LaSalle est en mutation. Confronté au départ de nombreuses industries, qui laissent derrière elles de vastes terrains en friche, l'arrondissement a décidé de prendre en main la croissance de son territoire. Un premier pas a été franchi, en février, avec la création du Quartier Angrignon, qui permet la construction d'immeubles résidentiels de six, douze et même seize étages, autour des boulevards Newman et Angrignon, dans un environnement plus vert, moins axé sur l'automobile.

L'ancienne municipalité, fondée en 1912, est très consciente de ses nombreux atouts. Située non loin du centre-ville de Montréal, elle est littéralement entourée d'eau. En plus d'être sur les rives du fleuve Saint-Laurent, en face des rapides de Lachine, elle est limitée au nord par le canal de Lachine et est traversée de part en part par le canal de l'Aqueduc.

 

LaSalle a d'ailleurs d'abord prospéré grâce à la proximité du canal de Lachine, qui a attiré de nombreuses industries. Elle est devenue l'une des municipalités les plus industrialisées de la région de Montréal.

Alors qu'elle comptait 10000 habitants en 1950, sa population a explosé entre 1954 et 1971. Avec l'arrivée de nombreux immigrants, surtout italiens et polonais, des quartiers entiers formés de plex sont nés. Or depuis la fin des années 70, sa population stagne aux alentours de 75000 habitants.

L'arrondissement se tourne donc résolument vers l'avenir. En changeant son règlement de zonage pour donner naissance au Quartier Angrignon, il a amorcé la métamorphose d'un vaste secteur sous-exploité aux alentours du Carrefour Angrignon, du mégacentre commercial voisin et du boulevard Newman, à la jonction de l'arrondissement du Sud-Ouest.

Pour la première fois de son histoire, la construction d'immeubles en copropriété en hauteur est permise. «Nous voulons créer une porte d'entrée à l'arrondissement et transformer le boulevard Newman, qui a l'allure d'un boulevard de banlieue, en un boulevard urbain qui laisse plus de place aux transports collectifs et favorise les déplacements à pied et à vélo, explique Sylvie Champagne, chef de la division de l'urbanisme de l'arrondissement. Nous voulons densifier notre territoire tout en créant un milieu de vie agréable, moins dépendant de l'automobile, avec un traitement architectural et paysager intéressant.»

La présence de la station de métro Angrignon, tout près, est capitale. LaSalle se sert de son pouvoir d'attraction pour donner un nouveau souffle aux environs selon les principes du TOD (Transit Oriented Development, ou développement axé sur les transports en commun). Environ 3000 nouveaux logements de diverses typologies pourraient ainsi s'ajouter au cours des prochaines années dans le quartier Angrignon. Et cela n'inclut pas les 600 unités prévues juste à côté, dans le projet Bois des Caryers.

«Nous avons choisi de densifier ce secteur afin d'attirer une nouvelle population, augmenter nos revenus et conserver un impôt foncier intéressant pour tous les LaSallois, indique la mairesse de l'arrondissement, Manon Barbe. Nous pourrons ainsi offrir un nouveau type d'habitation qui n'existait pas à LaSalle, à l'exception de résidences pour personnes âgées.

«Ce milieu de vie urbain et contemporain, formidablement bien situé, deviendra le centre-ville de LaSalle, prédit-elle. Il sera générateur d'activités commerciales et culturelles, ce qui le rend encore plus intéressant aux yeux de certains promoteurs.»

Le Quartier Angrignon fait dorénavant partie de l'ensemble des grands projets que la Ville de Montréal veut mettre en valeur dans le cadre de Montréal 2025.

«Il s'inscrit dans l'ensemble des projets traités par les élus, explique Richard Deschamps, conseiller de l'arrondissement de LaSalle, qui préside le comité Montréal 2025. Au niveau central, il est maintenant considéré comme faisant partie des grands projets de développement.»

Au cours des dernières années, LaSalle a travaillé fort pour améliorer la qualité de vie de ses résidants, souligne Gilles Dubien, directeur général de la Chambre de commerce et d'industrie du Sud-Ouest de Montréal. La popularité du centre aquatique l'Aquadôme et de la salle de spectacle Jean-Grimaldi, associés au cégep André-Laurendeau, près du Quartier Angrignon, ne se dément pas.

«Les terrains sont très rares, indique le LaSallois de longue date. Il faut des projets innovateurs si on veut accueillir une nouvelle population. Les jeunes cherchent un environnement plus vert, plus actif. C'est merveilleux de penser qu'on aura un quartier avec sa propre personnalité, différente de ce qu'on a connu à LaSalle jusqu'à maintenant.»