L'immobilier fait rêver.
 Chaque semaine, notre journaliste présente une propriété haut de gamme offerte sur le marché de la revente.

Au cours de sa première visite de la maison qui deviendrait sienne, la famille de Susie O'Reilly a d'abord été charmée par... des écureuils. « En parcourant la maison, je voyais que les enfants s'animaient devant la fenêtre. Je les entendais crier : "Des écureuils, des écureuils !" C'était un peu surréaliste ! »

C'est que, voyez-vous, les enfants avaient grandi à Paris, où les écureuils sont rarissimes. Sont-ce les cris de joie qui ont poussé la famille à s'installer dans la demeure ? Évidemment pas, mais cette première rencontre avec le Québec est l'une des anecdotes chouchoutes de la famille.

Susie O'Reilly et sa famille ont quitté la France pour suivre papa Roland dans son nouveau travail. « Je ne connaissais à peu près rien de Montréal et j'avais une semaine pour m'organiser. » Il lui fallait d'abord trouver une maison et une école pour les trois enfants de 8, 11 et 12 ans. « On voulait une grande propriété dans l'île, pas trop loin du centre, avec un jardin, près d'une école et d'un parc. On nous avait parlé de Westmount et d'Outremont. Nous sommes arrivés en pleine Halloween. Tout de suite, l'atmosphère de la rue Bernard avec ses cafés décorés et ses pâtisseries nous a conquis. »

Trois ou quatre visites de maisons plus tard, la famille a craqué pour celle du chemin de la Côte-Sainte-Catherine, en haut du monticule. Et pas seulement pour les écureuils. « C'était un coup de coeur, qu'on a acheté... les yeux fermés. »

La propriété date du début du XXe siècle. Elle ressemble à celles des familles bourgeoises de l'époque : haute, bien assise sur un immense terrain, recouverte de briques rouges et percée d'ouvertures disposées en symétrie.

Au fil des années, plusieurs propriétaires l'ont habitée, mais le plus célèbre est sans doute l'architecte Roger D'Astous, celui-là même qui a conçu les pyramides du Village olympique et le Château Champlain. Disciple de Frank Lloyd Wright, il a été dans les années 60 le premier « starchitecte » québécois.

M. D'Astous se disait résolument contemporain. Quand il a acheté la grande maison au début des années 60, c'était pour la moderniser, ses moyens financiers ne lui permettant pas de s'offrir une maison neuve selon ses ambitions. On raconte que son désir de révolutionner l'architecture traditionnelle l'emportait sur la préservation du patrimoine.

En 1964, quand il a commencé ses transformations, jugées radicales pour l'époque, il a décidé de ne pas modifier exagérément l'aspect extérieur de la maison. À l'intérieur, c'était autre chose. Il a abattu des cloisons pour ouvrir les espaces du rez-de-chaussée. Jusque-là, les pièces étaient installées de part et d'autre du corridor central. Il a percé des pans de murs pour y installer de grandes fenêtres. Les plafonds de plâtre et les moulures classiques ont fait place à des matériaux naturels et rustiques, des signatures de l'architecte.

M. D'Astous a quitté la maison à la fin des années 70. D'autres propriétaires subséquents ont tenté des rénovations, pas très réussies, selon Mme O'Reilly.

RÉNOVATIONS D'ENVERGURE

« En entrant, on a été soufflés par les volumes et la vue. On imaginait le potentiel de la maison. C'est après qu'on a compris tout le travail qu'on devrait réaliser pour la mettre à notre main. »

La cuisine se trouvait à l'étage, et les chambres au rez-de-chaussée. Les salles de bains avaient été négligées et le linoléum primait, tout comme le faux plâtre. Il fallait changer la plomberie, l'électricité, le toit, la piscine, certaines fenêtres, etc.

Le couple souhaitait aussi retrouver l'aspect contemporain laissé en héritage par l'architecte D'Astous.

Mme O'Reilly a donc parcouru la ville à la recherche d'experts qui partageraient sa vision. Elle a trouvé en l'architecte Sylvie Girard et en l'entrepreneur Patrick St-Onge des complices qui, en quatre mois jour pour jour, ont transformé complètement les quatre niveaux de la maison. Un investissement colossal de près de 1 million de dollars.

Les espaces sont maintenant aérés et la lumière envahit les pièces. Le rez-de-chaussée comprend deux salons, la salle à manger, la cuisine et un charmant bureau adjacent probablement construit par Roger D'Astous. Le premier étage est celui de la chambre principale et de deux pièces communes ainsi que d'une grande salle de bains et d'une pièce-penderie (walk-in). L'étage supérieur est celui des enfants avec ses quatre chambres. Celui du haut, auquel on accède par une échelle, révèle un observatoire imaginé par M. D'Astous, qui aimait observer les étoiles. « Les enfants s'en servent pour accueillir les amis. »

La maison, avec sa merveilleuse piscine, s'est avérée un aimant pour la famille. Les amis y sont venus nombreux. Mais il est temps de partir puisque, tranquillement, les enfants quittent le nid. La famille aime Montréal et compte s'y installer. Avec ou sans écureuils.

Photo fournie par Engel & Völkers

Un des quatre salons de la maison. Celui-ci est au rez-de-chaussée, près de l'entrée. Le foyer en marbre est d'origine.

Photo fournie par Engel & Völkers

Les propriétaires souhaitaient un univers décloisonné pour le rez-de-chaussée. On a remplacé un des murs de soutènement par cette structure en métal habillée de verre translucide et bleuté.

La propriété en bref

• Prix demandé: 3 980 000 $

• Année de construction: 1909

• 16 pièces comprenant 6 chambres, 3 salles de bains, 2 salles d'eau, 2 foyers au gaz. Piscine creusée, garage double, terrassement professionnel.

• Superficie du terrain: 14 125 pi2

• Évaluation municipale: 2 254 800 $

• Impôt foncier: 17 583,89 $

• Taxes scolaires: 3994,25 $

• Courtiers: Danita Rooyakkers et Félix Jasmin, Engel & Völkers, 514 507-7888

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