Les histoires d'horreur de clients insatisfaits, qui ont changé à gros prix le compresseur de leur réfrigérateur pour rien, circulent abondamment. Quand le frigo flanche, à qui peut-on faire confiance pour le réparer?

Les histoires d'horreur de clients insatisfaits, qui ont changé à gros prix le compresseur de leur réfrigérateur pour rien, circulent abondamment. Quand le frigo flanche, à qui peut-on faire confiance pour le réparer?

Dans le but de vous aider à identifier plus facilement les réparateurs compétents, le Comité sectoriel de la main-d'oeuvre de l'industrie électrique et électronique (CSMOIEE), un organisme appuyé par Emploi-Québec, délivrera à compter de juin des certificats de qualification aux réparateurs qui réussiront des tests d'évaluation technique et pratique.

«Depuis une quinzaine d'années, à la suite de reportages du magazine Protégez-vous et de l'émission J.E., les réparateurs d'électroménagers souffrent d'une mauvaise réputation. Ce système de certification va nous permettre de rehausser l'image de l'industrie et de relever le niveau de compétence des réparateurs», affirme Jacques Boudreau, directeur général du CSMOIEE.

Rien ne nous permet d'identifier les bons réparateurs. Le seul truc: une référence. Sinon, on consulte les Pages Jaunes à l'aveuglette en se croisant les doigts pour ne pas tomber sur un incompétent. En 1995, une enquête de Protégez-vous avait démontre qu'on risque ainsi de faire affaire plus souvent qu'autrement avec un mauvais réparateur. À l'époque, 11 sur 14 d'entre eux avaient échoué un test de compétence.

Il faut savoir que la plupart des réparateurs d'appareils électroménagers ont appris sur le tas et ne disposent pas de formation reconnue. Rappelons qu'il y a 20 ans, la formation professionnelle (DEP) n'existait pas. Et puisque l'âge moyen dans le métier est de 48 ans, les diplômés représentent une minorité.

«Dans le passé, quand les commandes étaient électromécaniques, les bons bricoleurs pouvaient se débrouiller et faire du bon travail. Aujourd'hui, avec les plaquettes électroniques, les réparateurs doivent lire des schémas électriques et faire des calculs. Leur expérience pratique ne suffit plus», explique Richard Thibault, enseignant en réparation à l'École des métiers du Sud-Ouest.

Le système de développement et de reconnaissance des compétences (son nom officiel) demeure entièrement volontaire. Ceux qui échouent pourront suivre des cours de mise à niveau. «On ne rejette donc personne du système. Notre objectif est de délivrer 300 certifications. Le Québec compte de 1000 à 1500 réparateurs», dit M. Boudreau. La liste des détenteurs de certification sera accessible sur le site Internet du CSMOIEE (www.csmoiee.qc.ca). Les clients pourront aussi vérifier auprès des réparateurs s'ils sont certifiés.

Cette initiative du CSMOIEE ne réjouit cependant pas tout le monde. Les réparateurs indépendants, regroupés dans la Corporation des techniciens en électroménager du Québec (CTEQ), doutent de sa pertinence.

Pour le président de la CTEQ, Richard Broughton, cette norme professionnelle arrive trop tard. Le métier se purge naturellement de ses mauvais travailleurs depuis quelques années, grâce à l'arrivée des nouvelles technologies. «Ceux qui ne possèdent aucune formation n'ont pas le choix de quitter le métier», dit-il.

De plus, M. Broughton croit que les exigences du CSMOIEE ne sont pas réalistes. «Ils nous demandent de tout connaître, du micro-ondes à la cuisinière high tech, mais c'est impossible. Chaque jour, de nouvelles technologies apparaissent sur le marché. On n'en finit plus de prendre des cours et nos camions débordent de livres d'instructions».

La CTEQ croit que la survie des réparateurs passe plutôt par la spécialisation: je répare du Miele et du Bosch et je laisse les autres marques à mes confrères. Il n'empêchera toutefois pas ses membres d'essayer d'obtenir la certification. «S'ils réussissent, tant mieux», conclut-il.

À l'Office de la protection du consommateur, le porte-parole Georges-André Levac se réjouit. «La quantité de plaintes n'est pas négligeable. Il y a définitivement matière à amélioration», a-t-il déclaré.