Un couple de Lachine s'est donné l'été pour autoconstruire la maison de ses rêves, avec vue sur le lac Saint-Louis, où il s'établit avec ses deux jeunes enfants. La Presse a suivi le chantier. Aujourd'hui: le bilan.

Ça y est, ils sont enfin dans leur maison! Depuis le 5 octobre. Au lendemain du déménagement, Marie Drinkwater et Nichol Pelchat, portés par une douce euphorie, devaient encore se pincer pour y croire. «Nous sommes ébahis, confiait la première. Comme sur un high. Je ne sais pas combien de temps ça va durer...»

«Ces hauts plafonds, cette lumière dans la cuisine, le lac sous les yeux au réveil, grâce aux longues fenêtres... c'est ce dont nous avions rêvé!» dit l'heureux propriétaire.

«Le lac, c'est la principale valeur de cette maison, renchérit sa compagne. C'est magique, un décor toujours en mouvement. Je ne pense pas m'en lasser jamais. Aujourd'hui, il vente: le lac se gonfle de grosses vagues.»

Ce cher lac Saint-Louis change de visage à chaque point d'observation, suivant qu'on est dans la salle familiale, la salle à manger, la chambre principale ou la salle de bain.

«C'est exaltant d'habiter une maison 100% à notre goût! dit Marie. De voir le plan devenu réalité, de se rendre compte qu'il a été bien pensé.»

Le temps et l'argent

Nichol Pelchat se félicite d'avoir mené à bien le chantier dans les délais prévus. Avant de se lancer comme autoconstructeur, le couple avait consulté un entrepreneur général qui disait pouvoir livrer la maison à la mi-octobre ou la fin-octobre.

Le même entrepreneur aurait facturé 572 000$ pour la maison clés en main, taxes de vente incluses. En autoconstruction, elle a coûté 407 000$, taxes incluses.

C'est donc une économie de 165 000$, soit 29%, que les Drinkwater-Pelchat ont réalisée en gérant eux-mêmes leur projet. «Nous étions surpris, rapporte Nichol Pelchat. Nous nous attendions à environ 20%.»

Gestion et huile de coude

Ce qu'un autoconstructeur épargne en se passant d'entrepreneur général, il le compense en payant de sa personne. Il embauche lui-même les différents corps de métier et gère le déroulement des opérations. Souvent, il exécute certains travaux, seul ou avec des parents ou amis.

Les Drinkwater-Pelchat ont installé eux-mêmes les tuyaux de l'aspirateur central, plusieurs luminaires et les cabinets de salle de bains. Ils ont fait une partie de la peinture. Ils ont transporté les déchets de construction à l'écocentre, avec leur remorque, entre les différentes étapes.

«J'ai pris tout ce qui me restait de congés au travail, relate Nichol Pelchat. Vous dire comme j'aurais aimé en avoir un peu plus...»

Des plans de grande qualité

M. Pelchat souligne l'importance, en autoconstruction, d'avoir des plans de grande qualité, afin d'éviter les surprises en cours de route. «Acheter des plans déjà faits est une bonne idée, car ils ont été rodés sur plusieurs maisons, estime-t-il. Nous avons étudié cette option, mais il aurait fallu faire trop de modifications, en fonction de la grande proximité d'un voisin et de notre désir de maximiser la vue sur le lac.»

L'autoconstructeur doit de plus avoir une compréhension suffisante des tâches à effectuer, afin de voir clair dans les estimations et de négocier les prix.

Enfin, les entrepreneurs doivent être choisis très soigneusement. «Chez Clyvanor, d'où viennent les murs préfabriqués, j'ai demandé qui pourrait les assembler, sur le chantier. Ils m'ont recommandé David Gagné. C'est lui qui a géré l'édification de la structure.»

M. Gagné connaissait des sous-traitants de confiance, que Nichol Pelchat a directement engagés, par exemple pour la plomberie, la dalle de béton et la ventilation. «Choisir des entrepreneurs qui se connaissent déjà facilite la gestion, explique l'autoconstructeur. Ils s'appellent entre eux, ils se posent des questions.»

M. Pelchat rappelle l'importance de gérer l'échéancier de façon serrée: l'entrepreneur dont on reporte le travail facturera un supplément. Il recommande également de s'intéresser aux petits entrepreneurs à l'extérieur des grandes villes, qui ont des prix moins élevés.

Enfin, il ne faut pas se gêner pour négocier les prix et acheter certains éléments, comme la robinetterie, au rabais ou dans des endroits compétitifs. Sans en faire une obsession, toutefois: il y a des ventes à conclure sans attendre, pour ne pas retarder le reste du chantier.

Après beaucoup de pression et de stress, la petite famille défait maintenant ses boîtes avec bonheur, place les meubles et part en quête des rideaux parfaits. «Des rideaux qui laisseront voir le lac», souligne Marie.

Photo Olivier Jean, La Presse

Enfin chez soi! Et près de l'eau... Dans l'ordre habituel, Nichol Pelchat, Louis, six ans, Simon, quatre ans, et Marie Drinkwater.

Photo Olivier Jean, La Presse

Un bon bain chaud... en contemplant le lac et son reflet dans les miroirs.