Avant d'entreprendre les travaux de rénovation et d'agrandissement, Benoit Boivin s'est d'abord renseigné sur le «statut» historique et patrimonial de sa petite maison de deux étages, construite au début du XXe siècle, dans le Vieux-Saint-Eustache.

«C'est un bâtiment d'intérêt situé à l'extérieur des aires de protection, atteste Nicolas Bédard, inspecteur en bâtiments, au service de l'urbanisme, à la Ville de Saint-Eustache. Autrement dit, le propriétaire peut modifier l'intérieur à sa guise.

 

«La maison en pierre située tout à côté, enchaîne M. Bédard, est, quant à elle, considérée comme un bâtiment d'intérêt supérieur.»

Les plans conçus par l'architecte Benoit Boivin ont par ailleurs été analysés et approuvés par le comité consultatif d'urbanisme (CCU) et le conseil municipal de la Ville de Saint-Eustache avant d'être réalisés.

Geste contemporain

Benoit Boivin a travaillé pendant cinq ans auprès des architectes de l'atelier YH2 avant de fonder sa propre agence, l'an dernier. La transformation de sa maison est son premier projet indépendant. Résultat: cette réalisation permet de découvrir la démarche de l'architecte et, surtout, d'apprécier sa capacité de «faire plus avec moins».

«Les petits gestes qui engendrent de grands effets font partie de mes critères de conception», résume l'architecte. Aussi, Benoit Boivin a conçu une extension à contre-courant: plutôt que de copier le style «historique» de l'édifice principal, il a préféré exprimer un geste contemporain, soit daté de 2010. Ainsi, le nouveau volume de 28 mètres carrés (300 pi2) en bardeau de cèdre se démarque délibérément de l'existant.

Détail: une séparation ou plutôt un «silence», précise Benoit Boivin, a été aménagé entre la maisonnette et l'extension. De fait, le mur du fond de la nouvelle entrée principale (située latéralement) a été peint en jaune verdâtre, une couleur qui fait office de «signalement». Celui-ci est rehaussé par l'installation d'un luminaire, une applique de style industriel. Quant à l'entrée d'origine, en façade avant, elle ne sert que très rarement.

Respecter sans surcharger

Les éléments de la façade avant - littéralement collée sur le trottoir - ont été, dans la mesure du possible, ramenés au style d'antan. Des fenêtres à guillotine en bois ont été installées et leur encadrement repeint. «Je n'ai pas voulu ajouter une ornementation superflue», note Benoit Boivin. Le clin de bois a été renouvelé et le bleu grisé, une couleur comparable à celle utilisée auparavant, a été choisi. Les barrotins de la balustrade ont été rafraîchis et le bardeau d'asphalte de la toiture renouvelé.

Seule audace: les lucarnes ont été peintes en bleu nuit et non en gris pâle, comme les encadrements des autres fenêtres.

«C'est une façon d'affirmer aux passants que cette maison a été transformée et réaménagée d'une manière contemporaine», explique l'architecte.

Rénover sans se ruiner

Il est possible de rénover et de privilégier un style actuel sans se ruiner. L'architecte Benoit Boivin a fréquenté les centres de rénovation plutôt que les magasins haut de gamme et privilégié les matériaux modestes pour réaménager en profondeur et de manière résolument contemporaine sa petite maison ancestrale (et délabrée!) de 74 mètres carrés (800 pi2).

En prime, une extension d'un étage a été réalisée.