«Matério est capable de faire face à la concurrence des Home Depot et Rona, pourtant très visibles dans les médias, grâce au groupe d'achats Independant Lumber Dealers Coop (ILDC), qui réalise un volume d'affaires de deux milliards de dollars pour le compte de ses 25 membres au Canada», a déclaré à La Presse Affaires le président, Denis Warnet.

«Matério est capable de faire face à la concurrence des Home Depot et Rona, pourtant très visibles dans les médias, grâce au groupe d'achats Independant Lumber Dealers Coop (ILDC), qui réalise un volume d'affaires de deux milliards de dollars pour le compte de ses 25 membres au Canada», a déclaré à La Presse Affaires le président, Denis Warnet.

Chacun des 25 marchands du groupe ILDC garde son nom et ses coudées franches, sans même afficher une bannière commune. En décembre dernier, Rona a dévoilé la signature d'une entente de principe, en Alberta, en vue de l'acquisition de Totem Building Supplies, «un des gros membres du groupe d'achats ILDC», précise Denis Warnet.

L'acquisition, au coût de 100 millions de dollars, a été autorisée vendredi dernier par le Bureau fédéral de la concurrence. Elle va permettre à la chaîne d'ajouter 17 magasins, d'enregistrer un chiffre d'affaires de 260 millions et de presque doubler sa présence dans les Prairies.

«Totem jouit d'une très bonne notoriété et est le joyau de la rénovation en Alberta. C'est le Réno-Dépôt du coin», explique Benoît Caron, analyste du courtier Canacord Capital. Ce ne sont plus les fournisseurs qui décident des prix mais les grandes chaînes. D'où la nécessité pour Totem de s'intégrer à un réseau de grande taille, dit-il.

Mais ce n'est quand même pas tous les jours qu'un centre de rénovation indépendant connaît une telle expansion.

Denis Warnet reconnaît qu'il doit affronter des concurrents de taille.

«À La Plaine, le marché s'agrandit énormément. La ville de Terrebonne a accordé l'an dernier 2300 permis de construction, dont un grand nombre à La Plaine. Il y a un concurrent à 8 km de distance et un autre à 14 km, ce qui laisse de la place pour faire des affaires. La grande majorité des acheteurs (plus de 70 %) misent sur la proximité du magasin. Matério va donc s'implanter à proximité de la clientèle».

«La concurrence augmente, dit Denis Warnet, mais le marché profite aussi d'une épuration naturelle. Si chaque ville comptait 15 quincailleries auparavant, de petits magasins de matériaux ont disparu maintenant. Quand un gros centre de rénovation ouvre, il fait disparaître des petits. Des marchands indépendants disparaissent, mais aussi des petits magasins Rona qui n'ont pas de relève.»

Le marché en région

Dans plus d'une région, le marché ne change pas aussi vite que dans la métropole. À Saint-Hyacinthe, par exemple, André H. Gagnon a relocalisé et agrandi son Rona Régional en 1999 et les ventes continuent d'augmenter de plus de 10 %, mais il y a toujours une dizaine de marchands de matériaux dans un rayon de 15 kilomètres, «ni plus ni moins qu'avant», a-t-il assuré. André H. Gagnon, aussi président du conseil de Rona, a donné «un grand coup en 1999» en investissant, avec des partenaires, aussi dans des grandes surfaces Rona à Brossard, Saint-Bruno et Granby. Il n'a pas d'autres projets pour l'instant.

Le Matério de La Plaine a nécessité sept mois de travaux et neuf millions d'investissements pour aménager une superficie de vente de 49 000 pieds carrés et des locaux d'un total de 82 000 pieds avec l'entrepôt.

«C'est comme un Home Depot régional aménagé sur un terrain de 396 000 pieds carrés», indique Denis Warnet. À Saint-Jérôme, Matério exploite une surface de 40 000 pieds carrés sur un terrain de 500 000 pieds. Le deuxième magasin ajoute 140 emplois aux 260 de Saint-Jérôme.

Le nouveau Matério fait l'essai d'un concept d'aménagement original qui vise à simplifier le magasinage, notamment à l'aide de la signalisation. Denis Warnet assure que la compagnie va maintenir sa politique de prix concurrentiels et la qualité des services offerts.

Par ailleurs, le marchand indépendant caresse d'autres projets. L'automne prochain, Denis Warnet ouvrira «un magasin de spécialités à Saint-Jérôme où les clients pourront commander l'installation de produits de rénovation, comme des portes et fenêtres, des revêtements de plancher de même que des poêles et foyers», a-t-il expliqué.

L'an prochain, le plan de développement de Matério prévoit un autre projet, mais le président a refusé d'en préciser la nature, pour mieux surprendre la concurrence.

Matériaux laurentiens a amorcé ses activités dans «un tout petit magasin» et, après 25 ans, a dû prendre une décision: vendre l'entreprise ou prendre de l'expansion. Ses enfants ont finalement décidé de ne pas prendre sa relève, mais Denis Warnet a recruté toute une équipe pour donner un nouveau souffle à l'entreprise et préparer l'avenir.

La compagnie a reçu deux offres d'achat de concurrents, que le président a refusées parce qu'il ne se voyait pas prendre sa retraite à 55 ans.

Les fonds ne manquent pas pour l'expansion de Matério, grâce au réinvestissement des profits. Denis Warnet n'envisage pas de fusion avec un autre marchand indépendant.

Matério réalisera plutôt son plan d'expansion et le président passera éventuellement le flambeau à la relève.