Deux ans après le lancement du projet-pilote LEED for homes par le Conseil du bâtiment durable des États-Unis, le Canada entend développer sa propre version du système. Quelque part en 2008, les Canadiens pourront se procurer une grille d'évaluation adaptée à notre climat. Mieux, le document sera offert en français.

Deux ans après le lancement du projet-pilote LEED for homes par le Conseil du bâtiment durable des États-Unis, le Canada entend développer sa propre version du système. Quelque part en 2008, les Canadiens pourront se procurer une grille d'évaluation adaptée à notre climat. Mieux, le document sera offert en français.

 L'an dernier encore, le Conseil du bâtiment durable du Canada affirmait préférer mettre l'accent sur la construction institutionnelle et commerciale. L'organisme change toutefois son fusil d'épaule et répond aux demandes pressantes des propriétaires d'ici.

Bien placé pour évaluer le système, Emmanuel Blain-Cosgrove fait partie du comité chargé d'adapter le programme. Plusieurs experts de l'habitation verte au Canada et lui se sont réunis une première fois la semaine dernière à Toronto pour jeter les bases du LEED for homes canadien.

 «Les différences sont tout de même assez minces entre le Canada et les États-Unis au chapitre de la construction, explique-t-il. Nous allons boucher quelques trous dans la grille, mais au final, les deux versions seront similaires. Et en plus, comme le Conseil du bâtiment traduit systématiquement tous ses documents, nous pourrons travailler aussi en français.»

Autoconstructeur en voie d'habiter une maison certifiée LEED, Alexandre Thibodeau se réjouit d'apprendre cette décision du Conseil canadien. Pionnier, il a été le premier propriétaire canadien à s'inscrire au programme américain. Un inspecteur doit venir du Vermont pour évaluer sa maison des Cantons-de-l'Est.

 «Il s'agit d'une nouvelle très importante pour le rayonnement de cette norme, croit-il. Si les Québécois peuvent se procurer un document clair, conçu pour eux, et en français en plus, ils s'intéresseront naturellement davantage l'habitation verte. LEED, c'est comme un mode d'emploi: difficile de faire plus simple.»

Le Conseil du bâtiment durable n'a pas encore fixé le prix que coûtera l'inscription au programme LEED, mais tout indique que les propriétaires devront débourser environ 1000$. Ce somme inclura l'inscription, deux visites d'un inspecteur (avant la fermeture des murs et une fois la maison complétée) et l'évaluation du dossier. La grille, elle, sera disponible gratuitement sur internet.

 «Il ne faut pas oublier que la plupart des professionnels qui oeuvrent pour le Conseil du bâtiment durable du Canada le font à titre bénévole, ajoute Emmanuel Blain-Cosgrove. Allonger environ 1000$, c'est vraiment très peu cher pour tout le travail qu'ils font.»

Pour avoir une maison LEED, les propriétaires pourront donc se fier à la grille d'évaluation et diriger eux-mêmes le chantier, ou encore embaucher un professionnel accrédité LEED (constructeur, architecte, designer,...) pour les éclairer à un moment ou l'autre de la construction.

 «Ça peut parfois être très compliqué de construire LEED, affirme Daniel Smith, architecte pour Smith Vigeant architectes et vice-président de la section québécoise du Conseil du bâtiment durable du Canada. Des villes de banlieue, par exemple, prédéterminent une orientation géographique des maisons qui n'a rien à voir avec l'efficacité énergétique. Parfois il est impossible de construire un toit plat pour en faire un espace vert. Plus la certification LEED sera connue, mieux c'est: les municipalités adouciront peut-être certaines règles.»

Qu'est-ce que LEED ?

 Parmi tous les programmes de certification écologique, LEED est celui qui s'impose en Amérique du Nord, et de plus en plus partout dans le monde. Le label Leadership in Energy and Environmental Design appartient au Conseil du bâtiment durable des États-Unis et à sa branche canadienne. Il a d'abord séduit les institutions et les entreprises, mais il obtient maintenant un succès grandissant auprès du grand public.

Pour obtenir une certification LEED, il faut construire un bâtiment en fonction d'une grille d'évaluation. Les critères vont de l'emplacement de l'édifice (moins les occupants doivent utiliser la voiture, mieux c'est) à l'efficacité énergétique, en passant par la provenance des matériaux (l'industrie locale est privilégiée).

 Plus un constructeur se conforme à ces critères, meilleure sera sa note finale. Au bout du compte, cinq scénarios sont possibles: la reconnaissance peut être refusée, faute de points, ou le bâtiment se voit remettre une certification simple, argent, or ou platine.

Le label LEED n'est pas l'unique façon de construire vert. Il vient seulement prouver que le bâtiment surpasse les normes de base en habitation.