En 2008, beaucoup de maisons sont encore construites en faisant fi du développement durable et de l'efficacité énergétique. Faut-il imposer une réglementation stricte? Oui, ont insisté certains des participants à la table ronde Bâtir vert l'avenir, organisée mercredi soir à la Tohu. En temps et lieu, ont répondu d'autres.

En 2008, beaucoup de maisons sont encore construites en faisant fi du développement durable et de l'efficacité énergétique. Faut-il imposer une réglementation stricte? Oui, ont insisté certains des participants à la table ronde Bâtir vert l'avenir, organisée mercredi soir à la Tohu. En temps et lieu, ont répondu d'autres.

 >> Consultez le dossier Maison verte.

 Au coeur du débat: la révision du règlement sur l'économie d'énergie dans les nouveaux bâtiments, qui tarde à venir. Initialement prévue pour cette année, elle ne se fera pas avant 2010. Certaines mesures réglementaires pourraient toutefois être mises en vigueur dès 2009.

La nouvelle réglementation pourrait ressembler beaucoup au programme Novoclimat de l'Agence de l'efficacité énergétique du Québec, qui connaît une popularité croissante. Mais encore peu de maisons sont construites selon ses normes.

«Il est temps d'agir», a indiqué un des sept panélistes, Emmanuel Blain-Cosgrove, directeur de l'organisme Ecohabitation, qui voit à la certification des maisons selon le programme LEED for Homes, au Québec.

 Dans un contexte où les prix les plus bas guident la plupart des décisions d'achat, les entrepreneurs qui construisent des maisons à haute performance énergétique, qui coûtent un peu plus cher que les maisons traditionnelles, sont désavantagés, a déploré Robert Deschamps, président de Constructions Sodero, qui s'apprête (enfin) à construire la maison Abondance, dans le cadre du concours EQuilibrium, de la SCHL.

 «Une réglementation plus stricte est un des seuls moyens de hausser la qualité de la construction», estime-t-il.

 La réglementation est désuète et il y a beaucoup de rattrapage à faire, a admis sans ambages Mario Canuel, responsable de la réglementation du bâtiment à l'Agence de l'efficacité énergétique. Mais selon lui, il n'est pas encore temps d'y apporter des changements. L'industrie doit être davantage formée. Les normes de construction, de plus, doivent être uniformisées à l'échelle du Québec. Elles varient en effet d'une municipalité à l'autre en ce qui a trait, notamment, à la construction des maisons unifamiliales.

 «Une nouvelle réglementation ne peut être imposée d'en haut, a expliqué M. Canuel à la centaine de personnes qui assistaient à l'événement. C'est plutôt l'aboutissement des efforts réalisés pour changer les façons de faire. Quand les pratiques ont suffisamment évolué, la réglementation vient cristalliser les changements pour s'assurer qu'il n'y a pas de retour en arrière.»

 Le nouveau code doit être assez souple pour permettre l'innovation et l'utilisation de matériaux intéressants pour le développement durable, a souligné l'architecte Vouli Manfredis, du Studio MMA, spécialisée dans l'architecture verte.

 Mais il faut aussi changer les façons de faire pour encourager une compétition saine, a-t-elle précisé. «Lors de l'octroi des contrats, il ne faudrait pas sélectionner le plus bas soumissionnaire.»

 La construction durable n'est pas une des principales préocuppations de l'industrie, a indiqué de son côté Daniel Gilbert, président de la Régie du bâtiment du Québec, en faisant référence à des études menées récemment par son organisme.

 Serait-ce une histoire de génération, a demandé Emmanuel Blain-Cosgrove, qui célèbre aujourd'hui ses 33 ans. «Il y a la vieille garde qui résiste un peu et les jeunes qui veulent des maisons écologiques et saines!», a-t-il fait remarquer.

Le débat est lancé. Il se poursuivra à Québec le 11 novembre, à l'Université Laval. L'organisme Image Ecoterre, qui organise les tables rondes Bâtir vert l'avenir, a l'intention de répéter l'expérience à Victoriaville, Sherbrooke et Trois-Rivières, l'an prochain.

 

Pour en savoir plus: www.imageecoterre.com