La couche d'ozone, les émissions de gaz à effet de serre, le protocole de Kyoto ou simplement l'idée de ménager l'environnement ne nous poussent guère vers des maisons, matériaux et équipements mécaniques écolos. À moins qu'ils ne soient à prix abordables et ne donnent lieu, du même élan, à de bonnes économies d'énergie.

La couche d'ozone, les émissions de gaz à effet de serre, le protocole de Kyoto ou simplement l'idée de ménager l'environnement ne nous poussent guère vers des maisons, matériaux et équipements mécaniques écolos. À moins qu'ils ne soient à prix abordables et ne donnent lieu, du même élan, à de bonnes économies d'énergie.

 «C'est une question d'argent, plus que d'éthique peut-être», croit personnellement le président et directeur général de l'Association des marchands de matériaux du Québec (ADMACQ), Donald O'Hara.

 Dans les hyperquincailleries, les gens n'en sont pas encore à réclamer des bois d'ingénierie joints au moyen de colles sans phénol ni du bois d'oeuvre provenant de forêts exploitées écologiquement et certifiées comme telles.

 Ils comprennent, cependant, que le bois, d'où qu'il vienne, est renouvelable et sain, que les copeaux dont sont faits les panneaux sont de récupération. C'est déjà ça de pris.

 Sondage

 Un sondage sur la disposition des Canadiens à se mettre au vert, effectué cet automne par Ipsos Reid pour le compte de TD Canada Trust, révèle que 73 % des propriétaires ou aspirants acheteurs sont prêts à payer 10 % de plus pour acheter une résidence «aménagée de manière à respecter l'environnement». La proportion montant à 85 % chez ceux qui envisagent d'acheter dans les deux prochaines années.

 Tout ça est une expression de bonne intention, dit le président de Construction Habco de Québec, Yves Fiset. Enthousiasme de bon aloi, estime, de son côté, Jean Aubé, pdg de la société de courtage immobilier Aubé et Associés de Québec.

 M. Fiset fait profession de construire uniquement des maisons Novoclimat, concept ayant pour corollaires une qualité de l'air remarquable, un grand bien-être corporel et une économie d'énergie pouvant atteindre 36 %.

 «Ce qui équivaut à au moins une maison neuve conventionnelle sur trois sans frais aucun de chauffage et de climatisation. Ce qui n'est pas banal», soutient M. Fiset.

 Malgré les économies «promises», celui-ci est certain que l'acheteur d'une maison valant 200 000 $ n'accepterait jamais de payer 20 000 $ ou 10 % de plus pour que sa maison soit Novoclimat.

 «Il se limiterait plutôt à 8000 $, mais avec la subvention afférente de 2000 $ de Hydro-Québec. Ce qui ramènerait son effort à 6000 $», croit l'entrepreneur en construction.

 Il admet toutefois que les toilettes à faible débit et les électroménagers homologués EnergyStar procèdent d'un choix de consommation éco-énergique cependant que les acheteurs d'une maison neuve ne se tracassent pas de ce que deviendront les déchets de construction de leur résidence.

 «L'idée que les plastiques d'emballage, les rebuts de bois, de métal ou de gypse iront au dépotoir commence à me tourmenter», confie M. Fiset.

 Faire plaisir à Kyoto

 Jean Aubé, de son côté, note que, dans la région de Québec tout au moins, il n'y a pas de course aux maisons «vertes» existantes. «Vraiment, ce n'est pas un critère de recherche», tranche-t-il.

 Mais qu'une propriété intéresse un aspirant acheteur et qu'il s'aperçoive qu'elle est de cette mouture, il n'ira pas s'en plaindre. Il est vraisemblable, cependant, qu'il hâte sa décision.

 «Si la maison est Novoclimat. Il s'en félicitera. Cela lui suggérera l'idée d'un constructeur consciencieux, à l'origine. À la limite, il pourrait même accepter de la payer un peu plus cher», continue le courtier immobilier. Encore qu'il est clair qu'il ne signera pas sa promesse d'achat «pour faire plaisir à Kyoto».

 Avant-Garde

 À l'atelier Avant-Garde de Québec, spécialisé dans les projets de rénovation et d'agrandissement, on constate que la fibre écologique des gens se résume aux économies d'énergie envisagées. Ce qui n'est toutefois pas le moindre des premiers pas.

 «Pas plus de 3 % des gens que nous servons ont une sensibilité engagée et active pour l'environnement. Mais d'autres qui réclameraient un plancher de fois et des matériaux sans colle phénol le feraient surtout pour une question de santé», trouve-t-on chez Avant-Garde.

 Enfin, lorsqu'on rénove un immeuble de 40 ans, par exemple, on en profite souvent pour améliorer l'isolation. L'effet, bien qu'on n'y réfléchisse pas toujours, est éco-énergique et contribue, à première vue, à la diminution des gaz à effet de serre.

 Sondage Ipsos Reid/TD Canada

 > 73 % des propriétaires ou futurs acheteurs sondés sont prêts à payer 10 % de plus pour une maison respectueuse de l'environnement.

 > 37 % des gens prêts à payer plus cher, disent qu'ils accepteraient de le faire expressément pour ménager l'environnement et pour réduire les émissions de GES.

 > 67 % déclarent que «les économies d'énergie futures sont un important facteur qui les ferait pencher pour des aménagements écologiques».

  Méthodologie

  Le sondage a été effectué, en octobre, dans l'ensemble du pays, auprès de 1001 propriétaires d'une maison ou qui ont l'intention d'en acquérir une à court ou moyen terme. Par ailleurs, TD Canada Trust, dans la logique du sondage, propose un prêt hypothécaire vert, pour maisons neuves et rénovations écologiques. Il est à taux fixe sur cinq ans, à 1 % sous celui affiché. Sans compter une ristourne en argent comptant sur les appareils, améliorations et rénovations admissibles. Outre un don de 100 $ de la Fondation TD des Amis de l'environnement.