La première fois que la petite Simone a aperçu son futur chez-soi, elle a supplié ses parents de ne pas l'acheter. « Maman, la maison est si petite que grand-maman ne pourra jamais venir nous visiter ! »

La maison, en effet, ne semblait pas très grande, même aux yeux d'une petite fille de 4 ans. Nichée entre deux impressionnantes propriétés du chemin de la Côte-Sainte-Catherine et au bout d'une allée de 140 pi, elle semblait encore plus minuscule. Mais la maman de Simone, Caroline Alder, avait très envie de cette maison, ne serait-ce qu'en raison du défi irrésistible d'en faire un chez-soi confortable et chaleureux pour sa famille.

«Quand nous l'avons achetée, il y a 10 ans, nous avons immédiatement compris que cette maison revêtait un cachet séduisant, tant par le caractère atypique et modeste de la propriété que par son échelle et l'intimité qui s'en dégageait. J'adorais l'énergie de la place», nous a écrit Mme Alder, au sujet de ses premières impressions. Intrigués par autant d'enthousiasme, nous avons accepté de visiter sa propriété.

La demeure, bâtie en 1910, est une maison de cocher, ou Carriage House, l'une des rares à avoir survécu au passage du temps. Il n'en reste que quelques-unes à Montréal. La plupart ont été construites au XIXe siècle, avant l'implantation de transports publics. Les cochers gardaient leur cheval et leur carriole à même la maison et logeaient à l'étage supérieur.

Surprise

De prime abord, la maison semble effectivement lilliputienne si on la compare à ses voisines. Mais dès qu'on a passé le seuil, cette sensation s'éclipse. C'est que Mme Alder et son conjoint, tous deux architectes, ont modifié les espaces et ont ajouté une rallonge qui augmente considérablement la superficie de la maison. «Elle était trop petite pour notre famille, mais je sentais qu'elle pourrait être adéquate si on l'agrandissait.»

Mais qui dit rénos et agrandissements dit possibilité de dénaturer le look unique de la propriété qui les avait tant séduits. En ce sens, le couple avait des exigences inflexibles. «Il était important que nos interventions n'altèrent en rien le caractère d'origine de la façade.» De plus, il souhaitait donner autant que possible une deuxième vie à des matériaux existants en les intégrant dans les rénovations. Pas par souci d'économie, puisque les coûts de main-d'oeuvre sont souvent plus élevés, mais parce qu'il leur apparaissait insensé que des matériaux encore en bon état prennent le chemin d'un lieu d'enfouissement.

Des exemples? Le mur du salon est un assemblage de lattes qui étaient enfouies sous une multitude de couches de peinture et mises à nu par les propriétaires. Elles ont également servi à fabriquer les moulures et les plinthes du rez-de-chaussée. Les immenses fenêtres de la rallonge proviennent de projets non aboutis d'un manufacturier. «J'ai d'abord choisi les fenêtres, puis j'ai conçu l'agrandissement.» Le couple a également privilégié le frêne pour les éléments en bois plutôt qu'une autre espèce dans l'espoir de garder en mémoire ces arbres qui disparaissent en raison de la terrible maladie qui les afflige.

Les portes intérieures viennent de commerçants spécialisés dans le recyclage de matériaux. Mme Alder les a choisies pour s'harmoniser à l'âge de la maison. Le parquet de la chambre de Simone, à l'étage, est fait de lattes recyclées de la maison des parents de Mme Alder et d'un écocentre. Elles sont inégales tant dans la couleur que dans la largeur. Le résultat est charmant.

Harmonie

Les éléments récupérés sont habilement intégrés dans un cadre contemporain, si bien que l'ancien côtoie harmonieusement le moderne. Les différences sont atténuées par l'homogénéité des teintes et des matériaux. Mais la qualité des éléments, de la porte d'entrée en acajou aux magnifiques fenêtres à l'arrière, est indéniable.

Mme Alder a abordé ce projet d'aménagement comme si c'était son atelier de création. «Chaque petit détail a été soigneusement étudié et résolu. Rien n'a été fait de façon précipitée. En plus de la conception, de la recherche de matériaux et de la gestion de projet, j'ai participé activement à l'exécution des travaux aux côtés des entrepreneurs.» Son atelier au sous-sol, véritable caverne d'Ali Baba du bricoleur, en fait foi.

La famille quitte sa petite maison pour se rapprocher de l'école de Simone, qui étudie le violon. Le rêve de sa mère: trouver un nouveau projet qui exigera beaucoup de temps et d'énergie.

Photo Re/Max 2001

Voilà le coup d'oeil passé le vestibule. Les portes coulissantes à droite mènent vers la salle de bains du rez-de-chaussée et à la chambre principale. Elles ont été récupérées, tout comme les lattes qui avaient été enfouies sous plusieurs couches de peinture et d'autres matériaux.

Photo Re/Max 2001

Le parquet du salon est en béton chauffant. Les portes vitrées sous l'escalier, récupérées elles aussi, cachent un petit rangement. D'ailleurs, la maison est remplie de petits rangements qu'il faut découvrir.

La propriété en bref

• Prix demandé: 795 000 $

• Année de construction: 1910

• 7 pièces, comprenant 2 chambres, 2 salles de bains

• Superficie du terrain: 1240 pi2 (cour arrière), cabanon, terrasse

• Superficie habitable: 1427 pi2

• Évaluation municipale: 510 918 $

• Impôt foncier: 4229 $

• Taxe scolaire: 872 $

• Courtier: Frédéric Mainville, Re/Max 2001, 514 992-4387

Consultez la fiche de la propriété: www.remax-quebec.com/fr/maison-a-vendre-montreal/2340a-ch-de-la-cote-ste-catherine-cote-des-neiges-18475791.rmx

Photo Re/Max 2001

La nouvelle section a permis d'y installer la cuisine et le coin repas. Les grandes fenêtres illuminent cette pièce joyeuse et aérée.

Photo Re/Max 2001

La belle grande chambre de Simone est sous les combles. Les lattes en bois du parquet proviennent de deux sources différentes: la maison de ses grands-parents et un centre de recyclage.