La rivière Chaudière a fait des siennes cette semaine en inondant plusieurs résidences et commerces de Beauceville. La population guette toujours ce cours d'eau. Plusieurs autres rivières sont aussi sous surveillance. Pour les résidants envahis par les flots, tout remettre en ordre est une tâche colossale.

La rivière Chaudière a fait des siennes cette semaine en inondant plusieurs résidences et commerces de Beauceville. La population guette toujours ce cours d'eau. Plusieurs autres rivières sont aussi sous surveillance. Pour les résidants envahis par les flots, tout remettre en ordre est une tâche colossale.

Denis Lavoie en sait quelque chose. Les inquiétudes de certains lui rappellent un mauvais souvenir. Il fait partie des victimes des inondations à L'Ancienne-Lorette, en septembre. «Chaque fois qu'il pleut, je m'inquiète. Le sol n'a pas beaucoup gelé cet hiver. Il est gorgé d'eau et ça pourrait causer des problèmes», dit-il au milieu de ses murs de sous-sol à moitié recouverts de gypse.

Sept mois plus tard, sa maison n'a pas retrouvé ses airs d'antan. Peu de chance que ça se produise, croit-il. Son sous-sol s'est transformé en entrepôt où il range des objets sans valeur. Plusieurs de ses voisins n'ont pas encore fait de réparation, par crainte de la prochaine inondation. Un d'entre eux a préféré abandonner sa cave pour bâtir un deuxième étage à sa maison.

Ces déluges obligent les victimes à repenser l'usage de leur sous-sol et à s'équiper en prévision des catastrophes. Porte-parole du Regroupement Sinistrés Entraide, M. Lavoie a installé une pompe sous le plancher, une génératrice et un clapet contre le refoulement des égouts.

Danny, un autre malchanceux de L'Ancienne-Lorette, est toujours en chantier. «Vous avez déjà vu le film La Foire aux malheurs avec Tom Hanks ? Ce n'est rien comparé à moi !», lance celui qui préfère garder l'anonymat pour éviter les problèmes avec la Ville et les assureurs.

Puisque sa propriété repose sur une dalle de béton, l'eau est entrée chez lui jusqu'aux genoux, l'automne dernier. À cause de l'humidité, il a fallu démolir tout l'intérieur en gardant seulement la structure du bâtiment.

La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) estime à 140 millions $ chaque année la valeur des réclamations d'assurance résultant d'inondations de sous-sols. En moyenne, les 30 000 à 40 000 cas par an coûtent chacun de 3000 $ à 5000 $.

«Il est fort probable qu'un propriétaire connaisse un jour un dégât d'eau», affirme André Veilleux, vice-président à l'indemnisation chez Assurances Desjardins. «Le nombre d'inondations a fortement augmenté ces dernières années. Les averses sont plus fortes. Plus de maisons sont construites et laissent moins de place aux champs pour absorber l'eau. De plus, les systèmes d'égouts pluviaux prennent de l'âge.»

En cas d'inondation

En cas d'inondation, il faut agir vite. La maison et les meubles seront moins touchés par la moisissure s'ils sont asséchés en 48 heures. Voici les conseils de la SCHL:

- Gare à l'électrocution. Portez des bottes de caoutchouc. Au besoin, coupez le courant.

- Installez les meubles hors de l'eau sur des blocs de bois ou de styromousse.

- Placez au congélateur les documents mouillés. Ça freinera les dommages liés à l'humidité et laissera le temps de tout sécher plus tard.

- Documentez les dommages avec un appareil photo ou une caméra vidéo.

- Ajoutez un peu d'eau de Javel à l'eau stagnante et évacuez-la. Une pompe et une génératrice peuvent être utiles. Passez ensuite l'aspirateur d'atelier.

- Retirez les matériaux sales et trempés, y compris l'isolant mural, les plaques de plâtre, la boue et la terre résiduelles, les meubles, les appareils ménagers, les vêtements et la literie.

- Enlevez les moulures au bas des murs pour permettre au gypse de sécher.

- Retirez la saleté des murs, des meubles et du plancher avec le tuyau d'arrosage. Rincez plusieurs fois en enlevant l'eau restante avec l'aspirateur.

- Dégarnissez les plafonds et les murs qui ont absorbé de l'eau. Retirez les matériaux jusqu'à 50 cm au-dessus du point le plus haut atteint par l'eau.

- Nettoyez à fond à l'aide d'un détergent inodore. Le béton peut être lavé avec une solution de phosphate trisodique diluée dans l'eau. L'usage d'agent de blanchiment n'est pas recommandé, car il réagit avec la matière organique pour former des substances cancérigènes. «L'eau de Javel a des effets néfastes à long terme, comme la corrosion des objets métalliques. Les germicides et fongicides du marché sont plus sûrs et plus efficaces», précise Christine Dufour, de nettoyage Sinisco.

- Passez l'aspirateur sur les surfaces sèches ou qui n'ont pas été touchées directement par l'eau.

- Aérez ou déshumidifiez la maison jusqu'à ce qu'elle soit sèche. Si le temps le permet, ouvrez portes et fenêtres et utilisez des ventilateurs. «L'assèchement est l'étape la plus importante. Il faut déshumidifier parfaitement si on veut éviter des problèmes par la suite», dit Éric Pichette, président de Qualinet.

Des conseils valant leur pesant d'or

Les services de spécialistes après une inondation dans la maison valent leur pesant d'or. Il est bon de demander l'avis d'un professionnel, à défaut de l'embaucher. Ses conseils coûteront entre 100 $ et 200 $, mais ils indiqueront la marche à suivre. Un nettoyage peut coûter de 200 $ à 500 $. Si on confie à une compagnie l'ensemble des travaux, du pompage jusqu'à la remise à neuf, il faut décupler le montant de la facture.

Le prix varie de 1000 $ à 15 000 $, selon l'étendue des dommages. «Si on fait le travail soi-même et tout croche, des moisissures peuvent se développer et rendre les gens malades. Les assureurs protègent rarement contre les dommages causés par les résidus spongiques. Donc, toute la facture revient au propriétaire», explique l'expert en sinistres Claude Gingras, propriétaire de Rassurance.