Un couple de baby-boomers qui s'achète un condo de luxe au centre de l'île de Montréal pour profiter d'un style de vie, c'est l'image qui frappe l'imaginaire et représente l'avenir prochain des condos pour la métropole québécoise. En effet, selon les plus récentes données sur la revente, les mises en chantier et la population, tout porte à croire qu'un tel phénomène se développe au centre de l'île.

Un couple de baby-boomers qui s'achète un condo de luxe au centre de l'île de Montréal pour profiter d'un style de vie, c'est l'image qui frappe l'imaginaire et représente l'avenir prochain des condos pour la métropole québécoise. En effet, selon les plus récentes données sur la revente, les mises en chantier et la population, tout porte à croire qu'un tel phénomène se développe au centre de l'île.

Selon la dernière analyse conjointe de la Chambre immobilière du Grand Montréal et de la Société canadienne d'hypothèques et de logement, Montréal est redevenu équilibré pour les condos, mais le sud-ouest de la ville demeure vif et surtout vendeur. En effet, les inscriptions y ont diminué de 4% en 2006, alors que la revente a progressé de 18% à 820 transactions à LaSalle, Verdun et dans le reste du secteur.

À l'autre extrême, Ahuntsic est devenu un marché d'acheteurs alors que les inscriptions ont bondi de 41% et la revente a chuté de 8% à 537 transactions. Michel Beauséjour, chef de la direction de la Chambre immobilière du Grand Montréal, estime que la tendance qui se dessine comprend un changement au niveau de l'âge des copropriétaires. «Le condo a deux types de clientèles, dit M. Beauséjour. Les jeunes sans enfants sont généralement des acheteurs faisant leur entrée dans le marché immobilier. L'autre phénomène intéressant, c'est celui des baby-boomers. Il y a un brassage de générations depuis 2002 qui est loin d'être terminé.»

Selon le dirigeant de la CIGM, une tranche de la génération des boomers est à la recherche d'une vie autre que banlieusarde. «Ils sont dans une situation familiale différente de ce que nous avons observé auparavant, constate M. Beauséjour. La famille est généralement élevée et les enfants sont partis. La maison de banlieue est trop grande et ils ont de l'argent, souvent avec une hypothèque déjà payée et un fonds de pension bien garni.» En conséquence, ces boomers veulent s'acheter un condo en ville et une maison en campagne pour recevoir la famille.

Le style de vie urbain et les services à proximité les attirent. «Il y a une forte demande pour les condos de luxe, ajoute M. Beauséjour. Et le prix a moins d'impact que pour un jeune couple car les boomers ont les moyens et sont surtout à la recherche d'une nouvelle vie.» Sandra Girard, analyste principale du centre d'analyste de marché du Québec à la SCHL, nuance le point de vue mais confirme qu'un mouvement a bel et bien lieu. «Les boomers sont encore concentrés en banlieue, précise l'analyste, mais leur proportion devient plus élevée à l'Île des Soeurs et près du Vieux-Port. On peut facilement croire que ces poches de population possèdent des copropriétés haut de gamme. C'est un choix de vie mais l'ensemble des baby-boomers ne s'en vient pas au centre-ville non plus.»

«Cette tendance va se maintenir à long terme, avance Michel Beauséjour. La SCHL et nous sommes d'accord que le marché du haut de gamme est très vaste. C'est là que l'action se déroule. Mais comme c'est de plus en plus équilibré, il faut porter une attention particulière au prix demandé quand vient le temps de vendre.» Selon Sandra Girard, le recensement de 2001 permettait déjà de relever un gain de popularité du condo auprès des boomers. «Environ 44,9% des ménages détenant une copropriété étaient âgés de 55 ans et plus.»

À l'époque, le Sud-Ouest bouillonnait déjà. «C'est le premier secteur qui a bougé quand le marché a commencé à s'activer entre 1997 et 2000, dit M. Beauséjour. Et sa vigueur s'est maintenue par la suite car les nouveaux projets ont commencé à arriver. Maintenant, c'est le coin le moins susceptible d'être sensible aux prix en raison de la nature de sa clientèle, comme les baby-boomers.»

Justement, les nouveaux projets continuent d'affluer. Le centre de l'île de Montréal s'est accaparé 92% des 3997 unités de condos qui ont commencé à lever de terre en 2006, le Sud-Ouest n'ayant pas été négligé. «La plupart des gros projets se sont installés là, dans le coin de Verdun et de l'île des Soeurs, souligne Michel Beauséjour. Ça fait beaucoup d'unités disponibles en plein centre-ville.»