Bon nombre de Montréalais se souviennent de la famille Miron, ces frères qui ont bâti un empire dans la cimenterie au milieu du siècle dernier. Bien que discrète, la famille, qui avait démarré une petite carrière durant les années 30, était connue. Les gens d'affaires qui réussissaient avec autant de brio à cette époque n'étaient pas très nombreux dans les cercles « canadiens-français ».

Plusieurs évoqueront la célèbre résidence aux fontaines illuminées du boulevard Gouin, dans Cartierville, qui appartenait à l'un des frères. Ce qu'on sait moins, c'est qu'en 1960, quand la famille a vendu sa célèbre entreprise à des intérêts belges, les frères Adrien, Gérard, Raymond, Vincent, Émile, Arthur et Gilbert ont tous, ou presque, fait construire des maisons spectaculaires pour leur famille.

Au moins deux d'entre eux ont fait appel à l'architecte Jacques Vincent, réputé pour ses constructions inspirées de Le Corbusier et de Mies van der Rohe. La plupart des résidences se retrouvent dans la partie nord-ouest de la ville.

Celle-ci est située au bord de la rivière des Prairies, à l'ouest du pont Lachapelle. Elle a été bâtie en 1962 pour le président de l'entreprise familiale, croient Mary et Peter, qui en sont propriétaires depuis 28 ans. Ils y ont élevé leurs trois fils.

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Le salon est ouvert à la fois sur la salle de séjour et sur les portes vitrées de la piscine. 

Coup de coeur

« Quand on a visité la maison, ce n'était que la deuxième ou la troisième qu'on voyait, se souvient Mary. Mon mari a eu un énorme coup de coeur pour l'architecture de cette maison, qui lui rappelait les grandes maisons de Los Angeles avec son style californien. Je pensais qu'on devait peut-être en voir d'autres. Il m'a suggéré de visiter d'autres propriétés en vente dans le secteur, ce que j'ai fait. Rien à faire, nous étions totalement tombés sous le charme ! »

Pourtant, la propriété était, disons, défraîchie. « Il fallait l'imaginer rénovée », insiste Peter. En plus, le quartier leur plaisait. La famille du couple, d'origine syrienne, se retrouvait tout près. Il y avait les parcs, la rivière, les bonnes épiceries, les écoles...

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Très grande, la chambre principale a des allures asiatiques. Derrière les portes, se trouve un petit jardin aussi discret qu'ensoleillé.

Le couple a fait appel au designer Pierre Pagé, qui a très bien compris les exigences du couple. « Nous voulions conserver les caractéristiques qui nous avaient impressionnés, et améliorer ou remplacer celles qui n'avaient plus leur place. Nous voulions en faire une maison joyeuse, en extension avec la nature, ce qui semblait être le but premier de l'architecte. » Même s'ils sont entourés d'oeuvres d'art, le couple voulait un milieu de vie, pas un musée.

Le designer a donc conservé les éléments décoratifs, comme la magnifique murale d'Alfred Pellan près de la piscine et la mosaïque au-dessus de la cheminée du salon. Les sols en ardoise aussi sont restés, tout comme les lattes et les poutres de soutien en bois des plafonds. Les portes intérieures ont subi un lifting, mais ce sont les mêmes qu'en 1962. Les murs sont encore en béton et la porte d'entrée est la même. En tout, la propriété a été entre les mains des rénovateurs pendant neuf mois. La structure était, comment dire, solide. « On nous a dit que l'entrepreneur a coulé du béton pendant 36 heures », raconte Mary.

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Aménagée durant les grands travaux, la salle de bains adjacente à la chambre principale est divisée équitablement. Mary et Peter ont chacun leur penderie et leur coiffeuse. 

Cordonnier bien chaussé ?

Peter affirme que la maison fait partie de l'histoire de Montréal et qu'elle doit être préservée. « M. Miron a voulu créer une propriété unique, réfléchie et chaleureuse. C'est une maison où il fait bon recevoir. »

Le couple quitte son nid parce que le benjamin de la famille s'envolera bientôt, comme l'ont fait ses deux frères avant lui. La maison, avec ses quelque 13 000 pi2, est trop grande pour les deux jeunes boomers. Où iront Mary et Peter ? Dans un lieu calme et serein, « mais pas trop loin de notre quartier ! »

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La vue d'un des espaces qui longent le bord de la rivière. Ici, le cours d'eau est particulièrement large. 

La propriété en bref

Prix demandé : 3 250 000 $

Année de construction : 1962

15 pièces comprenant 5 chambres, 4 salles de bains, 1 salle d'eau, piscine intérieure, 4 stationnements extérieurs

Superficie utile : 13 000 pi2 (approx.)

Évaluation municipale : 2 054 000 $

Impôt foncier : 17 348 $

Taxes scolaires : 3646 $

Courtière : Marie-Yvonne Paint, Royal LePage Héritage, 514 934-7447

>>>Consultez la fiche de la résidence. 

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L'artiste Alfred Pellan a conçu la murale en mosaïque.