Jean et Manic vibrent d'une même passion : le couple est animé d'un amour de l'architecture, du design et de la décoration. Avec son penchant pour l'immobilier, ces intérêts sont devenus un mode de vie.

Lorsqu'elle était petite, Manic habitait déjà à Saint-Lambert, un peu plus à l'est, dans une maison victorienne qu'elle qualifie d'un peu trop austère. Quand elle a été assez grande pour explorer d'autres quartiers, elle a découvert à vélo les nouvelles maisons sur mesure que l'on construisait près du golf.

La vue de ces merveilles la faisait rêver. Plus tard, lorsqu'elle fréquentait Jean, c'est tout naturellement qu'ils allaient errer dans le même coin, les yeux ronds. Une maison en particulier, datant de 1962, aurait bien fait leur bonheur, mais le prix était élevé et leur budget de débutants, limité. En 2000, après un exil dans une banlieue plus éloignée de la Rive-Sud, ils ont appris que leur maison de rêve était à vendre. Cette fois-ci allait être la bonne. Les négociations ont été longues, mais le vieux propriétaire a accepté de jeter du lest : l'affaire conclue avec, en prime, quelques meubles sur place.

L'objet de leur convoitise est un bungalow qui a des allures de split level à l'américaine à cause de son toit fortement pentu. On ne connaît pas le nom de l'architecte et ce n'est évidemment pas faute d'avoir essayé de le trouver, car ce genre de détail importe bien évidemment à Jean et Manic. Parmi les premiers travaux à faire : ils aménagent le sous-sol, car ils ont deux jeunes enfants. Mais pour ce qui est du reste, nos deux passionnés vont procéder très méticuleusement. Parfois en effectuant eux-mêmes les travaux, comme le remplacement de la baignoire près de la chambre principale avec une figure imposée de haute voltige : laisser les carreaux de marbre en place au sol et au mur !

À d'autres moments, les rénovations sont confiées à des professionnels, mais ceux-ci sont étroitement surveillés par les propriétaires, qui savent ce qu'ils veulent... et ce qu'ils ne veulent pas. Larges fenêtres ou simples moulures, les sujets d'attention ne manquent pas. Et les diktats des maîtres des lieux sont alimentés par des idées puisées dans des livres et des magazines d'architecture, dont leur bible, la revue Atomic Ranch, qui étale les merveilles du Mid Century (les années 50-60) aux États-Unis. Ce souci du détail dans l'aménagement a amené le couple à faire appel à l'entreprise Sauvons nos meubles pour la restauration de... la cuisine. Ainsi, on a conservé l'acajou en l'état après l'avoir décapé minutieusement. Comble de rectitude, le four Frigidaire, avec sa porte qui s'ouvre vers le haut, trône encore dans la pièce 50 ans plus tard !

L'aménagement de la maison s'est fait au gré des ventes de débarras du quartier et de recherches poussées pour trouver le meuble qui conviendrait. Les compromis étaient rares pour nos hôtes, car ils sont gouvernés par la rigueur esthétique : par exemple, ils acceptent que leur foyer d'origine en granit soit plus joli qu'écoénergétique. Ce qui ne les empêche pas d'avoir d'autres traits écologiques très marqués, comme la conservation, le recyclage, la réutilisation... Foin de gaspillage ! Et tant mieux si au bout du compte, on a une maison au style cohérent, agréable et fortement personnalisé.

Jean reconnaît avoir un pincement au coeur de vendre leur chez-soi. Mais le couple est prêt à se lancer dans une nouvelle aventure immobilière. Cinq maisons dans leur collimateur ont malheureusement été vendues, ce qui détourne en ce moment leur attention sur leur chalet, qui connaît le même genre de soin consacré à la résidence principale. On espère toujours trouver une maison de style Tudor ou Bauhaus pour assouvir cette soif inextinguible d'architecture et de décoration. Et de rendre la future demeure sur la même longueur d'onde, contenant et contenu.

La propriété en bref

Prix demandé : 1 229 000 $

Année de construction : 1962

Pièces : 10, dont 5 chambres à coucher, 2 salles de bains et 2 salles d'eau

Comprend : Lave-vaisselle, plaque de cuisson, four encastré, hotte, laveuse, sécheuse, aspirateur central, système d'alarme, accessoires de piscine

Évaluation municipale : 580 000 $

Impôt foncier : 6 641 $

Taxe scolaire : 1 298 $

Courtier : Bernard Rodrigue, Royal LePage Tradition, 514 941-9988

Si les poutres en acajou ont été conservées, la moquette fixée sur un contreplaqué a été remplacée par un parquet en frêne. 

Impensable pour les occupants de défoncer des murs et de créer des aires ouvertes : la maison est conçue pour accueillir des pièces fermées.