Petite Italie, automne 2009. Notre aventure commence dans un duplex de la rue Drolet où vivent deux trentenaires. Designer web, Martin Fontaine a son bureau dans leur quatre et demi. Mélanie Lefebvre, une artiste peinte, aussi. Les deux se marchent sur les pieds entre la cuisine et le séjour. «C'était vraiment trop petit», raconte Mélanie.

Le marché immobilier bouillait en 2009. «Quand on a vu la valeur marchande, on a décidé d'en profiter», dit Martin. Le couple a vendu son duplex à l'automne et s'est mis à la recherche d'une maison de campagne qu'il pourrait rénover comme il l'avait fait avec le duplex. Tous deux ont vite déchanté.

La mère de Martin, ancienne agente immobilière, leur en a fait visiter quelques propriétés dans les Cantons-de-l'Est. Mais rien ne les intéressait.

Le couple est allé se restaurer dans une rôtisserie après une visite. «Sur une serviette de table, on a dessiné tout ce qu'on voulait, en inscrivant tous nos besoins.» Voyant cela, la mère de Martin leur a suggéré de se lancer dans la construction d'une propriété qui répondrait à tous leurs critères. Ils ont retenu l'idée. En cherchant, ils ont trouvé un terrain dans la montagne, dans un quartier existant près de Shefford, à cinq minutes de l'autoroute 10.

Un ami de la famille, plus expérimenté en construction neuve (un euphémisme) que Martin et Mélanie, s'est chargé de redessiner leurs plans «en suivant les normes».

Le père de Martin a construit les comptoirs en bois dans la cuisine. Celui de Mélanie a manié le pinceau. Sa mère a sonné chez des voisins pour vérifier qu'internet se rendait dans le secteur. «À un moment, on a eu une espèce de vertige», confie Mélanie; des 850 pieds carrés auxquels ils étaient habitués, ils passaient à 3500 p2 sur papier. Finalement, l'aire habitable de leur nid contemporain fait 3200 p2.

Intégrée au paysage

Le résultat est une maison anthracite, d'apparence cubique. Elle se fond dans un environnement boisé. Le cèdre brut des insertions provient d'une scierie locale. Les principes du chauffage solaire passif ont inspiré sa construction. Un mur-rideau exposé au sud-ouest réchauffe la masse thermique des planchers en béton, radiants à l'eau partout aux deux premiers étages. La climatisation centrale tempère l'air ambiant, qui peut rapidement surchauffer vu l'apport magistral de soleil.

Les espaces de vie en profitent. La chambre principale aussi. L'avantage, c'est la vue pleine hauteur sur un bois, la vue de la voûte céleste aussi. Il n'y a pas de lampadaires dans leur rue. L'hiver, comme le soleil est plus bas, il continue d'illuminer la cuisine, la salle à manger, le séjour et même le rez-de-jardin où Mélanie a déménagé son atelier. «L'atelier devait se trouver à l'avant de l'habitation, au-dessus du bureau de Martin.» Mais il y avait trop de soleil là-haut. «On n'a jamais pensé à ça!»

Trois niveaux

La valeur de revente a dicté plusieurs choix en cours de construction.

Le couple ne voulait pas à priori d'un sous-sol. La construction d'un étage de soubassement sous les pièces principales s'est imposée. L'ajout de cette superficie - de 1150 p2 - leur grugeait moins de budget que de simples fondations, explique Martin (à cause de la déclivité du terrain). Il aime bricoler. Cette habileté les a servis. Par exemple, il a converti des roues de skateboard en boulons qui servent à fixer les garde-corps de la passerelle à des montants en acier. Cette passerelle relie les deux chambres et une salle de bains. Il projette d'installer d'autres garde-corps sur l'escalier intérieur et de compléter la construction du balcon de la chambre des invités.

Même s'ils n'ont pas eu à ouvrir de murs, ni rencontré de surprises propres à la rénovation d'un vieil immeuble, ils ont cependant vécu des moments d'inquiétude. Comme creuser le puits artésien sans perdre leur chemise... à carreaux. L'eau potable tardait à jaillir. Il a fallu creuser jusqu'à 650 pieds de profondeur. À 21$ le pied, faites le calcul.

«Nous voulions que les voisins soient déjà établis, surtout pas nous installer dans une nouvelle banlieue où tout est à bâtir», précise Martin, originaire des Cantons-de-l'Est, à propos de ce terrain d'un acre. Excavation, fosse septique, champ d'épuration: ils sont partis néanmoins de zéro.

Une fois la maison vendue, ils convoiteront un bungalow. Peut-être à Laval pour se rapprocher des parents de Mélanie. Avec beaucoup de lumière si ça se trouve, mais pas trop.

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La propriété en bref:

Prix demandé: 599 000$.

Année de construction: 2010.

Nombre de pièces: 13, dont 3 chambres + 2 salles de bains + 1 salle d'eau.

Comprend luminaires, comptoir déjeuner, trois tabourets, aspirateur central.

Évaluation municipale (2010)*: 357 500$.

Impôt foncier (2012): 2900$.

Taxe scolaire (2012): 802$.

À une dizaine de kilomètres de Ski Bromont et à 5 minutes de l'autoroute 10.

Vendeurs: Mélanie Lefebvre et Martin Fontaine, 514-518-2553

* Cette évaluation ayant été faite en cours de construction, elle ne reflète pas la valeur de la propriété telle qu'on peut la voir en 2012