C'est une maison en bois comme dans Les Trois petits cochons. Il faut refaire la peinture extérieure aux 4-5 ans, note le propriétaire. Chaque fois, cela coûte 18 000$, indique-t-il.

La construction centenaire n'aurait pas toujours été bichonnée au fil des ans. Faute de moyens, résument ses occupants actuels, Marc Saint-Pierre et Chantal Létourneau.

Ces derniers l'ont rendue «vivante», prête à habiter. Cela devrait les aider à vendre. Car qui veut se lancer dans d'importants travaux en acquérant une maison? Peu de gens, même parmi les plus fortunés, d'après la courtière immobilière Suzanne Lefebvre, spécialisée dans les produits haut de gamme. «Parfois, juste l'idée de repeindre des pièces rebute des acheteurs.»

Sa partenaire d'affaires et elle ont une vingtaine d'inscriptions à plus d'un demi-million. Prix demandé pour cette propriété érigée au début du siècle dernier devant le fleuve: 1 299 000$. Ce prix inclut un système d'irrigation pour l'aménagement paysager professionnel, une cascade d'eau, une piscine en béton, une douche extérieure... «C'est une maison d'été», glisse Marc Saint-Pierre.

Une maison d'été offrant tout de même deux foyers et des planchers radiants.

Deux ans et demi de travaux

Si les propriétaires précédents avaient peu fait pour la maison, leurs prédécesseurs «avaient investi beaucoup d'argent dans des travaux structuraux», d'après Chantal Létourneau.

Dès 2003, Mme Létourneau, une quarantenaire créative, lui a fait subir un lifting. L'opération a duré deux ans et demi. Une «Opération séduction» parce qu'elle avait l'intention d'en faire une vitrine pour ses services. Les trois niveaux y sont passés.

L'ouverture de la chambre principale a été agrandie. Givré, cet agrandissement évite aux résidants d'arriver «dans» un mur, tout en haut de l'escalier. La chambre est spacieuse pour une maison centenaire. Elle s'étend en L sous le toit mansardé. D'un côté le boudoir de Monsieur et ses placards compartimentés. De l'autre, la chaise longue de Madame et une penderie fermée. Entre les deux, le lit, placé en angle.

Le couple a condamné la porte entre cette chambre et la salle de bains. Cela a libéré de l'espace dans la salle fenêtrée que Mme Létourneau a décorée dans le style champêtre (baignoire sur pattes, lambris) tout en lui insufflant le confort moderne. Un meuble-lavabo en merisier repose entre deux fenêtres. Le comptoir est en marbre.

Une astuce déco à retenir: deux tiroirs à linge sale ont été encastrés sous la mansarde, près de la douche. Les poignées servent de porte-serviettes. Pratique.

Le rez-de-chaussée s'articule autour de l'escalier. «Nous avons refait l'escalier et la rampe. Avant, on ne voyait pas le solarium en entrant dans la maison», détaille Chantal Létourneau. Exit aussi les tapis. La designer de la maison a choisi des revêtements plus nobles: bois exotique (jatoba), travertin, céramique, porcelaine de marbre. De petits carreaux de ce matériau forment une rose des vents au sol du hall d'entrée principal. Un clin d'oeil à la voie maritime toute proche.

À droite de cette entrée, on trouve les espaces de séjour. Il y a un vivoir, deux chauffeuses devant le foyer, une salle à manger en enfilade.

Le solarium se trouve au fond de cette longue pièce. L'extension bénéficie de l'orientation sud-est. Elle s'ouvre sur une large galerie ceinturant une partie de l'habitation. Un lieu agréable durant les beaux jours, quand le couvert végétal procure une bulle d'intimité à la maison de banlieue.

Le sous-sol contient d'autres pièces aménagées et un plancher en liège, «chaleureux aux pieds et chaleureux visuellement». Un deuxième escalier conduit à la porte d'en arrière: c'est l'accès principal des automobilistes puisqu'à l'arrière de la maison, les proprios ont fait aménager une allée de stationnement privée. Il y a un garage double plus loin sur le terrain (surmonté d'une 13e pièce). Selon la propriétaire, «tout a été prévu pour que le haut du garage soit utilisable à l'année.

Les fils d'électricité (chauffage et prises électriques) ainsi que le téléphone sont déjà installés. Il ne reste qu'à finir la pièce (poser le gypse sur les murs et décider de la finition du plafond)».

Entre les deux, la nouvelle piscine et un terrassement en pierres de Saint-Marc. Chic, chic...

Cuisine et salle de lessive

Avant de jeter son bloc-notes par-dessus bord, Mme Létourneau avait dessiné la cuisine. L'îlot en merisier contient des bacs réfrigérés destinés à l'entreposage des fruits et des légumes. Des vitraux de plomb alternent avec les armoires pleines. L'aménagement pensé ici offre beaucoup d'espace et regorge de détails luxueux, telle une niche en carrelage de marbre. Et d'autres astuces encore: des boiseries décoratives en forme de pieds dissimulent des supports coulissants pour bouteilles sous les plans de travail en granit.

Le souci du détail de la maîtresse des lieux s'est manifesté jusque dans la salle de lessive. En témoigne un sèche-linge intégré derrière des armoires ajourées en merisier peint, patiné pour créer le même look d'antan qu'à la cuisine. «J'avais même fait installer un ventilateur au fond pour évacuer l'humidité», dit-elle.

Si elle parle au passé, c'est que son coeur est déjà ailleurs. Mme Létourneau aimerait démarrer une librairie à Bromont.