L'artiste peintre Marcel Saint-Pierre et sa femme Anithe de Carvalho ont la devise du Québec tatouée sur le coeur, et pas seulement en ce jour de la fête nationale. Leur maison, une normande de facture bretonne datant de 1740, a été restaurée minutieusement afin qu'on se souvienne, justement.

Une maison qui date de 277 ans, ce n'est pas banal au Québec. Surtout si elle est en bordure de l'eau, dans un milieu vert indompté où l'on se sent à mille lieues de la civilisation (même si l'on est à 10 minutes à pied du village de Sainte-Rose). Un secret qu'on veut à peine vous dévoiler tant l'endroit nous a enchantée.

Marcel Saint-Pierre est tombé amoureux de cette maison ancienne à la fin des années 60. « Ma conjointe de l'époque et moi cherchions une maison de campagne, pas trop loin de la ville. Un endroit pour se reposer les week-ends, où l'on pourrait recevoir les amis », raconte le jeune septuagénaire.

Pendant quelques années, le couple a parcouru les chemins de campagne. Seules conditions : il fallait que la maison soit à moins de 50 ou 60 km de la ville et qu'elle ait un caractère ancestral. On était à l'époque du retour aux sources, où l'on mettait des mois (des années ?) à décaper les moulures...

Puis, un jour, c'est le coup de foudre. « La maison, le terrain, les arbres, c'était exactement ce qu'on cherchait. » Le couple a fait une offre presque sur-le-champ. Mais la propriété appartenait à des héritiers qui ont mis du temps à se décider. « Cela a pris un an. »

Coup de foudre peut-être pour le jeune couple, mais pas pour le père de Marcel, qui s'est demandé, en voyant l'état délabré des lieux, si son fils n'était pas tombé sur la tête. 

« C'était assez pitoyable, en effet. Le plafond d'une partie de la maison s'était effondré, le terrain était couvert de détritus, la galerie était recouverte de glace.

- C'était l'hiver ?

- Non, c'était presque l'été ! La glace était si épaisse qu'elle n'avait pas eu le temps de fondre. »

M. Saint-Pierre voyait bien tout le travail qui attendait son fils. À commencer par l'immense terrain. Les gens du voisinage avaient pris l'habitude d'y déposer leurs déchets. « J'ai appelé la Ville pour leur demander de l'aide. Cela a pris 16 camions pour le nettoyer ! »

« ÇA SONNAIT CREUX ! »

Puis, père et fils se sont attaqués aux intérieurs. « Au fil des ans, tout avait été recouvert de substances diverses. Chaque fois que je frappais sur un mur, ça sonnait creux. » C'est que les murs cachaient des secrets.

À force de cogner et d'éventrer, ils ont découvert bien des surprises, dont deux foyers en pierre. L'âtre de la cuisine avait toujours sa potence pour soutenir les chaudrons. Sous les lattes du plafond, des poutres avaient été recouvertes de papier peint aux motifs fleurdelisés. Les lattes en pin du sol dormaient sous d'innombrables couches de prélart. Un évier de cuisine en pierre était caché sous un comptoir.

Seules quatre familles ont occupé la maison depuis 1740. La première, les Filiatrault, s'est d'abord fait concéder une terre immense. Si grande, raconte le présent propriétaire, qu'en plus de la terre de Sainte-Rose, celle qu'elle possédait de l'autre côté de la rivière des Mille Îles est équivalente à la moitié de la ville de Rosemère aujourd'hui.

Il y a tant d'histoires à raconter sur cette maison. À commencer par la plus importante : comment expliquer qu'elle soit toujours debout alors que ses semblables ont péri sous les flammes après la Conquête ?

La réponse réside peut-être dans les archives. « Il semblerait que le fils du premier propriétaire Pierre Filiatrault, Charles Pierre, était devenu milicien... anglais, même si son père était milicien français. « La maison a peut-être été épargnée en raison de ses allégeances », avance Anithe de Carvalho.

C'est elle qui, à force de fouiller dans les archives, a fini par trouver l'explication. Historienne de l'art comme son mari, elle raffole de ces récits qui touchent la maison.

Le terrain est si grand qu'il pourrait permettre la construction de plusieurs bâtiments. La maison, toutefois est classée patrimoniale et ne peut être démolie. Les propriétaires préféreraient que le joyau reste entier. Une sorte de legs avant de passer à une autre étape de leur vie, dont ils garderaient ainsi le souvenir intact.

La propriété en bref

Prix demandé : 1 600 000 $

Année de construction : autour de 1740

7 pièces, comprenant 4 chambres, 2 salles de bains, 2 foyers au bois. Une autre propriété de deux étages bâtie en 1903 sert d'atelier d'artiste.

Superficie du terrain : 120 964 pi2

Bord de l'eau : 300 pi

Évaluation municipale : 1 261 900 $

Impôt foncier : 9466 $

Taxe scolaire : 2631 $

Courtière : Carole Rochon, Re/Max 2001 C.R.T.M. 

Lien : http://www.centris.ca/fr/maison~a-vendre~sainte-rose-laval/28692603