Le secteur immobilier n'en finit pas de s'enfoncer dans la crise aux États-Unis, les turbulences financières de l'été faisant plonger les ventes de maisons existantes et ravivant les craintes de dépression de l'économie.

Le secteur immobilier n'en finit pas de s'enfoncer dans la crise aux États-Unis, les turbulences financières de l'été faisant plonger les ventes de maisons existantes et ravivant les craintes de dépression de l'économie.

 

Les reventes de logements ont baissé de 8% en septembre par rapport à août, à 5,04 millions d'unités (en rythme annuel), a annoncé hier le groupement national des agents immobiliers (NAR).

 

C'est une grosse déception pour les analystes qui tablaient sur 5,25 millions de logements revendus. C'est aussi le rythme le plus faible enregistré depuis 1999, date à laquelle la NAR a commencé à compiler ses chiffres dans leur présentation actuelle.

 

Sur un an, les reventes de logements ont plongé de 19,1%.

 

Tout cela «ravive l'idée que le marché immobilier est encore loin d'avoir touché le fond», a estimé Peter Cardillo, analyste d'Avalon Partners.

 

Un mauvais rapport était attendu, notamment après l'annonce la semaine dernière d'une chute de 10% des mises en chantier en septembre. Mais l'ampleur de la baisse donne une nouvelle illustration de la durée de la crise du secteur, qui semblait devoir rebondir avant l'été mais s'est retrouvé plombé par la crise financière qui a débuté en août.

 

«La crise du crédit a eu un fort impact, qui a artificiellement retiré des ventes en septembre», a estimé Lawrence Yun, chef économiste de la NAR.

 

Du fait du durcissement des conditions d'attribution de prêts, de nombreux acquéreurs potentiels ne peuvent plus prétendre à devenir propriétaires et certains doivent renoncer au logement pour lequel ils avaient pourtant signé une promesse d'achat.

 

Et les emprunteurs présentant le bon profil «ont aussi toutes les raisons d'attendre, dans l'espoir que l'offre augmente ou que les prix baissent», note Stephen Gallagher de la Société Générale.

 

La baisse de la demande pèse déjà sur les prix: le prix médian a diminué de 4,2% en septembre par rapport à septembre 2006 et s'établissait à 211 700 dollars.

 

Du côté des stocks, il faudrait 10,5 mois pour écouler les logements sur le marché au rythme des ventes de septembre.

 

«Cette offre excessive laisse penser que l'ajustement des ventes n'est pas terminé et que les prix vont continuer à baisser», estime Marie-Pierre Ripert de Natixis.

«L'immobilier va continuer à peser sur la croissance», souligne-t-elle, en révisant à 1,7% seulement sa prévision pour 2008 contre 2,1% précédemment.

Le risque est que la crise de l'immobilier, en faisant baisser la richesse des ménages - voire en les privant de leur logement - ne finisse par affecter la consommation. Or la consommation est le principal moteur de la croissance américaine.

 

Le secrétaire au Trésor Henry Paulson, convaincu de l'ampleur du danger, n'hésite plus à dire maintenant que l'immobilier est devenu le risque numéro un pour la croissance américaine.

 

Ces mauvaises nouvelles devraient être suivies très attentivement par la banque centrale (Fed), qui se réunit les 30 et 31 octobre pour réexaminer le niveau de son taux directeur.

 

Pour empêcher que la crise financière ne contamine le reste de l'économie, la Fed avait déjà baissé d'un demi-point en septembre son taux à 4,75%, et les analystes sont de plus en plus nombreux à tabler sur un nouvel assouplissement. 

 

Après les piteux chiffres d'hier, «les chances de voir la Fed procéder de nouveau à une forte baisse la semaine prochaine ont nettement augmenté», estime Sal Guatieri de BMO Capital Markets.