Écolos, mobiles et abordables, les micromaisons sur roues, popularisées aux États-Unis à la fin du XXe siècle par Jay Shafer, l'un des initiateurs du mouvement Tiny Houses, arrivent au Québec.

Un microrefuge

En l'espace d'un an, Natalie Héron a construit sa micromaison montée sur roues dans l'arrière-cour boisée de ses parents à Dorval. Chez elle, tout est moderne et épuré. Avec un maximum de lumière et d'espace pour cuisiner: son petit refuge, comme elle l'appelle, est tout à fait à son image.

Avec sa maison sur roues de 144 pi2, où elle habite depuis peu en compagnie de sa chienne Sage, la travailleuse communautaire de 38 ans vient véritablement de trouver chaussure à son pied.

Pendant près de huit ans, Natalie a été assistante à la mise en scène et régisseuse de plateau pour une compagnie de théâtre mobile. Malgré l'achat de deux grandes maisons, l'une au Manitoba, l'autre à l'Île-du-Prince-Édouard, sa vie se résumait principalement à sillonner les routes du Canada et séjourner ainsi dans de toutes petites chambres de passage.

À l'été 2012, lorsqu'elle entend parler pour la première fois de micromaisons («tiny houses»), Natalie s'est tout de suite sentie interpellée. «Tout s'est enchaîné. J'ai commencé par faire des recherches sur l'internet ; j'ai acheté les plans de ma maison à l'entreprise américaine Tumbleweed Tiny House Company et je suis allée suivre un de leurs ateliers à Boston.»

Casse-tête chinois

«Mais, qu'est-ce que vous faites pour la ventilation dans votre maison?», a demandé Natalie lors de la formation. «Bien... j'ouvre des fenêtres!», s'est-elle fait répondre.

«Moi qui étais tout excitée d'assister à cette séance d'information à Boston, me disant que le climat était assez semblable, je me suis vite aperçue que la majorité des «tiny houses» était située en Californie et ne correspondait pas nécessairement à la réalité du Québec», indique-t-elle.

En effet, la construction de micromaisons au Québec étant un phénomène encore très récent, l'expertise en la matière se fait plutôt rare.

«J'ai finalement trouvé un système de ventilation adapté à mes besoins, dit celle qui a pu compter sur l'aide d'un charpentier et d'un ami ingénieur électricien. En revanche, la plomberie s'est révélée être un cas plus complexe. C'est un petit espace très étroit. J'ai donc opté pour de l'équipement de bateau. Mais encore là, je cherche encore une solution pour que l'eau ne gèle pas cet hiver.»

Une vie durable

Entre 32 000$ et 37 000$, c'est l'estimation que fait Natalie de sa maison, en main-d'oeuvre et matériaux.

«Pour moi, investir dans une «tiny house», c'est avoir une vie durable sous tous ses aspects: financier, écologique, social... Social, oui! Dans le sens où je dois sortir de chez moi pour faire certaines choses.»

Véritable passionnée et certainement l'une des ambassadrices des micromaisons au Québec, Natalie Héron organise des séances d'information ainsi que des visites de son petit refuge. Elle tient aussi un blogue où elle publie régulièrement des billets, en anglais, sur l'évolution de sa micromaison.

tinyrefuge.wordpress.com

Petite maison, grande liberté!

Dans la cour de ses parents au centre-ville de Gatineau, Maxime Chénier habite une micromaison de 130 pi2, qu'il a lui-même dessinée et construite sur une remorque usagée. Un style d'habitation parfait pour ce nomade de 26 ans.

Pompier-forestier pour la SOPFEU, Maxime Chénier est à cheval cinq mois par année entre La Tuque et Gatineau. Parce qu'il était las de jeter l'argent par les fenêtres en payant des loyers, il décide, en octobre 2012, de se construire un petit chez lui.

Sa micromaison, toute en pin, abrite une cuisine tout équipée, une salle de bains, un coin salon avec téléviseur, radio, ordinateur, deux garde-robes et enfin, sous le plafond cathédrale de 12 pi, une mezzanine avec puits de lumière où trône un lit queen.

«C'est beaucoup plus confortable qu'une roulotte! C'est du luxe mais en plus petit, avec le charme d'un chalet grâce à l'odeur du bois», indique Maxime, qui a habité dans sa maison tout l'hiver dernier.

«Le plancher de bois de six pouces est bien isolé et garde les pieds au chaud. J'avais une petite chaufferette électrique et même à moins 30 degrés Celsius, j'étais super bien», fait-il remarquer.

Au fur et à mesure

La chaufferette, c'est en attendant. Tout n'est pas terminé, en fait. Il reste encore à trouver une solution pour un système d'eau viable et d'autres détails. Pour l'instant, Maxime prend sa douche et fait la vaisselle chez ses parents. Mais, a priori, sa micromaison sera complètement autonome, avec un chauffe-eau au propane instantané, des réservoirs d'eau et des panneaux solaires.

«Je fais ma maison par section dans mes temps libres avec l'aide de mon père. J'ai dû modifier les plans en cours de route car j'avais mal considéré certaines choses en version miniature», explique-t-il.

Redéfinir ses priorités

Maxime ne possède pas une montagne de biens - il est même du genre à avoir sa vie dans sa voiture -, mais avant d'emménager dans sa micromaison, il a tout de même dû faire un maximum de tri. Fini les six paires de bottes de travail, la console de jeux vidéo, les collections de films et de livres, la vaisselle d'extra: maintenant, il ne s'en tient qu'au strict nécessaire et aux choses qu'il aime le plus.

Cet été, Maxime apporte la touche finale à sa micromaison, estimée à 28 000$ en matériel et main-d'oeuvre. Après quoi, il songe à prendre des commandes pour la réalisation de petites maisons comme la sienne ou personnalisées. Par ailleurs, la micromaison du nomade est offerte pour location, pour ceux qui voudraient vérifier que ce mode d'habitation leur convient.

tinyhouse@gmail.com