Alors que la construction et la revente de logements en copropriété dans la région de Québec décélèrent, trois promoteurs mettent quand même en oeuvre des projets audacieux de 76, 72 et 24 condos de choix. Ils trouvent qu'en raison de leur qualité, de leur localisation et des taux d'intérêt hypothécaires très bas, ils peuvent «battre» la récession et persuader les acheteurs qui ont «plus d'argent que de dettes».

Alors que la construction et la revente de logements en copropriété dans la région de Québec décélèrent, trois promoteurs mettent quand même en oeuvre des projets audacieux de 76, 72 et 24 condos de choix. Ils trouvent qu'en raison de leur qualité, de leur localisation et des taux d'intérêt hypothécaires très bas, ils peuvent «battre» la récession et persuader les acheteurs qui ont «plus d'argent que de dettes».

 «Dans notre projet, le pied droit presse l'accélérateur, mais le pied gauche met légèrement les freins. C'est pourquoi, en août, nous nous satisferons de mettre en chantier le premier de deux pavillons de trois étages, chacun comprenant 38 logements», pondère Christian Fortier, copropriétaire de l'ensemble immobilier Le marchand général de Saint-Henri.

 «Nous sommes prudents, c'est sûr. Cependant, il ne faut pas se laisser anéantir par les replis de l'économie», se défend-il.

 D'un autre côté, il est d'avis que le marché immobilier, dans la région de Québec, est encore vigoureux. Tandis qu'il est sûr que Le marchand général s'accordera aux besoins des acheteurs qui amorcent leur passage à la retraite et qui devraient venir notamment des régions de Bellechasse et de la Beauce. Aussi bien que de Saint-Henri, tout en exerçant une attraction sur Lévis.

 En revanche, un fort contingent des 5000 employés de Desjardins habitent la Rive-Nord. Plusieurs, d'après lui, sont fatigués de leurs déplacements quotidiens, pare-chocs à pare-chocs. «Quelques-uns y verront une opportunité de se rapprocher, ne serait-ce que pour sortir de l'enfer des ponts», croit-il.

 «De plus, les taux d'intérêt n'ont jamais été aussi bas», plaide M. Fortier. Dernièrement, par exemple, à la suite de la décision de la Banque du Canada d'abaisser son taux directeur de 0,25 %, à 0,25 %, on pouvait financer un prêt hypothécaire fixe sur cinq ans à un taux de moins de 4 % ou de 3,05 % à taux variable fermé, sur cinq ans également.

 Enfin, comme si ce n'était pas suffisant, la municipalité de Saint-Henri accorde un crédit régressif de taxes sur une période de quatre ans aux acheteurs. Il est de 80 % la première année. Prix des logements : de 159 000 $ à 279 000 $.

Haute-ville

 Geneviève Marcon est copropriétaire et coadministratrice de la société immobilière GM Développement, qui a mis en chantier, il y a deux mois, 72 logements en copropriété sur la colline parlementaire, rue Saint-Amable. Ce sont Les Cours de l'Amérique française.

 «Sur un pareil site et dans un immeuble aussi fiable que celui de l'ancienne résidence Sainte-Geneviève des Soeurs du Bon-Pasteur, et entretenu avec soin par ces dernières, il s'agit d'un placement sûr qui transcende la récession. Il l'est à plus forte raison que, si on avait à en construire un identique, ça coûterait une fortune», détaille Mme Marcon.

 Par ailleurs, soutient-elle, de nombreuses personnes ont investi à fonds perdus en Bourse, ces dernières années. Plusieurs ne le prennent pas et sont enclins à mettre une partie, sinon l'essentiel de leur avoir résiduel dans un logement de qualité.

 Pour le moment, l'appréciation du prix des propriétés résidentielles est plutôt basse. Mais elle est persuadée que les propriétaires ne perdront rien pour attendre. «On sait que ça va remonter», juge-t-elle tout en réitérant sa conviction que l'immobilier, en période de récession, est une valeur refuge.

 Elle croit aussi que le marché immobilier dans la région de Québec, bien qu'en décélération*, reste important. Cependant que la ville de Québec semble sortir des rangs. Car, en janvier et en février seulement, elle a délivré 165 permis de construction résidentielle, pour une valeur de 23 millions $. Contre 125 et 23 millions $, les mêmes mois de 2008.

 Aux Cours de l'Amérique française, les logements sont en général soldés de 169 000 $ à 335 000 $. Sur les 72, près de 60 ont été, jusqu'à présent, vendus. Mme Marcon concède toutefois que les ventes ont débuté avant que n'arrive la crise financière.

 Sainte-Catherine- de-la-Jacques-Cartier

 Septuagénaire énergique, Richard Cantin est un homme d'affaires natif de Fossambault. Il vient de commencer la construction de 24 logements en copropriété, répartis en quatre pavillons, à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier. Ce sont Les Murmures d'Éloïse, en l'honneur de sa petite-fille de sept ans qu'il trouve «courageuse et rayonnante».

 «Trois au moins ont trouvé preneurs. Pourtant, les ventes ne viennent que de commencer», précise-t-il. Lui-même et sa femme Carolle auront le leur et y habiteront.

 Selon lui, il n'y a pas grand-chose, dans la localité, qui se construit et ne se vende pas. «Quant à la récession, on ne la sent pas vraiment. En outre, une hausse de 21 % de la population de Sainte-Catherine est prévue d'ici les trois prochaines années», continue-t-il.

 Encore que la prudence soit de mise en ces jours de morosité économique. «Nous ne mettons en chantier que deux pavillons, pour le moment», précise-t-il. Quoiqu'il pense que des militaires de haut rang, nouveaux arrivants à la base de Valcartier, pourraient être séduits par Les Murmures d'Éloïse et ses logements, dont le prix varie de 154 900 $ à 179 000 $.

 _______________________

* Selon les dernières données de la SCHL, la construction de logements en copropriété a décru de 48 % en janvier, février et mars, dans la région métropolitaine de Québec. De son côté, la Chambre immobilière de Québec note une diminution de 5 % des ventes de pareils logements, en mars. Ce, en comparaison des mêmes mois de 2008.

 

Photo Patrice Laroche, Le Soleil

La cour intérieure des Cours de l'Amérique française, immeuble de condos implanté dans l'ancienne résidence Sainte-Geneviève des Soeurs du Bon-Pasteur.