Les travaux ont repris à Bolton-Ouest, où Alexandre Thibodeau et Marie-Ève Cloutier érigent leur maison verte. Le couple, leurs amis et plusieurs professionnels mettent aujourd'hui les bouchées doubles pour rendre le bâtiment habitable à l'automne. Mon toit suit l'évolution du chantier depuis le début, et lors de notre dernier passage, nous nous sommes intéressés au toit vert. S'il s'avère un atout pour cette maison écologique, il ne convient cependant pas à toutes les résidences.

Les travaux ont repris à Bolton-Ouest, où Alexandre Thibodeau et Marie-Ève Cloutier érigent leur maison verte. Le couple, leurs amis et plusieurs professionnels mettent aujourd'hui les bouchées doubles pour rendre le bâtiment habitable à l'automne. Mon toit suit l'évolution du chantier depuis le début, et lors de notre dernier passage, nous nous sommes intéressés au toit vert. S'il s'avère un atout pour cette maison écologique, il ne convient cependant pas à toutes les résidences.

 La maison verte dont rêvent Alexandre Thibodeau et sa famille depuis des années prend forme. Elle a des murs, des planchers et un toit. Ce toit sera sous peu rempli de terreau et garni de végétaux. Du haut des airs, il sera difficile de distinguer qu'une nouvelle maison a poussé entre les arbres des Cantons-de-l'Est.

 La verdure ne manque pas autour du bâtiment. Léopol, trois ans, trotte derrière sa future maison, dans une véritable forêt. Une fois le chantier terminé, les animaux sauvages oseront sûrement s'y pointer encore.

 Alors pourquoi un toit vert au milieu des bois? «Parce que, même en forêt, le soleil réchauffe la maison, explique le stagiaire en architecture. Une des qualités du toit vert est de refroidir naturellement la maison pendant l'été.»

 En transpirant, les plantes dégagent une certaine fraîcheur, même par temps caniculaire. Alexandre, Marie-Ève et leurs enfants en profiteront, surtout qu'un des toits verts de la maison sera accessible par la chambre principale, comme terrasse.

 En utilisant une membrane liquide, le futur propriétaire s'assure aussi de pouvoir marcher sur son toit même l'hiver. Ce produit, qui se solidifie après l'application sur le toit, contient plus d'élastomère que des produits conventionnels, qui résistent mal aux chocs par temps froid.

 La végétation protégera cette membrane. «Ce qui fait vieillir une membrane d'étanchéité ce sont les variations de température, explique Xavier Laplace, président des Toits Vertige, une entreprise spécialisée en toitures vertes. Nous savons que la surface d'un toit conventionnel atteint jusqu'à 70°C le jour en plein soleil. La nuit, elle peut descendre en bas de 20 degrés. C'est un écart de plus de 50°C! Le toit vert régularise la température de la membrane, et améliore sa durabilité.»

 La crainte de l'érosion a aussi poussé Alexandre Thibodeau à opter pour un toit végétal. Le terrain montagneux sur lequel repose sa maison pourrait souffrir d'un rejet concentré d'eaux de pluie. Le toit vert servira donc à absorber une grande partie de cette eau.

 D'après Environnement Canada, les jardins suspendus retiennent 70 à 100% des précipitations qui s'abattent sur les toits en été. L'hiver, cette absorption est d'environ 50%.

Pour tous?

 L'installation d'un toit vert se planifie idéalement dès la construction d'un bâtiment. Un ingénieur s'assure alors que la maison puisse supporter la charge supplémentaire. D'après Toits Vertige, le coût de base varie entre 15 et 35$ le pieds carré pour l'installation de végétaux en hauteur.

 Pour les propriétaires d'une maison ou d'un édifice existant, l'expérience se complique. Après avoir déboursé plusieurs centaines de dollars pour obtenir l'avis d'un ingénieur, il leur faudra le plus souvent effectuer des travaux pour renforcer la structure de leur immeuble, fait remarquer Xavier Laplace.

 Ces correctifs font grimper la facture à environ 50$ le pied carré. Pour un toit vert de 1000 pieds carrés sur un triplex, la note s'élève donc à 50 000$. L'équivalent d'une cuisine et d'une salle de bains neuves.

 Pour les édifices dont la capacité portante permettrait presque l'installation d'un toit vert conventionnel, Toits Vertige a une solution. L'entreprise propose depuis peu un tapis de sedum, une plante résistante qui pousse sur les rochers. D'une épaisseur de seulement un pouce, ce produit survit aux hivers, et ne pèse que 12 livres au pieds carré lorsqu'il est saturé en eau.

 Ce système de Xero-Floor absorbe moins d'eau, mais a tout de même des propriétés rafraîchissantes.

 Pour suivre le chantier: www.maisonleed.ca

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Photo Rémi Lemée, La Presse