C'est l'été et, le soir venu, Lucie Provost, 44 ans, a le bonheur de retrouver ses enfants, Léonie, 16 ans, et Philippe, 11 ans, sous le feuillage d'un noyer derrière leur maison, avec un verre de vin. Cela la console du cocktail covoiturage-train-bus-métro-marche qu'elle consomme quatre jours par semaine, à raison d'une heure, une heure et demie la dose...

Elle travaille dans un salon de coiffure du Mile End. Les mardis et mercredis, elle revient avec le train de 18h ou de 18h25. Ces longs transits affectent son moral, «surtout l'hiver, à la noirceur». En revanche, la première chose qu'elle voit de son lit à son réveil est le mont Saint-Hilaire et cela la rend heureuse.

 

Deux cents espèces d'oiseaux ont été répertoriées sur cette colline de la Montérégie: «C'est une banlieue qui ressemble un peu à la campagne, surtout si tu vas plus loin, vers Saint-Mathias-sur-Richelieu. Mais je ne voudrais pas que ça se construise plus que cela.»

Q- Où habitiez-vous avant?

R- À Saint-Amable, et à Sainte-Julie auparavant.

Q- Vous cherchiez une maison plus grande?

R- Oui, et un terrain avec des arbres matures, la tranquillité. Notre quartier, c'est La Pommeraie. Il y a des vergers dans le coin, et tout ce qu'on veut à pied: boucherie, boulangerie, fruiterie, pharmacie, même un fleuriste et un restaurant...

Léonie: Deux dépanneurs, une crémerie, un dentiste...

Lucie: Un vétérinaire aussi, une caisse populaire, tout ça sur le chemin Ozias-Leduc. Et tu peux mettre un «s» à «boucherie»: il y en a trois maintenant.

Q- Tout cela à distance de marche?

R- Lucie: Oui. Nous n'avons qu'une voiture. Nous aimons marcher. Il y a une navette vers le train qui passe au coin de la rue. C'était important pour nous: pas de deuxième voiture. J'ai la chance de faire du covoiturage avec mon conjoint tous les matins et deux soirs par semaine. Nous partons avant l'heure de pointe, vers 6h. On planifie une heure. On prend le pont Victoria pour aller dans le Vieux-Montréal. De là, je prends le métro. Pour revenir, je prends le train à la Gare centrale et j'en profite pour lire ou relaxer.

Q- Quelle est votre expérience avec le train de banlieue?

R- Lucie: Notre ligne n'est pas la plus touchée [par les ratés]. Parfois, il y a des retards. En général, cela se passe bien. Il faudrait que les gens l'utilisent plus. C'est une bonne idée de transport. Pour que ce soit plus stable, cela prend des équipements.

Q- Vous habitez à une heure, une heure et demie de Montréal. Des lecteurs vont se dire: «Comment font-ils?» Vous vouliez rester près de vos familles. Est-ce que le choix d'écoles a été un facteur?

R- Léonie: Oui. Je suis en concentration musique à l'école Ozias-Leduc. De Saint-Amable, c'était 45 minutes pour revenir... Là, je marche trois ou quatre minutes et je fais 10 minutes d'autobus.

Lucie: Philippe va à l'école La Pommeraie. Il marche. Cette école encourage les élèves à marcher pour aller à l'école. Philippe veut se rendre à l'école à vélo à longueur d'année.

Q- Même l'hiver, avec des crampons?

R- Lucie: Non, il n'avait pas de crampons, l'école m'a stoppée là (rires). Il était le seul qui se promenait à vélo l'année dernière...

Léonie: Dans une tempête de verglas...

Lucie: L'école m'a appelée: est-ce que vous êtes au courant que Philippe se promène encore à vélo à ce temps-ci de l'année? Bien oui, j'étais au courant. Philippe adore le vélo. Rien ne l'arrête. Là, c'est sûr qu'il y avait du verglas. Son vélo était plein de glace! Les enfants le regardaient, cela a créé un événement. Certains jours, je marche avec lui jusqu'à l'école et c'est bon pour moi aussi.