Par une belle journée de juillet, au début du millénaire, les Montréalais Nicole Bérard et Jean-Marie Duvaud sont à la recherche d'une résidence sur le bord de l'eau. Le jour s'achève et le couple n'a encore rien trouvé, quand ils voient sur une petite pancarte en carton, installée sur une chaîne barrant un sentier, la mention «À vendre». Il s'agit d'un vieux chalet en bois, mais la vue superbe sur le lac des Deux-Montagnes et la magie du lieu font dire à Jean-Marie: «C'est ici que je veux vivre.»

L'affaire est entendue, malgré les gens qui leur déconseillent de s'y installer: la zone est inondable et impossible de construire une piscine. Qu'à cela ne tienne, ils iront de l'avant. Ils occupent le chalet durant deux ans et en achètent un autre sur le terrain voisin avec l'idée de rénover ce dernier. Mais tout bascule un jour quand on leur annonce que la règlementation sera très bientôt changée et que les transformations ne seront plus possibles. On rase donc la première maison, sise au bord du lac, et on concocte des plans à la va-vite. On peut agrandir la base de moitié et ajouter un étage: 3000 pi2 au final.

Il faut dire que le couple est bien équipé pour y arriver: elle est architecte, lui, entrepreneur. Là où les choses deviennent vraiment intéressantes, c'est lorsque Nicole, ex-propriétaire de galerie-boutique sur Sherbrooke, met à exécution tout son savoir dans le style et l'art japonais. La maison est même plus nippone que certaines au Japon, car on y trouve des portes coulissantes vieilles de près de 300 ans!

Tout l'aménagement est scrupuleusement conçu dans cet esprit, tant par sa configuration que par ses matériaux, où l'acajou est en vedette. Vendre une maison asiatique pur jus au Québec? Même si ce type d'acheteurs n'est pas forcément légion, Nicole Bérard assure que l'on peut aisément la transformer en résidence de style contemporain en faisant des changements mineurs. Lorsque l'on voit la qualité d'exécution de cette réalisation, cependant, on se dit qu'il serait dommage de ne pas la conserver ainsi. Les propriétaires sont d'ailleurs prêts à négocier la vente de plusieurs éléments qui s'y trouvent.

Une terrasse en pin d'Amérique, ceinturant toute la maison, est protégée des intempéries par les avancées de toit. La vue sur le lac, large de deux kilomètres à cet endroit, constitue un spectacle que chaque saison renouvelle. Nicole Bérard évoque avec émotion l'hiver où elle a vu des renards roux dormir sur des dunes de neige qui se forment sur le lac en hiver; son mari renchérit en parlant des patineurs et des pêcheurs.

L'emplacement correspond exactement à ce que recherchait le couple: la nature à son meilleur, du héron au pic-bois en passant par les fabuleux couchers de soleil sur l'eau. Vendre ne signifie-t-il pas de dire adieu à ce petit paradis? Non: la retraite approche et l'appel de la chaleur se fait sentir pour ces Français d'origine qui ont habité Tahiti et visité 1000 fois le Japon; ils iront s'installer au Mexique.

La propriétéen bref

> Prix demandé: 2 995 000$

> Année de construction: 2003 (sur la base d'un chalet centenaire)

> Pièces: 16, dont 3 chambres, 3 salles de bains + garage double

> Comprend: électroménagers, habillages de fenêtre

> Évaluation municipale: 1 067 000$

> Impôt foncier: 9978$

> Taxescolaire: 2077$

> Courtiers: Bentley Taylor (514 867-2368) et Sylvia Alai (514 808-8419), Immeubles Stuart