Dans leurs temps libres, Stéphan Lamontagne et Stéphane Pednault, deux coiffeurs professionnels, troquent leurs ciseaux pour le marteau. Pour assouvir leur passion de la rénovation, ils se sont lancés, il y a quelques années, dans le plus grand projet de leur vie: acquérir une propriété mal aimée, la rénover de fond en comble, pour ensuite la revendre. Mais à la différence des spéculateurs immobiliers, ils s'y mettent toute leur passion dans leur travail.

Le projet: transformer un petit duplex délabré (2 X 31/2 - 600 pieds carrés par étage) en magnifique cottage sur le Plateau Mont-Royal. Pour ce faire, ils ont mis la main à la pâte, effectuant tous les travaux eux-mêmes, avec l'aide du frère de M. Lamontagne, un entrepreneur général. Au total, il a fallu cinq ans de dur labeur pour accomplir cette tâche, période pendant laquelle les deux hommes habitaient sur place. «Faut aimer vivre dans la construction», admet M. Lamontagne, qui ne regrette absolument pas cette aventure.

Dans ce cas-ci, parler simplement de rénovation serait injuste. Parlons plutôt de reconstruction, car absolument tout a été refait dans cet immeuble datant de 1905: électricité, plomberie, fenestration, isolation, toiture, alouette!

«Résultat: c'est aujourd'hui une maison neuve dans une coquille ancienne», résume M. Lamontagne. À preuve: seul le plancher de chêne du rez-de-chaussée, cloué avec des clous à fer à cheval (!), a survécu à la métamorphose.

Le principal défi auquel ont dû faire face les propriétaires: la conception d'un escalier intérieur qui grugerait le minimum de superficie habitable, car on accédait auparavant au logement du haut par l'extérieur. La solution retenue: l'installation d'un escalier métallique torsadé. Ce magnifique ouvrage, qui a été découpé en morceau pour le faire entrer dans la maison, puis ressoudé sur place, minimise la perte d'espace, tout en conférant une touche très design à l'ensemble.

En fait de belles trouvailles, l'escalier n'est pas un cas unique. Cette reconstruction en recèle beaucoup. Par exemple, la cuisine s'avère hyper-inspirante avec ses armoires agençant le bleu métallique, l'inox et le vitrage givré, un mariage des plus réussis. «On a choisi, pour le comptoir de cuisine, un stratifié imitant le zébrano, un bois jaunâtre veiné de brun sombre, pour créer un bel agencement avec le plancher de chêne», explique M. Pednault, également artiste peintre.

À l'étage, la salle de bain, tout de blanc vêtu, est presque une oeuvre d'art. «Plutôt que jouer avec la couleur pour la décoration, on a plutôt joué sur les différentes textures de céramique pour créer un décor plus neutre. Les futurs propriétaires pourront la personnaliser à leur guise en y ajoutant des accessoires», dit M. Pednault. Une réussite. Touches singulières: la grande douche ouverte compte deux pommeaux et une cloison en vitrage blanc isole la toilette, ce qui protège l'intimité de son occupant si on partage la salle de bain à deux.

Des garde-robes mobiles, voilà la solution préconisée pour le rangement par les deux rénovateurs. Plutôt qu'aménager des placards permanents dans les deux chambres, qui n'en possédaient pas auparavant, ils en ont construit des amovibles, qui se déplacent au gré des humeurs des propriétaires. Les lattes de plancher se glissent donc sous les murs, permettant les déplacements sans laisser aucune trace.

Côté jardin, ce petit cottage isolé possède, à l'échelle du Plateau, une vaste cour clôturée, avec en prime deux grands lilas matures qui protègent des regards indiscrets. Sur le terrain adjacent, qui appartient à l'immeuble, deux places de stationnement font l'envie des voisins. «Régulièrement, des gens sonnent chez nous pour louer nos espaces», disent les propriétaires. Dans ce secteur en pleine ébullition du Plateau, des condos en abondance émergent présentement de terre, mais aucun, ou presque, ne comprend des stationnements. Donc, le pire est à venir, à moins que vous optiez pour le Bixi ou le métro. La station Laurier ne se trouve qu'à deux minutes de marche.

Vous avez horreur de la circulation? Ici, sur la rue Lagarde, c'est le calme plat. Cette voie publique à sens unique, large comme une ruelle, reliant les rues Berri à Rivard. À peu près personne, sauf les résidants, ne l'emprunte. Vu son insignifiance par rapport au transport, cette rue risque peu d'être détournée par le maire du Plateau, Luc Ferrandez. Quoique....