«Il est vraisemblable qu'un panier de matériaux que vous auriez payé 100 $ en août coûte présentement 103 $. À l'opposé, il est aussi plausible qu'il n'ait pas coûté plus de 95 $ dernièrement», juge-t-il.

«Il est vraisemblable qu'un panier de matériaux que vous auriez payé 100 $ en août coûte présentement 103 $. À l'opposé, il est aussi plausible qu'il n'ait pas coûté plus de 95 $ dernièrement», juge-t-il.

Car le prix des matériaux, explique le relationniste, fluctue suivant la demande et la période de l'année, tandis que les magasins à grande surface se livrent une concurrence à tout casser pour «contraindre leurs prix».

Actuellement, donne-t-il en exemple, le prix du bois est à la baisse parce que la construction résidentielle au Québec ralentit, alors que l'hiver les entrepreneurs bâtissent peu.

D'un autre côté, continue M. Morissette, le prix de certains outils et accessoires peut compenser la hausse éventuelle de certains matériaux. Ce qui infère une stabilité théorique du «prix du panier».

Par ailleurs, il se souvient que, durant une grande partie de l'année 2004, le prix des matériaux sur le marché québécois a fléchi, en moyenne, de 15 %. Qu'ils se maintiennent, cette année, lui paraît donc dans l'ordre des choses.

Pourtant, ce contenant de 18,9 litres d'enduit d'aluminium bitumé Bakor qui, début octobre, coûtait 99,98 $ chez Rona L'Entrepôt de Québec est maintenant détaillé 108 $. C'est 8 % de plus.

Selon M. Morissette, il s'agit d'un cas d'exception. Il explique que ce magasin a été tout dernièrement réapprovisionné. Quant au nouveau prix, il s'accorde à celui du pétrole dont l'enduit est en grande partie constitué et des coûts nouveaux du transport.

Secousse

D'un autre côté, s'il est vrai que les prix fluctuent, il arrive aussi qu'ils s'emballent. Ce fut le cas en août 2003 alors que, pour la protection des immeubles en Irak, il y eut là-bas une formidable livraison de panneaux de contreplaqué et gaufrés (OSB).

Cela a provoqué, chez nous, une secousse haussière sur le marché de détail. Le prix de ces matériaux a grimpé soudainement d'au moins 50 %. «Or, quelques mois après, il était revenu à son niveau habituel», rappelle M. Morissette.

«En octobre dernier, le prix du contreplaqué s'est agité. Il s'est élevé de 20 % d'un coup sec», révèle le président et directeur général de l'Association des détaillants de matériaux de construction du Québec (ADMACQ), Donald O'Hara.

Car, dans les États américains qui ont subi les assauts de Katrina et Rita, on avait placardé beaucoup. «Il est normal que pareil phénomène se répercute sur l'offre qui, elle-même, met un peu de temps avant de s'ajuster», considère l'économiste Louis Gagnon du Mouvement Desjardins.

Mais depuis, rappelle-t-on chez Rona L'Entrepôt, le prix du contreplaqué est redescendu.

Gypse et laine

Pendant que les prix montent ici et redescendent là, une majoration prochaine des prix du gypse et de la laine isolante est appréhendée. Cela, en raison de la demande liée à la reconstruction des zones sinistrées américaines.

On prévoit aussi une montée générale des prix des produits à base de pétrole tels le goudron, le bardeau d'asphalte, les isolants mousse ou le plastique.

«Cependant, nous ne savons pas jusqu'à quel point», continue le porte-parole du groupe Rona. Entre-temps, les coûts du transport devraient pousser les prix vers le haut, aussi bien que les articles à base de fer et d'acier.

«Mais, en tout, soyez sûrs que les marchands de matériaux feront des pieds et des mains pour amortir le choc», jure M. O'Hara.

Puis, le directeur national des relations publiques du Groupe Rona estime que, si une montée globale des prix des matériaux a lieu, elle devrait correspondre au taux d'inflation qui sera au mieux de 2,5 %, au pire de 3 %.

Concordance

Enfin, le discours des détaillants de matériaux paraît concorder avec le pronostic le plus récent de Statistique Canada concernant le prix des logements neufs.

L'économiste Hélène Bégin, également du Mouvement Desjardins, remarque, en effet, une augmentation de 5 % du prix des logements en septembre par rapport au même mois de l'an passé dans la région de Québec.

Mais, hormis les terrains dont le prix a bondi de 8 %, les coûts de construction eux-mêmes - transport, matériaux, main-d'oeuvre et frais afférents - ont progressé de 3,9 %.

«Cette hausse n'est pas si dramatique, d'autant plus que la montée des prix du pétrole a été prise en compte dans l'enquête de Statistique Canada», fait savoir l'économiste.