On croyait que l'appartement était habité. Eh bien non, on avait tout faux.
Pourtant, dès qu'on traverse le seuil, on a l'impression d'entrer chez des amis. Des amis qui ont le sens du design. « C'est mon épouse qui a décoré », explique en souriant Joe Bohbot, le propriétaire de l'appartement. « Et vous ne l'habitez pas ? », avons-nous demandé, perplexe. « Non, on l'a acheté pour le revendre. »
Voilà, c'est dit et c'est clair.
M. Bohbot, voyez-vous, est un acheteur immobilier en série. Il possède une quinzaine d'appartements un peu partout à Montréal. Des appartements qu'il loue ou qu'il achète pour les revendre. Celui-ci, aux huitième et neuvième étages du mythique et patrimonial édifices Gleneagles, est l'un de ceux-là. En plus d'être joliment rénové, il a ceci de particulier : il s'étend sur deux étages. Une curiosité dans l'édifice.
L'étage du bas est consacré aux pièces communes, celui du haut, aux chambres. Autre particularité inusitée, il profite de plusieurs placards. C'est en effet inhabituel d'en retrouver autant dans une construction datant de 1929, une époque où les espaces de rangement étaient exceptionnels.
PETIT HAVRE
M. Bohbot nous les montre avec plaisir. On sent qu'il aime cet appartement. Après tout, les fenêtres s'ouvrent sur le mont Royal, de l'autre côté de la rue, et c'est plutôt agréable. En quelques pas, on est au pied d'un des escaliers qui mènent aux sentiers pédestres. En plus, l'étage supérieur, celui des chambres, est comme un petit havre. « On peut s'y réfugier sans déranger les gens du bas. » Il nous raconte que ses enfants, de 21 et 25 ans, s'y réfugient justement de temps en temps pour étudier.
On est dans un édifice qui ne manque pas de charme. Les portes - en bois - des appartements du building B sont arquées et travaillées par un ébéniste d'il y a longtemps. Les boiseries des couloirs sont finement ciselées et probablement d'origine. Dans le hall d'entrée, les résidants cueillent leur courrier dans des boîtes au métal poli découpé en dentelle. Les luminaires sont anciens et entretenus minutieusement. Tout comme les moulures. Partout, on sent le désir de s'accrocher à une époque où l'on bâtissait pour longtemps et où le travail d'artisan était estimé. Surtout pour ceux qui en avaient les moyens.
RESTAURATIONS
Un édifice ancien apporte toutefois son lot de complications. On doit constamment restaurer, corriger, améliorer. En 2010, l'édifice, dont les appartements étaient jusqu'alors en location, a été vendu pour être converti en condominiums. La plupart des résidants sont maintenant propriétaires de leur appartement.
Les fenêtres ont été changées au fil des ans, si bien qu'elles ne laissent passer ni le froid ni le ronron des voitures qui circulent sur le chemin de la Côte-des-Neiges de chaque côté de l'îlot. Le système de chauffage à l'eau chaude a aussi été amélioré : désormais, chaque unité possède une valve pour fermer l'eau en cas de rupture.
À l'intérieur de l'appartement de M. Bohbot, tout a changé. La cuisine aux caissons blancs et aux surfaces en marbre est ouverte sur la salle à manger et le salon, ce qui n'était pas le cas auparavant. Il y a une salle d'eau tout près où on a installé les appareils de lessive. L'étage des chambres a aussi reçu un sérieux lifting.
L'endroit fait penser à ces appartements new-yorkais des vieux films américains, ceux où l'héroïne se promène en robe d'intérieur à plumes, un porte-cigarette à la main, admirant Central Park. Bon, on exagère un peu, mais le building confère un je-ne-sais-quoi d'opulence tranquille sans trop d'apparat. On n'est pas à New York, mais on peut s'y imaginer.
La propriété en bref
Prix demandé : 789 000 $
Année de construction : 1929
5 pièces comprenant 2 chambres, 1 salle de bains, 1 salle d'eau, 1 stationnement intérieur.
Superficie utile : 1470 pi2
Frais de copropriété : 19 200 $ (incluant impôt foncier, taxes scolaires, chauffage, chauffe-eau, gym, stationnement, surveillance)
Courtier : David Malka, Groupe Sutton Centre-Ouest. 514 933-5800
Photo fournie par Groupe Sutton Centre-Ouest