Après les maisons contemporaines à toit plat, voilà que celles à pignon attirent l'attention. Dépouillés, ces pignons « nouvelle génération » se distinguent par leur profil graphique. L'architecte Jean Verville a d'ailleurs revisité ce style traditionnel de toiture pour une famille avec de jeunes enfants qui désirait un chalet, dans les Cantons-de-l'Est. Le résultat ? Un refuge sculptural à double toit en forme de A, épuré et parfaitement intégré au terrain boisé.

UNE FAMILLE, DEUX MAISONS

Adapté au mode de vie très actuel de la famille propriétaire, ce chalet propose des espaces de qualité, autant pour les enfants que pour les parents. D'où la création de deux « maisons » à pignon, reliées par un espace de circulation. L'espace de vie familial, au rez-de-jardin, est de plain-pied avec une terrasse protégée. Beau temps, mauvais temps, il est possible d'en profiter sans devoir emprunter d'escalier.

Le pignon revisité

« Sur la scène architecturale internationale, les formes angulaires suscitent beaucoup d'intérêt », constate l'architecte Jean Verville, qui a réinterprété de façon contemporaine la toiture à pignon pour le projet FAHOUSE. « Dès la première rencontre, les propriétaires m'ont demandé une maison en forme de pinte de lait, toute noire, très minimale et couverte d'un seul matériau, révèle-t-il. J'ai élaboré un habitat en harmonie avec le style de vie de la famille, le contexte du terrain en pente, sans oublier la vue sur le lac. J'ai imaginé une forme simple, élégante, qui allait leur offrir des espaces surprenants. »

Et si on vivait en bas?

« Au départ, les parents se voyaient vivre en haut pour avoir une meilleure vue sur le lac. Mais rapidement, je leur ai proposé l'inverse : et si vous alliez vivre en bas ? Cet aménagement offre la possibilité d'avoir une entrée de plain-pied avec les pièces de vie et un accès direct au terrain. Ce questionnement a orienté tout le projet, raconte Jean Verville. Les propriétaires ont accepté ma suggestion et un escalier extérieur surdimensionné a été réalisé, permettant à deux adultes et deux enfants de parvenir aisément à l'entrée, protégée par le porte-à-faux. »

La «maison» des enfants

Les familles contemporaines adoptent un mode de vie différent. D'où l'importance de repenser les paramètres de l'habitation familiale, estime Jean Verville. « J'ai grandi à une époque où on nous disait d'aller jouer dans notre chambre, au sous-sol ou plus loin, dit-il. Aujourd'hui, les jeunes parents sont en communication constante avec leurs enfants. Tout le monde joue. Tout le monde est adulte et enfant à la fois. À partir de ces observations, j'ai élaboré ce concept de double maison jumelée, qui symbolise la complicité de la nouvelle famille. »

La «maison» des parents

À l'étage du volume principal se trouve la suite parentale, aménagée dans un esprit très minimaliste et formée de pièces à usage spécifique. Véritable « salle à dormir », comme l'exprime Jean Verville, la chambre principale, complètement habillée de contreplaqué russe, n'a comme seul décor que la vue sur la nature. Une penderie de type walk-in a été installée derrière le lit, alors qu'une pièce consacrée au bain jouxte la chambre. Aussi, une salle de douche familiale, séparée des toilettes, est illuminée grâce à un puits de lumière.

Sous les combles

Inspirant, l'espace aménagé sous les combles du pignon principal fait office de salle familiale et de chambre d'invités, explique Jean Verville. Difficile de ne pas succomber au charme de cette pièce triangulaire, à la charpente en A peinte en blanc. « Nous avons pu exposer la structure, car la construction a été isolée par l'extérieur, à l'uréthane, sous le revêtement de tôle d'acier », fait remarquer l'architecte.



FENÊTRES SUR COUR

Certes, les vues panoramiques en plongée font beaucoup d'effet. Mais aménager les pièces de vie à l'étage n'a pas que des avantages. Il est aussi possible, en vivant au rez-de-chaussée, avec une terrasse de plain-pied, de profiter de vues magnifiquement cadrées, d'abolir les frontières entre le dedans et le dehors et, en prime, de profiter pleinement de l'environnement.

Dedans-dehors

La grande pièce à vivre au rez-de-jardin du chalet familial s'ouvre généreusement sur une terrasse de plain-pied. Un tel aménagement facilite la circulation et supprime les limites entre le dedans et le dehors. « Cette terrasse favorise le contact avec la nature et permet de surveiller les enfants qui profitent de l'extérieur, indique Jean Verville. Plutôt que d'être uniquement contemplé, le terrain est ainsi exploité et investi de plusieurs activités. »

Paysage cadré

Jean Verville l'avoue : les propriétaires n'ont pas accepté d'emblée sa proposition d'intégrer la cheminée à la baie vitrée, côté lac. « Le couple craignait qu'elle ne bloque la vue, dit-il. Mais, à l'inverse, elle l'enrichit. » En effet, il est possible d'admirer à la fois le lac, la verdure et le feu du foyer. Idée futée : la cheminée du foyer a été peinte de la même couleur que les cadres et meneaux d'aluminium de la fenestration, afin de créer une unité. « Ils participent à l'effet d'encadrement des vues et permettent de découvrir progressivement le paysage », affirme le concepteur.

Plongée sur le lac

« Pour ce projet, nous avons choisi d'offrir les vues panoramiques sur le lac aux lieux de détente, à l'étage. Des vues inspirantes qui invitent à la contemplation », explique Jean Verville. Ainsi, la chambre des parents et la pièce réservée au « bain » sont complètement vitrées, en façade ouest, afin d'admirer, en plongée, la nature et le lac. Tels des cocons, ces deux pièces sont réchauffées de contreplaqué russe et leur aménagement est empreint d'un grand dépouillement.

Vue sur la forêt «enchantée»

Pourquoi privilégier uniquement la vue sur le lac ? « Alors qu'il y a, bien souvent, plusieurs autres points de vue à exploiter », souligne l'architecte. Pour le projet FAHOUSE, ce dernier a positionné la terrasse et les ouvertures du chalet de telle sorte que les occupants peuvent profiter d'une variété de perspectives sur le terrain. Parmi celles-ci, il y a les fenêtres de la « maison » des enfants qui donnent sur la parcelle boisée, qui borde le chemin. « Une sorte de forêt enchantée », conclut Jean Verville.

Pour en savoir plus: http://www.jeanverville.com/