Leurs aventures font l'objet d'une nouvelle série documentaire de 13 épisodes d'une heure, présentée sur les ondes de Télé-Québec dès mardi prochain. Les Citadins du rebut global est la suite logique des Artisans du rebut global, la série documentaire dans laquelle cinq braves ont construit une maison à Victoriaville uniquement avec des matériaux recyclés.

Leurs aventures font l'objet d'une nouvelle série documentaire de 13 épisodes d'une heure, présentée sur les ondes de Télé-Québec dès mardi prochain. Les Citadins du rebut global est la suite logique des Artisans du rebut global, la série documentaire dans laquelle cinq braves ont construit une maison à Victoriaville uniquement avec des matériaux recyclés.

Forte de ce succès, la série se déplace maintenant dans le quartier Sainte-Marie à Montréal, près du pont Jacques-Cartier, et met en vedette trois Québécois et deux Français, grâce à un partenariat avec France 5, qui diffusera la série sous le titre Les Citadins du futur.

À l'automne, les cinq volontaires se sont attaqués à la restauration d'un immeuble de deux étages datant de 1892 et voué à la démolition, tout en devant respecter une série de contraintes: un maigre budget de 15 000$, un plein d'essence pour toute l'aventure et un seul conteneur pour se départir de leurs déchets. Tout cela en respectant un échéancier extrêmement court de 13 semaines. Et ce n'est pas tout : ils devaient en plus intégrer des composantes écologiques dans leur projet. Méchant défi!

L'aventure réservait bien des écueils aux Citadins. Tout d'abord, l'immeuble était complètement pourri et menaçait de s'écrouler, ce que n'avait pas du tout prévu l'équipe de production, qui l'avait déniché. «Quand on l'a visité, il a été impossible de l'inspecter au complet. L'immeuble servait encore de frigo à bière pour le dépanneur», explique Marc St-Onge, le réalisateur et concepteur de l'émission.

Erreur! «C'était tellement pourri que la finition servait à maintenir l'immeuble debout», raconte, sourire aux lèvres, le citadin Alejandro Montero.

L'expérience frôle la catastrophe, comme les téléspectateurs pourront le constater dans le premier épisode. Ceux qui ont de l'empathie vous vont plaindre les citadins, qui eux, se découragent réellement. Pire, on se rend compte que l'eau s'écoule dans la fondation pourrie, car la rue s'est élevée de 12 pouces en l'espace d'un siècle. Que faire? Dans un instant de déprime, Jean-Pierre Lavoie évoque la solution facile du bulldozer! Pas très écolo...

«J'étais terrorisé. On ne croyait pas que l'immeuble était si mal en point. Qu'est-ce qu'on aurait fait si l'immeuble s'était effondré?» se demande M. St-Onge. Finalement, il a fallu soulever cette ruine pour couler une nouvelle fondation. Résultat: des semaines de retard à l'échéancier.

Qu'à cela ne tienne, les cinq volontaires vont retrousser leurs manches et se donner corps et âme dans l'aventure, jusqu'à l'épuisement total. «On les a obligés à mettre la pédale douce lors de la dernière semaine», avoue le producteur de l'émission, Alain Girard. Malgré cet avertissement, un citadin a dû visiter l'hôpital. Le producteur se défend cependant d'en responsable...

Treize semaines plus tard, mission accomplie, même si les rénovateurs ont triché un peu, défonçant de 384$ leur budget de 15 000$ (misère!) et ayant refait le plein de la camionnette. Que celui qui n'a jamais défoncé son budget de réno leur jette la première pierre.

Les citadins ont dû faire appel à leur créativité pour transfigurer le bâtiment. Leurs trouvailles sont stupéfiantes. La meilleure: ils ont rafistolé un vieux triporteur (tricycle muni d'une caisse) pour transporter les matériaux. Cette idée de génie leur a permis d'économiser sur l'essence... et de faire beaucoup d'exercice.

Ils ont aussi refait la maçonnerie de l'immeuble en mélangeant les briques de la bâtisse avec un lot usagé provenant d'Outremont, les agençant avec quelques pavés d'origine qui recouvraient autrefois la rue. Un vieux lampadaire de la Ville éclaire la petite terrasse arrière, tandis que la base du poteau sert de poutre soutenant la maison.

Un baril de bière sert à récupérer les eaux de pluie de la toiture pour arroser les plantes. Un autre suspendu au plafond sert de citerne pour la chasse d'eau. Contexte urbain oblige, les rénovateurs ont aussi incorporé beaucoup de déchets industriels dans cette restauration, comme la rampe d'escalier faite à partir d'un convoyeur et le grand balcon extérieur fabriqué à partir de quatre chariots industriels. Etc.

Toute une expérience pour les cinq citadins. N'oublions pas que les deux Français ne sont arrivés que quelques jours avant le début du tournage. «Au début, j'avais de la difficulté à bien comprendre votre accent», admet la Française May Porthé, qui a fort apprécié le sens de l'humour des Québécois.

Tout comme la première série, Les Citadins du rebut global se présente comme l'antithèse des émissions de décoration, qui encouragent le gaspillage sans limites de nos ressources afin de confectionner des décors à la mode. Leur but: pratiquer ce qu'ils prêchent. «J'ai été pendant longtemps un contestataire; maintenant, je veux passer à l'action», résume M. Montero. Jacques Languirand agit comme le philosophe de la série, nous abreuvant de ses réflexions poétiques.

L'émission ira encore plus loin que la transformation du vieux bâtiment. Le réalisateur a visité d'autres villes du monde (Portland, en Oregon; Freiburg, en Allemagne; Paris) pour nous présenter ce qui se fait de mieux en matière de bâtiments écologiques.

Malheureusement, le constat est clair: le Québec est diablement en retard! Cette série télé changera-t-elle les mentalités?