Bart Pleszewski et Melissa Yip rêvaient d'un potager. Les deux radiologistes vivaient dans le Vieux-Montréal et essayaient de faire pousser trois plants de concombres dans un bac à fleurs. En vain. On aurait besoin, se sont-ils dit, d'un grand jardin où on pourrait cultiver tous nos fruits et légumes. Libres d'insecticides et d'herbicides, bien entendu. Plus ils y réfléchissaient, plus ils se disaient que ce pourrait être possible. C'est bien de rêver, mais c'est encore mieux quand on peut réaliser ses souhaits.

Leurs réflexions (et nombreuses recherches) les ont menés à Hudson, où ils ont finalement acheté un immense terrain de près de 256 000 pi2.

À mesure qu'ils imaginaient leur potager, une autre idée germait, puis une autre, puis une autre encore. Tant qu'à y être, pourquoi ne pas bâtir un univers où ils pourraient réduire leur empreinte écologique au maximum? Tout en vivant de leurs récoltes. Ils construiraient un milieu vert où chaque composant serait écoénergétique. Avec une maison pour y vivre confortablement, assise au milieu du grand terrain, entourée de végétaux, d'une serre et d'arbres fruitiers. Quand on est conséquent...

Et puis le hasard les a gâtés. Alors qu'ils mijotaient leurs projets, ils revoient deux amis du secondaire devenus architectes, Sudhir Suri et Katarina Cernacek. «Ils s'étaient spécialisés dans les constructions vertes, quelle coïncidence! Nous avons renoué immédiatement!», se souvient Bart. Avec l'apport des deux professionnels, ils conçoivent leur projet jusque dans les moindres détails. «Nous voulions que notre maison respecte une efficacité énergétique hors du commun. Nous leur avons dit: "Concevez la maison la plus verte que vous puissiez imaginer."»

Les architectes ne demandaient pas mieux. D'abord, ils se sont attaqués aux murs. Le couple s'intéressait déjà aux murs de pisé de terre coffré. Une technique qui consiste à faire couler un mélange de sable et de roche et une petite quantité de ciment de Portland dans un coffrage de bois renforcé. «C'est une technique éprouvée, on trouve même quelques tronçons de la muraille de Chine fabriqués de cette manière il y a 2500 ans, explique Bart. Elle est rarement utilisée ici. Pourtant, elle comporte d'énormes qualités écologiques. En plus, elle donne de très beaux résultats!»

Convaincus de leur choix, les propriétaires envoient le couple Suri-Cernacek visiter une entreprise de la Colombie-Britannique qui fabrique des murs en pisé (terre crue). Puis, ils font venir un spécialiste de l'entreprise Terra Firma pour superviser les travaux à Hudson. «Je crois que nous sommes encore à ce jour la seule maison dans l'est du Canada à posséder cette technologie.»

Pourquoi se donner autant de mal? «Parce que nous y croyons.» La terre crue utilisée comporte de nombreux avantages. La masse dégage une énergie captée par le soleil qui assure beaucoup de confort en équilibrant le degré d'humidité relative à 50 % en tout temps. «La maison est toujours fraîche en été, ce qui évite l'achat d'un climatiseur.» Les murs captent le soleil des 16 fenêtres installées en enfilade au haut de la maison, dans un angle idéal pour capter le soleil sur le flanc sud. L'été, le petit toit au-dessus empêche le soleil de trop réchauffer l'intérieur. 

Il y a tant à dire sur cette maison dont la construction s'est achevée en 2007 que cela prendrait un livre pour tout raconter. Les propriétaires ont mis un soin fou à créer un environnement plus vert que vert. Juste la serre géodésique importée du Colorado mérite un chapitre entier. Et c'est sans parler du système géothermique qui alimente des tuyaux sous le plancher de bois d'eucalyptus (les essences de bois québécois du reste de la maison ne résisteraient pas au chauffage radiant). Et que dire du contenant de 10 000 gallons qui récupère l'eau de pluie pour arroser le potager, alimenter le système d'égout et les tuyaux solaires. Bref, tout a été réfléchi, soupesé, évalué. Malgré ces composants techniques, l'intérieur tout en bois est à la fois chaleureux et lumineux. «Un enfant en visite nous a dit que c'était la première fois qu'il entrait dans un arbre!»

Les propriétaires quittent leur maison parce que, peu après la construction, une surprise a changé leur vie: la naissance de leurs jumelles, Gaia et Felicia, qui ont maintenant 6 ans. Ils ont décidé de se rapprocher de l'école des enfants dont la vocation est axée sur l'environnement. Conséquent, vous dites?

Photo Mélanie Vallière, fournie par Sutton

Importée du Colorado, la serre est suffisamment grande pour cultiver une bonne partie des légumes de la famille.

La propriété en bref

• Prix demandé: 1 185 000 $

• Année de construction: 2007

• 10 pièces, dont 3 chambres, 1 salle de bains, 2 salles d'eau, serre, foyer Tulikivi

• Superficie utile: 2650 pi2

• Coût du chauffage: 1500 $/an

• Superficie du terrain: 256 283 pi2 (5,5 acres)

• Évaluation municipale: 1 123 000 $

• Impôt foncier: 7705 $

• Taxe scolaire: 1750 $

• Courtier: Pierre Larin et Richard Beaumier, Profusion Immobilier. 450 510-5010 

Lien: http://www.centris.ca/fr/maison~a-vendre~hudson/17069907 ?view=Summary

Photo Mélanie Vallière, fournie par Sutton

Les 16 fenêtres captent le soleil au sud, ce qui permet de bien faire le plein d'énergie. De chaque côté de la maison, les propriétaires ont installé d'immenses talus pour la protéger du froid. Ils sont couverts de végétaux. Quand ils ont acheté le terrain, les proprios ont découvert un très ancien verger. «Ce sont des variétés si anciennes que même le collège McDonald n'a pas pu les identifier!»