaux.

«En partant, nous devions composer avec des marges de retrait extrêmement serrées, explique en entrevue Andrée Paradis, tout en voulant respecter la personnalité du quartier.» Toutefois, cette expérience fut une occasion en or pour Andrée de mettre à profit ses connaissances de bachelière en architecture et pour son conjoint de bricoler à souhait.

De concert avec un entrepreneur, ils ont donc préparé plans et devis, qui furent soumis pour approbation au service d'urbanisme de la ville. «Une fois les permis en main, le plus complexe a été de faire rentrer la machinerie lourde, souligne Andrée. D'ailleurs, nous avons eu droit à ce qui se fait de plus petit parce que les espaces de travail étaient minuscules.»

Des travaux majeurs

À l'avant, ils ont défait une partie des fondations pour ajouter quatre pieds à la construction. Une rallonge qui sert aujourd'hui de vestibule et d'accès intérieur au garage. «Ici, les dimensions ont été calculées au centimètre près», précise Bob Hunter. Le garage de 10 pieds et quelques pouces est excavé et légèrement en retrait de la façade. «C'était obligatoire», indique le couple. Or le module se connecte harmonieusement aux autres parties de la maison et offre une belle pièce de 34 pieds de long sur à peu près 10 pieds de large à l'étage. «On ne voulait surtout pas que ça jure dans le paysage», déclare Andrée qui a fait de cet endroit son atelier. Quant aux matériaux, ils sont de la même facture que les autres habitations du quartier, soit de la pierre, de la tôle galvanisée et du bois. Les teintes jouent dans les beiges, les bruns, les ocres.

Toutes les rénovations de la propriété ont été pensées pour la commodité et le confort des occupants. Par exemple, les garde-robes d'entrée d'une hauteur d'environ 78 pouces ont été conçues pour que la lumière naturelle puisse éclairer abondamment le salon et la salle à manger. Mais dans la cuisine, ce fut un véritable branle-bas de combat : la fameuse cuisinière au gaz a demandé des heures de remue-méninges. «On devait absolument gagner 20 pouces de plancher pour loger notre grosse cuisinière.» Et c'est en décalant le garde-manger qu'ils y sont arrivés. Si la disposition de l'ensemble des armoires est restée sensiblement la même, leur design est nouveau et des plus contemporains. Au centre trône l'imposante cuisinière sur laquelle Bob Hunter concocte des plats de chef parce que c'était ce qu'il faisait avant de vendre son restaurant.

Parmi les acrobaties d'aménagement des pièces, la salle de bain fait figure de championne. «Comme nous voulions à tout prix avoir un bain et une douche séparée, la seule solution a été de percer une fenêtre en saillie dans laquelle on a logé les lavabos, mais ni l'électricité ni la plomberie ne logent dans cet espace, car les règlements nous l'interdisaient, mentionne le couple. Aussi ont-ils été placés dans l'ancienne partie. Autre idée lumineuse, dans la salle de bain du sous-sol : l'ajout d'une douche faite de tôles rivetées entre elles. L'ensemble est naïf et fantaisiste.

Et aujourd'hui, le couple Paradis-Hunter dit filer le parfait bonheur dans une résidence qui leur va comme un gant et dans laquelle il compte bien rester encore longtemps.