Impossible de la rater. La nouvelle maison de l'architecte Henri Cleinge est un imposant «bloc» de béton armé. Aucune fioriture. Zéro ornement. Le béton constitue l'essentiel du revêtement. Seules les traces des tirants et des panneaux du coffrage viennent rythmer la surface du matériau.

«Utilisé depuis des milliers d'années, je me suis demandé comment pourrais-je exploiter le béton à Montréal, en 2010», confie-t-il.

Dans le même esprit, la maison Coloniale, de l'architecte Jacques Rousseau, dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, est elle aussi composée de béton. «Une oeuvre réussie», note Henri Cleinge.

Boudé ou camouflé derrière un crépi, ce matériau possède néanmoins plusieurs qualités, selon Henri Cleinge, un adepte des formes pures et des lignes nettes. «Il exprime naturellement la volumétrie, les espaces et l'entrée de lumière naturelle», affirme-t-il.

Pour son duplex dans le quartier Mile-Ex, un quartier montréalais au passé industriel, il a utilisé le béton, qui a été coulé sur place, et l'acier autopatiné (Corten), qui est visible notamment en façade avant. Il a également privilégié le bois. Ainsi, l'encadrement des fenêtres est en sipo, une essence africaine.

Photo: Marco Campanozzi, collaboration spéciale

À l'intérieur, la présence du cèdre rouge de l'ouest «réchauffe» le béton. Notez: le plafond atteint 6,1 m (20) pi de hauteur et le puits de lumière possède une longueur d'environ 5,8 m (19 pi).

À l'intérieur, les murs sont également en béton, mais les plafonds sont bardés de lames de cèdre rouge de l'ouest du Canada. Le contraste entre les deux matériaux est saisissant et, surtout, l'effet «bunker» et froid du béton est adouci. Certains diront que sa beauté est ainsi révélée.

«Oui, c'est possible d'instaurer une ambiance chaleureuse dans une maison de béton en intégrant du bois», assure le propriétaire.

Ce dernier a toutefois dû faire appel à un expert, afin d'obtenir un coffrage de type institutionnel. Autre défi technique: l'isolant en polystyrène devait être inséré entre les murs de béton intérieurs et extérieurs.

Photo: Marco Campanozzi, collaboration spéciale

«Ce type de construction exige beaucoup de minutie, il faut que tout soit d'équerre et de niveau», insiste Luc Baillargeon, vice-président des Entreprises Jean Baillargeon, une entreprise de coffrage de béton, située à Sherbrooke. Le spécialiste explique qu'il a d'abord échafaudé le coffrage avec des panneaux de contreplaqué de 2,4 m sur 0,6 m (8 pi sur 2 pi). Les tirants, ces tiges d'acier qui maintiennent les parois de l'ouvrage, ont ensuite été installés. La pose du quadrillage d'armature, l'insertion de l'isolant et la construction du second coffrage ont suivi.

«La surface du béton devait être parfaite, sans nid-de-poule, car elle est bien visible», termine Luc Baillargeon qui n'avait jamais au préalable réalisé une propriété tout en béton, mais qui avait déjà construit des maisons à structure de bois et de béton.

Photo: Marco Campanozzi, collaboration spéciale

L'architecte Henri Cleinge s'active à finir la construction de son duplex, situé au coeur du secteur Mile-Ex ou Marconi-Alexandra.