Juste assez grande pour répondre aux besoins de ses occupants, munie de murs végétaux, coiffée de panneaux solaires et thermiques, capable de fermer toute seule les rideaux durant une canicule : la maison que concocte la soixantaine d'étudiants montréalais pour le Décathlon solaire de Washington surprend. Au cours des prochaines semaines, elle passera du papier à la réalité.

Juste assez grande pour répondre aux besoins de ses occupants, munie de murs végétaux, coiffée de panneaux solaires et thermiques, capable de fermer toute seule les rideaux durant une canicule : la maison que concocte la soixantaine d'étudiants montréalais pour le Décathlon solaire de Washington surprend. Au cours des prochaines semaines, elle passera du papier à la réalité.

 Composée d'élèves de l'Université de Montréal et de l'Université McGill ainsi que de l'École de technologie supérieure, Équipe Montréal planche sur une maison solaire depuis plus d'un an. Elle la présentera en octobre prochain à Washington, dans un village éphémère composé de 19 autres habitations entièrement alimentées par l'énergie solaire.

 Le groupe a reçu l'an dernier 100 000 $ US pour l'aider à mener son projet. Ces fonds sont accordés par le département américain de l'Énergie, à l'origine du Décathlon solaire. Le concours vise à mettre à profit les idées des jeunes des États-Unis, du Canada et d'Europe pour arriver à construire des maisons moins énergivores et plus écologiques.

 «La génération de professionnels de l'habitation qui se prépare actuellement est prête à relever les défis environnementaux, croit Laurianne Deslauriers, étudiante en architecture et vice-présidente d'Équipe Montréal. Voilà pourquoi nous nous sommes lancés dans ce projet. C'est une passion.»

 Après plus d'un an à concevoir les plans de leur maison solaire, Équipe Montréal passera donc sous peu à l'étape de la construction. Elle présentera une maisonnette d'environ 800 pieds carrés, comptant une chambre à coucher, une salle de bains, une salle des machines et une aire ouverte pour la cuisine, la salle à manger et le salon.

 À l'extérieur, la petite habitation sera parée de panneaux de bois et de cubes remplis de terreau où pousseront des végétaux (un produit signé par le fabricant ontarien ELT). Enfin, les étudiants fixeront 40 panneaux solaires et deux panneaux thermiques sur le toit en pente de la maison.

 Si elle pouvait être commercialisée, cette maison coûterait environ 265 000 $, sans le terrain. Les panneaux solaires comptent pour beaucoup dans la facture en grugeant près de 30 % du budget total.

 Simuler la réalité

 Une maison comme celle-la pourrait aisément accommoder une personne célibataire ou un couple. Ainsi, nourrie à même le soleil, la télévision pourrait fonctionner en même temps que la laveuse et le four, pendant que madame se sèche les cheveux?

 «Certainement, affirme Michaël Chapman, président d'Équipe Montréal. À l'occasion du concours, la maison devra fonctionner selon le mode de vie des Américains. Par exemple, la télévision sera allumée en tout temps pendant le jour.»

 Pour le bien du Décathlon, la salle des machines de la maison comptera des batteries qui prendront la relève en cas de grisaille et la nuit tombée. Par contre, pour le Québec, Michaël Chapman soutient qu'il serait beaucoup plus écologique de se relier au réseau d'Hydro-Québec. «Les piles qui emmagasinent l'énergie deviennent tôt ou tard des déchets indésirables, explique-t-il. Le mieux est de se servir d'Hydro-Québec quand l'énergie solaire ne suffit plus, particulièrement l'hiver. L'été, on envoie les surplus au réseau en échange de crédits qu'on utilise l'hiver.»

 Au bout d'une année complète, la maison solaire d'Équipe Montréal produira autant d'énergie que ses occupants en consommeront. Un défi colossal, puisque la période de l'année où les besoins énergétiques sont les plus grands coïncide avec les jours les moins ensoleillés.

 Bien isolée et dotée de grandes fenêtres plein sud, la maison devrait toutefois accumuler naturellement assez de chaleur pour puiser un minimum d'énergie solaire. L'été, pour éviter que la maison se transforme en four, un système automatisé veillera à fermer les stores au-delà d'une certaine température.

 «Bien sûr, les occupants auront toujours le dernier mot sur l'ouverture ou non des stores, mais ils devront vivre avec les conséquences de leurs décisions. Dans ce cas, ce sera payer plus cher d'électricité pour climatiser leur intérieur, explique Laurianne Deslauriers. L'utilisation de l'énergie solaire implique encore une révision de ses habitudes de vie... ce qui n'est pas une mauvaise chose, non?»