Intrigués par les chalets de paille? Voici quelques détails techniques qui lèvent le voile sur les mystères de leur construction.

Charpente

La charpente des chalets Pinéa et Rosa, sur le domaine Solisterra, est apparente de l'intérieur. Elle est montée avec tenons, mortaises et chevilles, sans clous ni métal... à l'exception des ancrages dans le solage, qui sont en acier.

Murs de paille

La paille est installée après l'érection de la charpente et la pose du toit, ce qui la protège des intempéries. Les ballots sont montés en quinconce, comme de grosses briques. Ils sont de paille d'avoine, tenue par deux cordes de sisal, et produits par un fermier voisin. «De la paille de blé ou de sarrasin aurait tout aussi bien fait l'affaire», commente la maître d'oeuvre, Dominique Tonetti.

Le premier rang de paille est d'abord collé à la fondation avec du goudron. Puis les ballots sont «cousus» les uns aux autres au moyen d'une grande aiguille, en imitant un point de machine à coudre. Un treillis de fil de fer, posé de part et d'autre du mur, retient ces points de couture, ce qui évite d'abîmer la paille.

Crépi

Le crépi couvrant la paille, de un à trois pouces d'épaisseur, est fait de chaux et d'argile, avec ajout de ciment Portland pour qu'il résiste à l'eau: un peu dans la préparation intérieure, et davantage dans le mélange extérieur. Deux couches suffisent généralement à l'intérieur, et trois à l'extérieur. Des brins de paille, ajoutés à la dernière couche, à l'intérieur, lui confèrent charme et texture, tout en l'empêchant de craquer.

Ouvertures

Les fenêtres mesurent 4 pi sur 7 pi, une hauteur qui correspond à six ballots de paille de 14 po, empilés. Les portes font 4 pi sur 8 pi. Le crépi couvre leurs cadres de pin blanc.

Solage

Une dalle de béton, flottante et monolithique (coulée d'un seul morceau, avec la semelle), repose sur une pellicule isolante réfléchissante qui tient lieu de pare-vapeur. Cette même dalle, polie et scellée, constitue également le plancher radiant. Outre sa tubulure de chauffage, le plancher contient la plomberie de la maison. Ce solage repose sur un sol de sable très stable, surélevé d'environ quatre pieds. «Une telle fondation n'a pas besoin de drain français», souligne Mme Tonetti.

Toiture

Les toits des chalets Pinéa et Rosa sont constitués de panneaux isolants structuraux (SIP), recouverts d'un pare-air, et d'une feuille de tôle. À l'intérieur, des lattes de bois revêtent le plafond. Les débords de toit sont exceptionnellement longs. Ils bloquent l'excès de soleil en été, et de plus, «ils protègent les fenêtres et les fondations des intempéries», dit Dominique Tonetti.

Énergie

Dans le chalet Pinéa, le foyer à combustion lente apporte une bonne dose de chaleur. Si elle ne suffit pas, en hiver, on ajoute le chauffage du plancher radiant (au rez-de-chaussée), dont le liquide caloporteur est chauffé au propane. Le chalet Rosa, de son côté, est doté d'un foyer de masse muni d'un tuyau consacré au chauffage du liquide du plancher radiant. En cas d'alimentation insuffisante, un appareil au propane pourrait prendre la relève.

Une éolienne installée sur le domaine est branchée aux appareils de sciage et autres équipements de construction ou d'entretien du domaine.

«Kazabazua est connu pour ses vents constants, dit Mme Tonetti. Éventuellement, l'éolienne palliera le manque de soleil, les journées grises.»

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La salle de bain du rez-de-chaussée du chalet Rosa.