Mieux vaut une maison sans éclat qu'un logement somptueux, trouve Martin Provencher. Car elle profite à son propriétaire. Mais toutes les maisons ou les propriétés ne sont pas également profitables.

Pour s'armer contre l'inflation et accroître la «profitabilité» de son placement, voici le «palmarès» des propriétés à lorgner que propose M. Provencher dans son livre L'immobilier en 2025, investir autrement, paru dernièrement. Pourvu qu'elles soient bien situées, avec services de proximité le cas échéant et dans un milieu où l'air est bon et la vie, paisible. Puis son inventaire de celles qu'il lui paraît nécessaire d'éviter.

 

Martin Provencher, 39 ans, est conférencier, promoteur immobilier et investisseur. Il est bachelier en psychologie, avec majeure en administration, et détient une maîtrise en gestion des PME. Il est également l'auteur de Investir et réussir en immobilier (Éd. La Presse, 2009), Comment acheter ma première propriété (Éd. Transcontinental, 2004) et Comment j'ai acheté ma première maison... à 17 ans.

 

À lorgner

Résidences intergénérationnelles

Pour les ménages qui doivent s'occuper de leurs parents pendant que leurs enfants sont encore à la maison. À cette fin, certains crédits d'impôt sont accordés. Ces maisons profiteront plus particulièrement aux baby-boomers. Ce segment est prometteur.

Résidences pour aînés en perte d'autonomie

Ce sont les résidences offrant des soins et des services aux gens en perte d'autonomie qui ont le plus d'avenir. Les investisseurs devront toutefois offrir des «unités» de choix et de bon goût.

Terres à bois

Il y en a potentiellement 548 400 au Québec. L'espace y est roi. Les baby-boomers y trouvent des coins de paradis. Possibilité de mise en marché du bois, des résidus forestiers (biomasse) et de la cellulose. Sans compter les érablières qui sont également un bon support d'investissement.

Terrains résidentiels

La croissance démographique au Québec, la majoration du nombre de personnes seules et la «tendance de fond» de passer du statut de locataire à celui de propriétaire feront grimper la demande d'espaces constructibles.

Résidences écoénergétiques

Dans les 15 prochaines années tout au moins, les acheteurs d'une maison se disputeront celles qui sont écoénergétiques, à consommation énergétique zéro ou certifiées Novoclimat.

Immobilier fractionné

La valeur des propriétés, au pays, augmentera de façon telle que des acheteurs se grouperont pour faire l'acquisition de propriétés somptueuses. Spécialement de résidences secondaires de grande tenue.

Les «condos»

Il s'agit d'un segment de marché «porteur». Pour les jeunes qui acquièrent leur première propriété, les personnes vivant seules, les baby-boomers qui veulent se libérer du fardeau de l'entretien d'une maison ou en faire leur pied-à-terre en ville. De même que pour les plus audacieux qui veulent en acheter un, le louer ou le revendre.

Maisons jumelées et en rangée

Bon refuge pour les propriétaires, bien qu'il ne s'agisse pas d'une opportunité de placement pour un investisseur. Des promoteurs, pour rentabiliser davantage les petits espaces, pourraient mettre en place un train de maisons adjacentes pour former des ensembles de logements en copropriété. Car les terrains, quels qu'ils soient, coûtent cher.

Maison de campagne et résidences secondaires

Demande extraordinaire pour ces logements qu'on peut occuper soi-même ou louer. Les baby-boomers ne sont plus les seuls à rechercher pareilles propriétés. Les X (jeunes gens nés entre 1965 et 1980) joignent les rangs.

 

À éviter

Les immeubles

Ce sont les immeubles d'habitations locatives élevés sur des espaces restreints. Les loyers, par contrainte étatique, suivent l'inflation, non le marché. Les logements doivent être rafraîchis chaque 15 ans, mais le coût n'est amortissable qu'en 24 ans. Un cercle vicieux. Par ailleurs, les locataires fiables ne sont plus aussi nombreux.

Les bungalows

Entre le centre-ville et la campagne. Faits pour les baby-boomers à partir des années 60. Hélas! ils n'ont pas le charme des vieilles maisons. Les personnes vieillissantes qui en sont propriétaires continueront, un temps, de les habiter. Leur valeur, constante actuellement, amorcera avant longtemps une lente décroissance. Le navire commencera à prendre l'eau.

Grandes propriétés urbaines

Ils comprennent des superficies habitables de 3000 pieds carrés et plus. Ils sont en perte de vitesse. Spécialement depuis la montée significative des prix, ces dernières années. Le coût imposant de l'énergie viendra, dans quelques années, planter le dernier clou de leur cercueil. En contrepartie, ces immeubles peuvent être convertis en résidences intergénérationnelles. L'intérêt se déplace, par contre, vers les résidences secondaires fastueuses.

Pourvoiries

Du fait du vieillissement de la population, elles sont davantage fréquentées. Une baisse est pressentie après l'effet baby-boom.

Immeubles industriels

Ils sont faits sur mesure. Offrent donc une occasion exclusive aux entreprises de construction et aux administrateurs immobiliers à qui incombent leur gestion. Des industries, situées à l'étranger, pourraient être rapatriées en raison de la «pesanteur» appréhendée des frais de transport et du moindre niveau des standards de production.

Immeubles de bureaux

Le télétravail gagnera en popularité par crainte des embouteillages et en raison de la conciliation travail-famille. Du coup, les entreprises diminueront leurs frais fixes.

Résidences pour personnes âgées autonomes

Ce n'est pas parce que la population vieillit qu'il faut plus de places dans les résidences pour personnes âgées. Ce ne va pas de soi. Les aînés qui sont «autonomes et en santé» veulent demeurer chez eux, dans leur maison ou leur appartement. C'est aussi une tendance lourde, croit Martin Provencher. D'autant qu'elles peuvent désormais compter sur un train de services de soutien à domicile. Les résidences actuelles ne passent plus la rampe. Il faudra les adapter.