Il y a 30 ans, Laurent et Eileen Pelletier cherchaient un chalet au domaine l'Estérel. Eileen connaissait bien l'endroit. Sa famille et elle séjournaient régulièrement sur les bords du lac Masson. «Je passais mes étés dans la maison de ma famille, et je connaissais cette maison, mais je ne l'avais jamais visitée.»

Cette maison, c'était celle de Fridolin Simard, un des cofondateurs du domaine avec son frère Thomas-Louis, qui avait demandé au célèbre architecte montréalais Roger D'Astous (Village olympique, Château Champlain) de lui construire un chalet. Ça tombait bien: M. D'Astous aimait nettement mieux travailler sur de petits projets plutôt que sur des gigantesques. «Cela correspondait mieux à sa personnalité, plutôt individualiste», selon le professeur d'histoire de l'architecture Claude Bergeron.

Inspiré par son maître Frank Lloyd Wright, avec qui il avait étudié en 1953, l'architecte a donc dessiné un plan de maison qui utiliserait exclusivement des matériaux naturels tels le bois et la pierre et qui, avec le verre, constitueraient la finition intérieure et extérieure de la maison.

Le résultat, même après 56 ans, cadre toujours avec la contemporanéité. Le couple Pelletier a chouchouté la maison et respecté jusque dans les moindres détails la vision de l'architecte. Même après trois rénovations!

Ce qu'Eileen veut...

Dans un premier temps, le couple s'est approprié le bâtiment et le splendide terrain. «Nous avons construit des terrasses à l'étage pour mieux voir le lac et les environs, et pour ajouter une troisième chambre à l'étage. Puis, nous avons fait construire une piscine.»

Mais pas n'importe quelle piscine. «Je voulais installer un plan d'eau qui s'intègre parfaitement avec l'environnement.» Qui est remarquable, doit-on le rappeler. «Sauf que, personne ne voulait la bâtir, poursuit Mme Pelletier. Nous avons finalement trouvé quelqu'un chez Val-Mar qui était prêt à respecter nos plans.»

Il n'y a donc pas de rampe en inox, pas de carrelage en céramique et pas la moindre trace de l'habituel turquoise qu'on retrouve dans les piscines. Mme Pelletier a fait borner l'espace en pierres et peindre la base en noir. «Un combat que j'ai fini par gagner! Comment peut-on prétendre se fondre dans la nature si on ne respecte pas ce qu'on trouve dans la nature?» M. Pelletier opine de la tête et nous rassure en souriant. «Ce qu'Eileen veut, elle l'obtient!»

Le couple, c'est très évident, est solidement soudé. Il y a quatre ans, M. Pelletier, très jeune sexagénaire, s'est vu handicapé par une maladie rénale sérieuse. Il avait besoin d'une greffe. Vous l'aurez deviné, sa femme s'est portée à sa rescousse. «C'est elle qui m'a donné un rein. Nos filles attendaient à l'hôpital sachant que leurs deux parents étaient sur la table d'opération en même temps.» L'émotion est toujours dans l'air.

La cuisine

Mais, les obstacles de la vie n'ont pas empêché le couple de dorloter son chalet d'hiver et d'été. Il y a une quinzaine d'années, la famille s'est attaquée à la cuisine. «On a abattu un mur, ce qui était relativement facile car aucun n'est porteur, explique M. Pelletier. La maison est entièrement soutenue par une série de poutres assemblées en planches de sapin Douglas, très longues, qui vont de la façade arrière à la façade avant. Chacune perce les murs et ressort vers l'extérieur.»

L'abattage de deux murs permet de jouir encore mieux du panorama qui s'ouvre dès qu'on pénètre dans les pièces communes. Une vue sur le lac et les montagnes à 280 degrés. 

La cuisine comprend maintenant un grand îlot recouvert d'une plaque de béton poli. «C'est là qu'on mange! Nous ne cuisinons pas, nos amis le savent et c'est eux qui font cuire les viandes sur le gril!»

L'étage

Quand on pénètre dans l'enceinte de la maison, après avoir traversé une longue marquise extérieure, on doit descendre huit marches en pierres pour accéder au rez-de-chaussée. Toutefois, l'étage est apparent grâce à des fenêtres qui s'ouvrent sur le couloir des chambres. Cette abondance d'ouvertures assure une vue sur le lac de presque tous les points de vue. À part les deux murs aveugles parallèles de l'entrée, tous les autres sont percés de fenêtres ou sont entièrement constitués de vitres posées en angle. 

Les salles de bains qui accompagnent les trois chambres sont récentes. La grande est particulièrement impressionnante, tout comme la chambre principale ouverte sur le lac. Le lac, qui occupe une place presque aussi importante que les pièces du chalet.

Le couple quitte son univers chéri pour être plus près de ses filles et de ses quatre petits-enfants. Une est à New York, l'autre à Toronto. «La famille, c'est plus important que tout!» Même le chalet.

Photo fournie par Sotheby’s International Realty.

Il y a près de 900 pieds de bord de l’eau sur ce terrain. Le panorama vu de la terrasse est impressionnant. La préférée du couple est celle-ci, qui s’ouvre sur le salon.

La propriété en bref

Prix demandé: 4 800 000 $

Année de construction: 1960, rénovée trois fois

9 pièces comprenant 4 chambres, 4 salles de bains, 1 salle d'eau, 3 stationnements extérieurs.

Superficie du terrain: 98 000 pi2 (2,44 acres), dont 900 pi en bordure du lac Masson. Vue panoramique à 280 degrés.

Évaluation municipale: 1 123 000 $

Impôt foncier: 10 873 $ (2016)

Taxe scolaire: 1098 $ (2015)

Courtière: Karen Karpman, Sotheby's International Realty. 514 497-8218

Photo fournie par Sotheby’s International Realty.

Une longue marquise faite de poutres en bois accueille le visiteur. L’extérieur, comme l’intérieur, est constitué des matériaux chers à l’architecte d’Astous : bois, pierres, vitre. La propriété est située à quelques centaines de mètres de l’hôtel l’Estérel.