Chaque année, plus de 400 000 tonnes de déchets issus de la construction prennent le chemin du dépotoir au Québec. D'après Statistique Canada, ce sont près de trois millions de tonnes de matériaux qui sont annuellement jetés à la poubelle dans tout le pays.

Chaque année, plus de 400 000 tonnes de déchets issus de la construction prennent le chemin du dépotoir au Québec. D'après Statistique Canada, ce sont près de trois millions de tonnes de matériaux qui sont annuellement jetés à la poubelle dans tout le pays.

 Voilà entre autres pourquoi les écologistes militent pour l'utilisation de produits durables et recyclables, comme le bois, la pierre et le métal. Quand ces deux conditions sont réunies, les composantes d'une maison ne sont pratiquement jamais remplacées. Advenant ce dernier cas, elles peuvent connaître une seconde vie.

 Sur le terrain, Mathieu Caron, consultant pour l'organisme à but non lucratif Écobâtiment, constate que, généralement, le message passe. Quand ça achoppe, croit-il, c'est souvent parce que les travailleurs sur les chantiers ne sont tout simplement pas informés. «Si l'ouvrier qui installe de l'isolant savait que dans sa carrière, il peut avoir un impact plus grand sur l'environnement que la plupart des politiciens, il serait heureux de changer ses méthodes et les produits avec lesquels il travaille», illustre le consultant. D'après lui, une courte formation obligatoire de la main-d'oeuvre québécoise contribuerait à améliorer la durabilité et l'efficacité énergétique des maisons d'ici.

 Parce que les ouvriers ont du pain sur la planche: d'ici 2015, le Conseil canadien du bâtiment durable estime qu'un million de maisons se qualifieront au programme de certification écologique LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) for homes.

 Et l'argent?

 Louis-Martin Guénette, consultant pour Forensic Building, à Portland, en Oregon, constate que les consommateurs comprennent l'importance de l'habitation verte.

 «Maintenant, il faut appuyer ce désir de prendre le pari de la durabilité, croit-il. Les propriétaires ne sont pas inconscients. Ils veulent acheter des matériaux écologiques et se soucient de l'efficacité énergétique de leur maison. Par contre, ils ne peuvent pas toujours en assumer les coûts. C'est là que les gouvernements doivent agir.»

 Il cite en exemple les efforts de Portland pour verdir la construction. La Ville offre des prêts à bas taux d'intérêt aux propriétaires prenant le virage vert et l'État les encourage aussi en leur donnant un crédit d'impôt s'ils se procurent différents produits écologiques (panneaux solaires, système géothermique, appareils électroménagers à faible consommation d'énergie). «Et ça fonctionne, soutient M. Guénette. À Portland, plus personne n'est impressionné par une maison certifiée LEED (Leadership in Energy and Environmental Design)!»

 «Évidemment, le choix de consommer revient d'abord à chaque citoyen, mais le gouvernement a le devoir de nous aider à comprendre ce qui est bon pour nous, collectivement, ajoute Daniel Smith, président de la section québécoise du Conseil du bâtiment durable du Canada. Des incitatifs financiers plus intéressants que ceux qu'offrent déjà Hydro-Québec et Gaz Metropolitain devraient faire partie de cette stratégie.»