C'est une ancienne caserne du Golden Square Mile aux murs colorés de bleus et de verts. Mais pas des teintes pastel: le vert des armoires de la cuisine est plus pigmenté que Kermit la grenouille! On devine la propriétaire aussi flamboyante que sa résidence. C'est une auteure (qui tient à rester anonyme), native de Vancouver. Elle comprend que son choix de teintes ne plait pas d'emblée aux visiteurs.

Elle voulait que son univers soit «bright». Et que la déco lui rappelle les paysages côtiers de son enfance. 

«C'est très joyeux [comme décoration], particulièrement l'hiver», fait-elle valoir.Seules deux pièces s'éloignent du cercle chromatique aquatique.

La salle de bains principale - céramique sable ton sur ton - et le bureau aménagé au deuxième niveau (murs jaunes, plancher de bois). Cette pièce occupe deux anciennes chambres et il y a du vert là aussi : trois fenêtres donnent sur une effusion de feuillage à l'arrière de l'habitation.

Deux logis réunis

Cette propriété unique et historique est à vendre pour la première fois. 

La caserne no 28 avait changé de vocation en 1983, après des années d'abandon, pour abriter deux copropriétés dès 1984. Madame est bien au fait de cette première transformation : elle faisait partie des premiers copropriétaires. Elle a acquis le condo de son voisin quelques années plus tard avec l'intention de créer une seule et unique maison totalisant 3000 pieds carrés sur trois niveaux. 

«La maison a été redessinée et reconstruite à ce moment-là» par Todd Richards de Grenier + Richards architectes.

L'entrée principale a été déplacée d'un côté sur la façade avant. Le sens des escaliers a été inversé (pour accommoder la nouvelle entrée) et des murs sont tombés pour dégager le nouvel escalier décloisonné. Il zigzague du rez-de-chaussée jusqu'aux deuxième et troisième niveaux. Nous voyons les grands volumes hauts de plafond, avec la bibliothèque au dernier étage et le salon de 24 pieds sur 17 avec foyer en bas...

Cette réfection majeure terminée en 2005 incluait la plomberie. Les trois salles de bains sont donc assez récentes. Idem pour les deux salles d'eau. Mosaïque bleue dans l'autre, rouge... feu dans l'autre! 

Quant au vert grenouille de la cuisine, c'est la couleur «Easter Lily» de Benjamin Moore, précise en entrevue téléphonique Jeffrey Parsons, celui qui a géré le chantier. (Il se souvient du nom ; sa cliente ayant rapidement arrêté son choix sur celui-ci parce qu'il «sonnait bien».) 

Plusieurs fenêtres éclairent les pièces de vie où logeaient jadis des chevaux. Les bêtes tiraient les voitures - stationnées dans l'actuel salon et au garage en dessous - jusque dans les années 1930.

Anecdotes fumigènes

Le poteau des pompiers avait apparemment pris le chemin des conteneurs lors des premiers travaux de démolition. Les propriétaires précédents avaient eu le temps d'aller le récupérer pour le remettre en place. 

«Les enfants de mes amis aiment se laisser glisser», rapporte la proprio qui apparemment ne se prend pas trop au sérieux.

Autre anecdote, des bourrasques dans la cheminée avaient fait démarrer le système d'alarme inutilement à quelques reprises. Un jour, elle n'avait pas appelé les pompiers assez vite et ceux-ci s'étaient rendus sur place. Pour rien. «Je les avais invités à entrer quand même. Je crois qu'ils étaient bien contents de pouvoir se promener à l'intérieur.»

Habiter cette ancienne caserne de la Ville de Montréal est un privilège rare. Le prix demandé : 3,9 millions. À cela, l'acquéreur devra ajouter des charges annuelles représentant la moitié du salaire annuel moyen d'un pompier.

L'immeuble lui-même est un édifice en pierre de taille et en brique. Il est assis sur des fondations en pierre. On peut lire la devise des armoiries de Montréal sur la façade, Concordia Salus. Il y a trois terrasses, une sur le toit, une à la hauteur de la chambre principale, une autre près de la cuisine.

Le terrain ? Dix mille pieds carrés paysagés, plusieurs arbres matures. Avec un garage détaché chauffé et une longue allée de stationnement.

Tout cela planté en plein centre-ville près de l'avenue des Pins et du musée des Beaux-Arts, de biais avec l'hôpital des Shriners. Les sentiers du parc du Mont-Royal bordent la propriété. 

À l'intérieur seul le manteau en marbre gris du foyer du salon a été conservé, relique de l'ancienne salle de douche des pompiers - cela et le poteau. Le feu et l'eau qui se rejoignent...

La propriété en bref:

Prix demandé: 3 900 000$

Année de la construction: 1909

Nombre de pièces: 16 dont 4 chambres + 3 salles de bains + 2 salles d'eau

Comprend une partie de l'habillage des fenêtres, cuisinière au gaz, trois réfrigérateurs, lave-vaisselle, laveuse, sécheuse.

Évaluation municipale (2012): 2 063 600$

Impôt foncier (2012): 19 467$

Taxes scolaires (2011): 4034$

À proximité de plusieurs consulats, de l'Université McGill et du parc du Mont-Royal 

Courtières: Geraldine Libraty et Liza Kaufman, Sotheby's International Realty Québec, 514-962-5563