Combien d'idées sont mortes sur l'échafaud, jugées irréalisables par des ouvriers? Le chantier, c'est là que ça se passe, d'après l'architecte Maxime Vandal. Lui-même a travaillé comme entrepreneur. Cette expérience «avec les loups» (!) lui avait appris qu'il est souhaitable de poursuivre la réflexion de création jusqu'à la fin d'un chantier. Sinon c'est «le client qui est pris» avec les concessions faites au plan original.

«C'est l'entrepreneur qui a le plus gros bout du bâton», résume M. Vandal.

Son partenaire et lui intègrent donc architecture, design et construction avec leur entreprise fondée en 2003 et comptant une quarantaine de salariés.

Maxime Vandal s'occupe des plans, de l'architecture. Richard Ouellette est plus versé dans l'aménagement intérieur, le décor. «J'ai changé le chandelier trois fois», dit ce dernier en montrant une suspension ressemblant à un luminaire ancien au-dessus de la table ronde de «leur» maison... la plus récente qu'ils ont rénovée dans le but de présenter de quoi Les Ensembliers sont capables.

L'une de leurs maisons précédentes avait, paraît-il, attiré 300 visiteurs en 2009, toujours à Westmount. C'est un outil de promotion.

«C'est un laboratoire, poursuit Maxime Vandal. On teste nos employés, nos sous-traitants, nos matériaux. On aime mieux faire ça chez nous que chez nos clients.»

Par exemple ici, au 64, avenue Aberdeen, la facture élevée du chauffage cet hiver a mené au ré-isolement complet de la toiture.

Volumes clairs et contemporains

Une rénovation de la cuisine et le remplacement des fenêtres n'auraient pas contenté ces perfectionnistes.

Qu'est-ce qui a grugé la plus grande part de leur budget? «Il faut que tout soit bien fait», répond Richard Ouellette, bon vendeur. Silence, puis: le perron en avant, «c'était laid, laid, laid», le nivellement de la cour arrière et, surprise! , l'acquisition d'oeuvres d'art contemporain...

Une curatrice a été appelée en renfort pour sélectionner une trentaine d'oeuvres, installées dans ce bel intérieur.

Une sculpture miniature du Québécois Guillaume Lachapelle est encastrée au mur d'une chambre. Des photographies sur le même thème d'escaliers ont d'ailleurs inspiré la couleur enveloppante de cette chambre à coucher.

Une oeuvre magnifique du Canadien Shayne Dark surplombe la cage d'escalier.

«On n'a pas encore généré de ventes pour ces artistes», note M. Vandal. N'empêche que l'idée est brillante.

C'est une maison lumineuse à plusieurs égards.

Esprit loft

Le niveau principal a été redivisé dans un esprit loft. «On travaille énormément pour qu'une maison conserve son caractère d'époque, mais avec la lumière qui pénètre», indique Richard dans la salle à manger quasi carrée aménagée sous un plafond à caissons.

Un hall spacieux s'ouvre sur cette pièce avec banquette et la cuisine en enfilade.

L'espace cuisine abritait auparavant trois petites pièces. C'est devenu un rectangle de 25 pieds sur 12 avec îlot et comptoirs en marbre de Carrare. Les fenêtres percées plein sud-ouest rendent la nouvelle pièce hyper lumineuse.

Les Ensembliers ont travaillé «avec des ébénistes de différentes catégories» pour créer les rangements (Blum).

La cuisinière au gaz et la hotte de style anglais se trouvent du côté opposé au frigo. Cet électroménager a été choisi en premier et les armoires devaient s'harmoniser alentour pour former un plan linéaire, avec pour résultat, précise Maxime Vandal, que les armoires ne sont pas toutes de la même profondeur.

Une porte et un escalier descendant vers la cour ont été conservés. Près de là, une percée visuelle prolonge la vue jusqu'à l'escalier principal. Entre les deux, il y a un vaisselier rétroéclairé, peint sur place. Il rappelle les butler's pantry d'époque. Pour le construire, les propriétaires ont rétréci un troisième escalier à l'intérieur menant à l'appartement construit en rez-de-jardin.

Deux logis, cinq chambres

Le niveau inférieur comporte une chambre, une salle de bain avec douche et un vaste espace ouvert incluant une cuisine. Une chute à linge aboutit dans la buanderie.

Il y a quatre chambres et deux salles de bains à l'étage. L'une des salles de bains a un lavabo sur pattes. Cette salle de bains relie deux chambres dont l'une est dotée d'un balcon.

La troisième chambre est celle où on l'on a le plus préservé l'esprit «vieille maison de Westmount». Un manteau blanc contraste avec les boiseries originales, peintes d'une couleur sombre. «Ce n'était pas un bois de qualité», justifie Maxime Vandal. Ce séjour meublé d'un sofa et d'un ottoman est le préféré de son compagnon. Vrai qu'en comparaison le salon en bas a l'air moins chaleureux, plus formel.

La visite se termine dans le vestiaire faisant office de zone tampon entre les zones intimes et le hall. Une bien belle maison qu'on quitte en se disant, dommage qu'elle se trouve si loin en haut des commerces de la rue Sherbrooke...

La propriété en bref



Prix demandé: 2 575 000$.

Année de construction: 1909.



Nombre de pièces: 11 dont 5 chambres, 3 salles de bains, 1 salle d'eau, 1 buanderie. Comprend appareils électroménagers, stores, hangar.



Évaluation municipale:
1 263 400$.



Impôt foncier (2012):
12 106$.



Taxe scolaire (2011):
2563$.



Courtière: Marie-Yvonne Paint, Royal LePage Heritage, 514-934-7447.