Des amies pour la vie.

C'est ce qu'on comprend quand on jase avec Jacqueline (Jacquie, pour les intimes) Hébert Stoneberger et Lucienne (Lucie, pour les mêmes intimes) Lefebvre Glaubinger dans leur appartement ensoleillé de la rue Saint-Denis. On sent immédiatement l'amitié profonde qui unit ces deux femmes. « On se connaît depuis 54 ans », justifient-elles à l'unisson. Même si on essaie de toutes les façons de calculer leur âge, elles ne le révéleront jamais. Par coquetterie ? Non, plutôt pour s'assurer qu'on les écoutera et qu'on les respectera peu importe leur date de naissance. Après les avoir entendues pendant quelques heures, on peut vous affirmer que Jacquie et Lucie n'ont rien à craindre. On a affaire ici à des femmes inspirantes pleines d'esprit qui connaissent tout de tout, particulièrement l'art abstrait et figuratif, qui ont parcouru la planète et qui ont chacune été mariées à des êtres d'exception. Rien de moins.

Elles se sont rencontrées à Kansas City alors qu'elles étaient en formation pour devenir « hôtesses de l'air » pour la compagnie aérienne TWA. « On était les seules Canadiennes, on s'est liées d'amitié immédiatement. » Pendant quelques années, elles ont traversé et retraversé l'Atlantique et visité les grandes villes européennes. Des souvenirs de cette période, elles en ont à la pelletée. Comme cette fois où un des collègues de Jacquie a versé une larme de brandy dans chacun des biberons des bébés qui voyageaient à bord de l'avion sans le dire aux mamans. « Il avait élevé sept enfants et m'avait assuré qu'il les avait tous réchappés. Les bébés ont dormi comme... des bébés ! Et le reste des passagers aussi. » Une autre époque...

Les deux copines se sont suivies après leur mariage. Coïncidence, les deux femmes ont épousé des Américains, des hommes d'affaires qui, dans leur domaine respectif, se sont très bien débrouillés. « Nos maris sont devenus amis et ont passé beaucoup de temps ensemble. » Les femmes, elles, étaient plus intéressées par l'esthétique des oeuvres artistiques. Jacquie a obtenu une maîtrise en histoire de l'art pendant que Lucie collectionnait les belles pièces et suivait des formations pour mieux comprendre les oeuvres muséales d'institutions qu'elle visitait ici et ailleurs. « On a toujours, toujours aimé les oeuvres d'art, cela nous rendait heureuses d'être entourées de belles créations. »

En 2007, après avoir vécu en Floride, à New York, à Plattsburgh et Dieu seul sait où, les deux amies se sont dit qu'elles devraient mettre leurs connaissances en commun. « J'avais été curatrice et professeure d'art et Lucie se retrouvait avec une vaste collection d'oeuvres. On s'est dit qu'on devrait faire la promotion d'artistes qui venaient du Canada, des États-Unis et d'Amérique latine. On a donc ouvert une galerie d'art. » Elles ont d'abord opté pour la rue Victoria à Westmount. Hélas, le loyer du local qu'elles louaient a gonflé de façon exponentielle. « On s'est rendu compte que plusieurs de nos clients venaient du Plateau Mont-Royal et qu'ils étaient sous-représentés dans leur secteur. » C'était le temps de chercher ailleurs.

Elles ont trouvé l'endroit idéal, rue Saint-Denis, tout juste à côté de la boutique Arthur Quentin et en face du restaurant L'Express, au coeur du Plateau. En plus, l'endroit offrait deux étages supérieurs plus une mezzanine pour y loger. Une solution idéale.

Photo fournie par François Baron, Via Capitale

Après 18 mois de rénovations, les deux amies ont pu enfin s'installer au-dessus de leur galerie d'art. « Nous avons chacune nos appartements. Nous avons installé deux cuisines, une pour chacune d'entre nous, deux nouvelles salles de bains, une chambre pour invités qui sert de lieu pour accueillir les artistes invités, une grande terrasse, etc. », explique Lucie, qui passe quelques jours par mois dans sa demeure montréalaise.

La maison est ancienne. Les femmes nous ont dit qu'elle avait été construite en 1875. Était-ce une maison de la bourgeoisie canadienne-française ? Sans doute, si on croit les registres de l'époque. Elle a subi plusieurs transformations au fil des ans, mais a gardé son cachet. La façade de pierres grises a été rénovée également, et les matériaux choisis, comme les rampes en fer forgé travaillé, cadrent bien avec l'allure de la maison aux lucarnes.

Depuis la mort des deux maris, les amies partagent leur temps entre leurs résidences américaines, la Montérégie, où Jacquie possède une maison, et la galerie d'art. Ça fait beaucoup. Où iront-elles une fois la maison vendue ? Elles ne le savent pas encore. Mais deux certitudes persistent : elles ne seront pas loin l'une de l'autre et il y aura des oeuvres d'art tout autour.

La propriété en bref

Prix demandé : 1 849 000 $

Année de construction : 1875 et 1966

Quadruplex avec 5 unités, 3 résidentielles et 2 commerciales. Unité principale : 5 pièces comprenant 1 chambre, 1 salle de bains, 1 foyer au bois.

Superficie totale : 4668 pi2

Superficie du terrain : 2100 pi2

Évaluation municipale : 1 122 700 $

Impôt foncier : 27 491 $

Taxe scolaire : 1896 $

Courtier : François Baron, Via Capitale Mont-Royal, 514 771-2999

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Photo fournie par François Baron, Via Capitale

L'appartement de Jacquie. Tout d'une pièce. il comprend la cuisine au fond, la salle à manger et une pièce en trait d'union le long du mur où se loge un lit escamotable.