Voici une maison du XVIIIe siècle déménagée de L'Assomption à Saint-Denis-sur-Richelieu. Oui, déménagée, sur une distance de quelque 80 kilomètres, et reconstruite!

«C'était un Européen. Il voulait sa cabane au Canada», explique Éric Leblanc, propriétaire des lieux depuis 2008 avec sa compagne Chantal Morin, tous deux dans la jeune quarantaine en parlant du premier propriétaire.

La maison a été démantelée en 1989. Les pierres constituant les angles (c'est-à-dire celles que des maçons avaient coupées à angle droit) ont été numérotées. La charpente et le reste ont donc fait le trajet de la région de Lanaudière jusqu'à ce terrain bordant le Richelieu, à trois kilomètres des commerces du village de Saint-Denis.

Il y a des champs à perte de vue devant le 957, chemin des Patriotes - où l'habitation aurait très bien pu exister avant la bataille que l'on connaît. C'est une grande maison de campagne, la banlieusardisation n'ayant pas (encore) atteint Saint-Denis. Elle offrirait 5000 pi2 d'espace habitable. Chose inhabituelle pour une maison ancestrale, cette superficie inclut un sous-sol aménagé.



Une longue histoire


André Bolduc, artisan spécialisé dans les maisons anciennes, avait supervisé les travaux de reconstruction. «C'est pratiquement monté de façon identique», a commenté M. Bolduc en entrevue téléphonique.

Ce dernier avait joué un rôle crucial dans l'aventure.

M. Bolduc avait obtenu le mandat de restaurer une autre maison (à Repentigny) et pour cela, il avait dû louer des outils. Il s'était adressé à un centre de location d'outils qui se trouvait dans une ancienne maison de pierre dont le propriétaire lui avait confié vouloir «l'envoyer à la dompe» pour y ériger «un beau garage flambant neuf» à la place...

Or, un Suisse épris du Québec avait déjà demandé conseil à André Bolduc sur la possibilité de remonter une maison de pierre. Une maison de bois, ça oui, il l'avait déjà fait. Mais en pierre?

«Au début, je lui ai dit que ça ne se faisait pas, que ça couterait une fortune.»

Une fortune finalement déboursée par l'homme pour réaliser cet ambitieux projet de transplantation du centre de location en maison montérégienne.

M. Bolduc avait donc pris la responsabilité de la démolition à L'Assomption, la planification et la reconstruction à Saint-Denis.

Il a fait poser des fenêtres en acajou, plus résistant que du pin. «Cela coûterait 2000$ par ouverture de nos jours», estime ce passionné, qui avait mandaté un artisan de Saint-Félix-de-Valois, François Rose, pour bâtir de nouvelles portes et fenêtres reproduites à partir d'artefacts tirés de sa collection personnelle.

La quincaillerie est l'oeuvre de Michel Gaudreault, forgeron de Saint-Césaire.

Dix-sept pièces

La porte d'entrée s'ouvre sur l'aire ouverte de la salle à manger et du salon avec placard encastré. Le foyer (qui compte trois cheminées) impressionne par sa hauteur et sa finition. Le manteau, qui affiche une tête de boeuf, est construit en pierre de taille.

La cuisine comporte un vieux poêle au bois et une plaque de cuisson plus moderne.

Un large escalier de bois mène à deux chambres, chacune flanquée d'une vaste salle de bains. L'étage contient aussi un genre de boudoir fenêtré. De là on accède à une mezzanine par un escalier vertigineux. L'une des trois filles du couple a aménagé sa chambre près de piliers tout ce qu'il y a de plus rustiques: éclairés par le sol, ils créent un effet saisissant près des murs de pierre malgré l'étroitesse des lieux.

À l'origine il y avait un grenier (à grains) à cet endroit, d'après M. Bolduc. «L'étage n'était pas habité.»

La chambre principale est plus vaste, avec un charmant mur pignon en guise de tête de lit.

Seul élément anachronique, le granit garnissant la plupart des surfaces de la salle de bains adjacente par laquelle on doit passer pour entrer dans la chambre. C'est la seule pièce qui tranche avec les autres, concède le courtier Éric Schaenen.

À l'extérieur une clôture métallique entoure le terrain.

Piscine, solarium, poulailler

«On a fait quelques modifications [à la maison originale], précise André Bolduc, parce qu'il y a eu un grandissement...»

De fait une extension contient un séjour et un solarium, et la chambre principale au-dessus. Ces trois pièces sont localisées du côté sud-ouest et bien intégrées au bâtiment principal de sorte que tout semble construit depuis des lustres.

Pourtant, il n'en est rien. Le tout repose sur des fondations relativement récentes larges de 24 pouces. «Propriété à caractère ancestral et qui n'a que 22 ans», indique à juste titre la fiche descriptive.

Un garage double flanque l'habitation, autre ajout datant de 1990-1991. Une buanderie loge tout près et, dans une pièce séparée, une autre salle de bains.

La propriété à vendre inclut une piscine creusée et trois bâtiments ancestraux. Un maximum de cinq bêtes peuvent loger ici. En effet des boxes sont construits dans le plus vaste des trois bâtiments; au niveau supérieur accessible par une échelle, un trampoline attire les jeunes gens gravitant autour de la famille.

Prix demandé: 1, 5 M$ révisé à 1 298 000$ révisé à 998 000$.

Année de construction: 1989.

Nombre de pièces: 17, dont 3 chambres + 4 salles de bains

Comprend trois autres bâtiments, les électroménagers, deux poêles au bois, génératrice, accessoires du foyer, aspirateur central et accessoires, deux unités pour la climatisation centrale, système d'alarme, ouvre-portes de garage, piscine creusée au sel et accessoires.

Évaluation municipale (2011): 948 000$.

Impôt foncier (2011): 5049$.

Taxe scolaire (2011): 1958$.

À 3 km du village de Saint-Denis-sur-Richelieu

Courtiers: Éric Schraenen et Johanne Lévesque, Groupe Sutton-Actif. 514-238-2026.