Les rénovations résidentielles ne sont plus ce qu'elles étaient. Simples il y a 40 ans, elles sont aujourd'hui extrêmes.

«Les rénovations sont très à la mode. Règle générale, on agrandit», assure le technologue professionnel et designer d'intérieur de Lévis, Yvon Laplante.

Jean-Marc Harvey est architecte et copropriétaire de l'Atelier Avant-Garde de Québec. Son entreprise rénove, transforme et construit, à l'occasion, des maisons neuves. «Nous faisons, à présent, beaucoup d'agrandissements», atteste-t-il.

 

Durant les années 70, on rafraîchissait simplement la salle de bains ou la cuisine. On allongeait, à cette fin, quelques milliers de dollars. Dans les années 90, on les refait de fond en comble. Afin qu'elles soient plus grandes, on annexe des pièces contiguës. Pour ce, on met d'ordinaire jusqu'à 30 000 $. Le cocooning est le ressort.

Maintenant, on agrandit. C'est la rénovation extrême. Pour ce faire, une mise de fonds de 100 000 $ est déjà jugée conservatrice.

«Les maisons coûtent plus cher. Pour être bien chez soi, on les veut plus grandes, enveloppantes et fonctionnelles. On agrandit par le haut, sinon latéralement ou à l'arrière», raconte M. Laplante.

On habite Québec, près de tout. La ville nous plaît. On veut y rester. On voudra donc mettre la maison à son goût. Le financement, le cas échéant, étant plus accessible que jamais. À moins qu'on ne paie comptant. «L'idée d'une propriété de choix en banlieue lointaine déplaît souvent», pense, de son côté, Jean-Marc Harvey.

Car il faudrait se retourner et l'acquérir à gros prix. Plus cher, en tout cas, que celle qu'on a et qu'on aurait vendue. La rénover - mieux encore, l'agrandir - revient au même, se dit-on. D'autant que la probabilité de rendement de l'investissement est grande du fait de l'appréciation encore importante des propriétés dans la région de la Capitale-Nationale.

Les propriétaires se félicitent, du coup, de mettre leurs épargnes sur leur maison. «Ils la perçoivent comme une valeur plus sûre par opposition à leurs titres boursiers», disait Jean-Marc Harvey au début de 2009. Tandis que la Chambre immobilière martèle encore qu'il n'y a pas d'investissement plus sûr et productif qu'une maison.

Quant aux baby-boomers, ils paraissent à contre-courant en agrandissant leur maison, alors que tous leurs enfants sont partis. «Au contraire, ils font montre de cohérence», soutient Jean-Marc Harvey. Car ils reçoivent beaucoup : leurs enfants et leurs petits-enfants, en particulier. C'est pourquoi ils réclament, entre autres, une salle à manger plus vaste.

Pièces de vie

Par ailleurs, on peut acheter une résidence somptueuse dans un quartier de prestige récent. Or, le salon est trop petit, raconte Jean-Marc Harvey. On agrandit la maison pour lui faire de la place. Tout compte fait, on préfère cela à un déménagement en périphérie, dans un bien-être sûr, d'accord, mais loin de tout.

«Lorsqu'on construit, on doit particulièrement prendre égard aux pièces de vie. Autrement, les occupants se sentent vite à l'étroit», plaide Jean-Marc Harvey.

Les maisons d'autrefois, elles, ont peu d'ouverture sur la cour. Une simple porte et la fenêtre de cuisine au-dessus de l'évier sont dans l'ordinaire des choses. «Or, on est impatient d'avoir une pièce très fenêtrée qui s'avance dans le jardin», jure, de son côté, Yvon Laplante. Qu'importe si on recule la terrasse et qu'on rapetisse le jardin. On la posera ou sur les fondations régulières ou sur pilotis, avec plancher chauffant.

Le toit de la maison a fait son temps, on en profite pour le refaire. Les fenêtres sont fatiguées, on ne va pas rater l'occasion de les changer.

Du coup, dans la maison, on repense l'espace. On accommode les «pieds carrés» laissés-pour-compte. Puis, mécaniquement, on accorde le neuf avec l'ancien, on recalibre le chauffage aussi bien que le ventilateur récupérateur de chaleur. Il faudra éventuellement renforcer la structure, reprendre le filage électrique et rafraîchir la plomberie. Sans compter les impondérables, mis au jour lorsqu'on ouvre les murs, qui font souvent hausser les coûts.