Quand les enfants sont grands, ils quittent la maison familiale. Ou pas. Et il arrive aussi qu'ils reviennent. Avoir ses enfants dans la maison où l'on a grandi, ce n'est pas si rare.

De mères en filles

Sur le balcon du bungalow de Saint-Hubert, une balançoire est figée dans la neige. L'été dernier, Marie-Elise Perreault s'y balançait doucement avec sa fille Anaya, en lui parlant de sa grand-maman Nicole, morte quelques années avant sa naissance.

«À la fin de sa vie, ma mère était souvent dans la balançoire. Elle aimait la nature, c'était une façon pour elle de se reposer, de décrocher. On a eu du bon temps, dans cette balançoire», se souvient la jeune femme de 32 ans.

Des souvenirs, sa maison en contient plein. C'est ici que la jeune mère a passé toute sa vie, à cinq mois près. Lorsque sa mère est tombée malade, l'idée d'un jour quitter la maison familiale a effleuré l'esprit de Marie-Elise Perreault.

«Je me disais que si elle ne survivait pas à la maladie, rester serait trop lourd, tout me la rappellerait», dit-elle. À la suite de la mort de sa mère, c'est plutôt l'inverse qui s'est produit. «Je ne m'imaginais pas partir, justement à cause de tous les souvenirs que j'avais avec ma mère. J'aime mieux chérir ces beaux moments.»

De petits changements

C'est donc dans sa maison d'enfance, pour laquelle ses parents ont «fait beaucoup de sacrifices», qu'elle élève aujourd'hui sa petite de 8 mois avec son mari. La maison avait subi des rénovations au fil des années, si bien qu'en choisissant d'y rester, le couple n'a pas senti le besoin de tout chambouler.

En y emménageant, son conjoint a toutefois voulu en faire quelque chose qui lui ressemblerait un peu. «Je voulais en faire notre chez-nous», dit Pierre Luc Morin. Des changements assez limités, tout de même. «Quand elle habitait avec sa mère, le grille-pain était toujours rangé dans l'armoire», dit-il en riant. Aujourd'hui, il est posé sur le comptoir.

Pour Marie-Elise Perreault, s'installer dans la chambre de sa mère a paru «drôle» au début. C'est la pièce qui a subi le plus de transformations: elle a changé de couleur et de mobilier. «Une autre étape qui a été particulière, c'est quand ma fille s'est installée dans la chambre où j'ai toujours dormi. Mais je trouve ça précieux. Je le vois comme un privilège, un honneur de poursuivre quelque chose qui a été entamé par mes parents.»

La jeune femme se prend parfois à imaginer ce que serait sa maison si elle n'avait pas repris celle de ses parents. «Je me demande ce que ça serait d'avoir une maison complètement personnalisée par mon mari et moi.» Elle serait peut-être plus moderne, mais le couple n'a pas d'idées de grandeur et encore moins l'impression de manquer quelque chose.

«Dans ma génération, il faut avoir la grosse maison. Nos parents se satisfaisaient d'un peu moins. On n'a pas une super grosse maison, mais on était quatre dans ma famille et on avait assez de place», dit Marie-Elise Perreault.

Il y a dans la maison assez d'espace pour les souvenirs de Marie-Elise, mais aussi pour ceux qu'elle construit aujourd'hui pour sa petite. Anaya se fait bercer par ses parents dans une chaise berçante qu'affectionnait sa grand-mère. «On se l'est appropriée», dit Marie-Elise Perreault.