Au Québec, les crédits d'impôt pour la rénovation, mis en place par Ottawa et Québec, ne soulèvent pas les passions. «Ce n'est pas la ruée», constate le conseiller principal aux communications de l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ), Daniel Morneau. Ce qui ne veut pas dire que les choses vont en rester là.

Les gens sont plus nombreux à connaître l'existence et la teneur des crédits. Ceux qui, par contre, avaient déjà décidé de mettre en oeuvre leur projet de rénovation en 2009, soit avant même que les gouvernements ne rendent leurs programmes publics, persistent et y voient une occasion d'abaisser leurs coûts. À moins qu'ils n'aient décidé de dépenser un peu plus.

«Ceux qui n'étaient pas prêts y réfléchissent et prendront progressivement leur décision. Ils ne sautent pas forcément sur l'occasion», continue M. Morneau.

En revanche, la récession n'a pas eu d'effet négatif marqué sur l'emploi du temps des entrepreneurs en rénovation résidentielle, membres du groupe Réno-Maître de l'APCHQ. Ils travaillent.

«L'effectif Réno-Maître était de 500 au début de 2009. Il est à présent de 585. L'augmentation est de 17 %. La vitalité du marché de la rénovation et la crédibilité de l'organisme incitent les entreprises à joindre les rangs», détaille M. Morneau.

L'année 2008 a été très fertile en rénovation au Québec. «Or, pour 2009, les crédits proposés par Ottawa et Québec viennent stabiliser le marché», précise le conseiller. Ce qui devrait permettre aux entreprises d'avoir un rendement semblable à l'an passé.

Influence de la revente

Autre facteur favorable à la rénovation : le marché de la revente. Si certains acheteurs sont réputés faire intégrer leurs travaux de rénovation à leur emprunt hypothécaire de sorte de les faire exécuter immédiatement, d'autres patientent quelques années avant de procéder. Ils prennent le temps d'étudier leur maison et de se «refaire» financièrement.

«C'est après avoir habité sa maison deux ou trois ans, consécutivement à l'achat, qu'on est prêt à rénover», disait la SCHL.

Le décompte des transactions, en 2006 et en 2007, a été respectivement de 72 520 et de 80 338 dans l'ensemble du Québec. De 9073 et de 9694, dans la région métropolitaine de Québec. Ces années ont été fastes. Les retombées, concernant la rénovation, devraient être retentissantes. Tout comme l'année passée, eu égard aux chiffres de 2005 qui ont été de 70 649 et de 8906.

De son côté, la corporation comptable H & R Block constate, à la suite d'un sondage qu'elle a fait en mai, que 80 % des propriétaires d'une maison au Canada admettent qu'ils ne connaissent pas grand-chose au programme proposé par le gouvernement Harper. Près de 60 % veulent s'en prévaloir, tandis que le plus grand nombre est incertain quant aux règles et conditions.

Par ailleurs, CAA-Québec, sur la foi de celui qu'il a effectué auprès de ses membres dernièrement, indique que 32 % des sondés prévoient effectuer des rénovations d'une valeur supérieure à 5000 $ durant 2009 et que le tiers d'entre eux disent que les crédits offerts ont pesé dans leur décision.

Ainsi, 50 % déclarent avoir devancé ou qu'ils devanceront leur projet, 40 % qu'ils devraient effectuer des travaux plus importants que prévus et 10 % qu'ils n'envisageaient pas de le faire, mais voient dans les crédits une occasion d'agir.

Néanmoins, Léon Mathieu, comptable licencié de Québec et pdg de Service comptable Vanier, trouve, lui, que les crédits d'impôt à la rénovation ne font pas tellement jaser actuellement. «C'est lors de la prestation des prochaines déclarations de revenus qu'on mesurera toute leur portée», dit-il.



En résumé


Objectifs : Stimuler l'économie en augmentant la demande de main-d'oeuvre et de matériaux. Soutenir les entreprises de construction de chez nous tout en améliorant la qualité de vie des familles.

Durée d'application

Provincial (P) : dépenses admissibles engagées du 1er janvier au 31 décembre 2009 et payées au plus tard le 30 juin 2010, sous réserve que l'exécution des travaux ait été confiée à un entrepreneur qualifié.

Fédéral (F) : dépenses engagées après le 27 janvier 2009 et avant le 1er février 2010.

Montants admissibles

P : après 7500 $, jusqu'à concurrence de 20 000 $.

F : après 1000 $, jusqu'à concurrence de 10 000 $.

Pourcentage des crédits

P : 20 % de l'excédent de 7500 $, sans dépasser 12 500 $.

F : 15 % de l'excédent de 1000 $, sans dépasser 9000 $.

Maxima attribués

P : 2500 $

F : 1350 $, moins 16,5 % qui correspond à un abattement déjà accordé dans votre déclaration de revenu.*

Habitations admissibles

P : Maison fixée à demeure ou logement en copropriété (partie privative seulement) qui constitue la résidence principale des demandeurs.

F : Maisons, chalets et leurs terrains utilisés à des fins personnelles. Outre les logements en copropriété.

Travaux admissibles

P : Travaux de rénovation, de remaniement, d'amélioration ou d'agrandissement. Main-d'oeuvre, matériaux et taxes compris. Mais tandis que le colmatage de fissures dans une fondation, le forage d'un puits ou les appareils électroménagers ne sont pas admissibles, le remplacement du drain agricole, du système de chauffage, de la toiture ou la mise en place d'un système d'alarme le sont, au contraire.

F : Travaux de rénovation ou de modification à caractère durable. Ne sont pas agréés, par exemple, les contrats d'entretien, les travaux habituels ou annuels de réparation ou d'entretien, les outils, électroménagers ou meubles. Alors que le remplacement du chauffe-eau, la peinture intérieure ou extérieure, le resurfaçage d'une entrée d'auto ou l'installation d'une nouvelle pelouse, eux, le sont.

Pour plus de détails

P : finances.gouv.qc.ca - Onglet, à gauche : Renseignements additionnels, sous Énoncé économique du 14 janvier 2009

F : budget.gc.ca/2009/pamphlet-depliant/pamphlet-depliant3-fra.asp

* Cet abattement résulte d'une entente fiscale globale fédérale-provinciale pour la non-participation de Québec à des programmes à frais partagés et du fait qu'il exploite ses propres programmes.