«En ce moment à Paris, un appartement correct se vend en trois heures», affirme Yannick Cavache, l'un des «chasseurs d'appartements» auxquels ont recours certains acheteurs exaspérés par la pénurie et la hausse des prix touchant toutes les grandes villes françaises.

Si le marché de l'immobilier a beaucoup souffert de la crise en 2008 et 2009, les prix de vente des logements anciens ont connu de nouveaux records en 2010, avec une hausse de 8,7 % pour la France, selon les derniers chiffres du réseau Century 21. Elle atteint 20 % dans la capitale, selon ceux publiés récemment par la chambre des notaires de la région parisienne.

Résultat : «un appartement correct se vend en trois heures en ce moment à Paris, toute surface confondue. Quelque chose qui est au prix du quartier n'excède pas la journée», affirme à l'AFP Mme Cavache. Depuis début 2010, «on est dans un système de surenchère plutôt que de négociations».

«Avec une cliente, c'était même Starsky et Hutch. Je l'ai appelée, elle est venue en taxi à l'arraché et elle a signé sur le comptoir de la cuisine après avoir vu l'appartement 10 minutes», raconte-t-elle.

Une autre de ses clientes confirme : «J'ai acheté un 80 m² dans le 17e 620 000 euros [815 000 $] après l'avoir visité deux minutes. La propriétaire m'a ensuite fait mariner une semaine et j'ai dû surenchérir de 30 000 euros [39 450 $] pour l'emporter.»

«C'est clairement un marché de pénurie. La demande se concentre surtout sur les studios ou deux pièces» avec un budget de 150 000 à 250 000 euros [197 000 à 329 000 $], souligne Catherine Catenacci, présidente de la Fédération française des chasseurs immobiliers (FFCI) qui revendique une quarantaine d'adhérents. «On ne prend plus en recherche ces demandes-là», car les quelques offres disparaissent immédiatement, ajoute-t-elle.

Quant aux trois pièces et au-delà, le marché est bloqué car les familles qui veulent s'agrandir attendent de trouver plus grand avant de vendre. En vain, car les propriétaires les gardent, la pierre étant redevenue, comme l'or, une valeur refuge face à la crise boursière, explique Mme Catenacci.

Ceux qui font appels aux «chasseurs d'appartements» arrivent souvent «désespérés après avoir vu des horreurs», explique Mme Cavache. Ils sont souvent à l'étranger ou en province, cherchant un pied à terre pour eux ou leurs enfants. Ce sont aussi ceux qui n'ont pas le temps de s'en occuper mais qui ont les moyens de payer une commission de 3 à 4 % en moyenne, venant s'ajouter parfois à celle d'une agence immobilière.

Reste que l'achat, même rapide, «est souvent l'aboutissement de mois de recherches ou de projet» et pas à n'importe quel prix, tempère Annie Konstantin, de l'agence Orpi-Foncier Nation, soulignant que la plupart cherche à se loger ou investir à moyen terme.

Selon elle, cette «crise du logement» pousse surtout à accepter des appartements sombres ou bruyants. Par ailleurs, «cette hausse des prix accélère un embourgeoisement de Paris», constate cette professionnelle. Au-delà de Paris, la tendance touche «tous les coeurs des grandes villes» relève aussi Mme Catenacci.

Il faut en moyenne cinq semaines pour vendre un appartement dans les huit premières agglomérations contre 13 semaines il y a un an, selon le dernier indice de décembre du groupe de Particuliers à Particuliers (PAP).

Toutefois, explique William Legrand, porte-parole du groupe, la hausse des prix devrait marquer le pas en 2011, en raison de la remontée récente des taux de crédit. Il anticipe, comme d'autres professionnels, «une stabilisation des prix, voire un léger repli si le coût de l'emprunt continue à augmenter».