Lise Bergeron et Solange Bonneville redoutaient le jour où elles ne pourraient plus s’occuper de leurs enfants, qui ont une déficience intellectuelle. Adieu stabilité: leur fille Dominique et leur fils Luc se retrouveraient fort probablement dans une succession de familles d’accueil, où tout serait chaque fois à recommencer. Avec leurs conjoints et avec les parents, les frères et les sœurs de quatre autres personnes ayant une déficience intellectuelle, elles ont remué ciel et terre pour créer la Coopérative de solidarité Entre-Nous, dans le quartier Sainte-Rose, à Laval.

Lise Bergeron et Solange Bonneville redoutaient le jour où elles ne pourraient plus s’occuper de leurs enfants, qui ont une déficience intellectuelle. Adieu stabilité: leur fille Dominique et leur fils Luc se retrouveraient fort probablement dans une succession de familles d’accueil, où tout serait chaque fois à recommencer. Avec leurs conjoints et avec les parents, les frères et les sœurs de quatre autres personnes ayant une déficience intellectuelle, elles ont remué ciel et terre pour créer la Coopérative de solidarité Entre-Nous, dans le quartier Sainte-Rose, à Laval.




La vaste demeure a accueilli ses premiers résidants en janvier et elle est devenue, depuis, la maison d’Yves, Dominique, Luc, Viviane, Jérémy et Denise, âgés entre 22 et 51 ans. Dans l’immense maison, joliment aménagée, chacun a sa chambre avec une grande penderie et une fenêtre. Au moins une personne-ressource est toujours sur place pour veiller au bien-être de tous.




«Ce fut à la fois un déchirement et un soulagement d’aider Dominique à s’installer ici», révèle Mme Bergeron, qui ne s’était jamais séparée pour de longues périodes de sa fille de 46 ans.




«Nous ne pouvons nous empêcher de nous sentir coupables, avoue Mme Bonneville, qui laissait elle aussi son fils Luc voler de ses propres ailes pour la première fois, à 31 ans. Mais nous organisons le futur de nos enfants et nous les accompagnons pour qu’ils soient le mieux possible.»




Mme Bergeron et Mme Bonneville ont fait leur première réflexion, avec d’autres parents, en 2005. Ont suivi trois années de hauts et de bas, pendant lesquelles les familles ont préparé leur plan d’affaires, constitué la coopérative à but non lucratif (en mai 2007), identifié les six résidants et obtenu un soutien financier. Après de multiples démarches, les familles ont déniché la vaste maison l’automne dernier et concrétisé leur rêve.




«Quand je vois ma fille Viviane heureuse, je suis heureuse!» s’exclame Ginette Landry, qui s’est jointe aux autres parents en 2007.




Pendant tout leur cheminement, les familles ont été accompagnées par l’équipe du Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI) Normand-Laramée, à Laval.




«C’est un modèle en lequel je crois, indique Claude Belley, directeur général de l’organisme. Il faut redonner du pouvoir aux personnes qui ont une déficience intellectuelle et à leurs proches. Ce type de partenariat avec les résidants, qui deviennent sociétaires, et leur famille est très intéressant. Comme une coopérative ne peut être vendue ni fermée, la pérennité du projet est assurée. C’est aux proches de prévoir leur relève et non aux résidants de déménager lorsqu’un changement se produit.»




En se retroussant les manches, les familles ont entièrement rénové la maison. En quelques mois, elles ont réussi à créer un véritable milieu de vie. Le Centre de réadaptation, de son côté, a mis en place un plan d’intervention et offre un soutien à la maisonnée.




«Je ne connais aucune autre coopérative du genre, souligne Neil McNeil, directeur du développement à la Fédération des coopératives d’habitation intermunicipale du Montréal métropolitain. Je suis impressionné par les efforts fournis par les proches pour investir dans une coopérative, aller chercher du financement, dénicher une maison et la rénover, en mettant autant la main à la pâte. Nous allons essayer d’intégrer le projet dans le cadre du programme AccèsLogis Québec. Je pense que cela va faire des petits!»




Pour concrétiser leur rêve, les six familles ont notamment obtenu un don de 100 000$ de la Fondation québécoise de la déficience intellectuelle, un prêt sans intérêt de 50 000$ de la Fondation Alhambra International, un don de 10 000$ de la Fondation Alhambra Québec (pour l’achat de meubles) et un premier versement de 20 000$ (sur un total de 60 000$) de Couche-Tard.