Par quel concours de circonstances en vient-on à s'acheter un presbytère? «C'est vraiment le fruit du hasard», confient en entrevue Lyse Marsan et Daniel Perron, qui ont acquis le presbytère de Saint-Séverin de Beauce, il y a sept ans, alors qu'ils étaient à la recherche d'un atelier de création pour Lyse qui travaille comme artiste peintre. Une artiste qui, en passant, a mérité plusieurs prix internationaux, dont la mention d'honneur du grand jury SNBA de Paris.

Mais c'est par l'entremise d'amis qu'un beau jour, Lyse et Daniel apprennent que le presbytère de Saint-Séverin est à vendre. «La première fois qu'on a mis les pieds ici et que j'ai vu le grand escalier du salon, ça m'a rappelé mon enfance. Sur le coup j'ai dit à Daniel : qu'est-ce qu'on fait? À cet instant, nous savions que c'était le vrai coup de foudre. C'est seulement après qu'on s'est dit : nos amis vont penser qu'on est devenu fou! Imaginez : on avait acheté une maison à rénover de 17 pièces qui de surcroît ne contenait aucun meuble.»

 

Les deux premières années, le couple fait la navette entre Québec et Saint-Séverin jusqu'au moment où Daniel quitte ses fonctions d'administrateur au ministère des Affaires internationales pour prendre sa retraite. Du jour au lendemain, il devient un rénovateur à plein temps.

Aura de bonheur

Sept ans plus tard, le couple Marsan-Perron ne regrette rien. «Cette maison nous fait du bien, disent-ils. Il y a une bonne aura dans le presbytère.» Une atmosphère de bonheur qu'ils attribuent au père Antonio Arsenault, qui fut curé de Saint-Séverin de 1962 à 1984. On dit que le prêtre avait des dons de guérisseur. Certains paroissiens ont même raconté qu'il avait, un jour, arrêté un incendie. Dans son livre Un curé original, Louise Archambault écrit que ce prêtre en soutane, lobbyiste avant l'heure, avait joué un rôle prépondérant dans sa campagne auprès du gouvernement pour avoir un meilleur accès routier à Saint-Séverin. Un pari qu'il avait gagné.

Aussi, à la mémoire de ce curé de campagne pas ordinaire, le couple Marsan-Perron a décidé de conserver quelques souvenirs d'Antonio Arsenault, dont le grand crucifix de bois dans la cuisine, qu'ils ont d'ailleurs laissé au même endroit, une lettre écrite de sa main ainsi que la prise de téléphone où il prenait la plupart de ses appels.

Depuis qu'ils ont emménagé à Saint-Séverin, Lyse et Daniel ne cessent de s'émerveiller des beautés de l'endroit. Ils se sont si bien intégrés à la communauté que les villageois ont demandé à Daniel Perron d'être leur maire. Un travail qu'il prend à coeur. Un de ses objectifs est d'augmenter la population.

Pour ce faire, M. Perron prévoit la construction prochaine d'une quinzaine de maisons. «Si ça peut attirer des jeunes couples, tant mieux, dit-il, parce qu'en ce moment, toutes les fois qu'on apprend qu'une de nos résidantes attend un enfant, on devient tout excités.» Et comme autre priorité, il voudrait exploiter davantage le capital touristique de Saint-Séverin, qui, selon lui, est bien mal connu.