Pierre-Paul Lupien et Chantal Duquette aiment partir en yacht l'été après le souper. Leur terrain de 32 000 pieds carrés borde le Richelieu sur 150 pieds.

M. Lupien a eu la piqûre du ski nautique dans la cinquantaine. Cette affection pour le nautisme explique pourquoi ce policier a quitté un condo haut perché à l'Île-des-Soeurs pour vivre plus près d'un cours d'eau, avec sa compagne.

Ils ont acquis un «cottage anglais» érigé au début du siècle dernier à Otterburn Park. Cette ville de 8464 habitants comptait 84% de maisons individuelles en 2006, l'année de leur arrivée en Montérégie, mais ce n'est pas ce qui les avait attirés.

Croissant tranquille

Leur histoire a bifurqué en Estrie. Ces deux travailleurs possédaient un chalet de 2003 à 2006. Le mercredi, ils préparaient leurs valises pour se mettre en route rapidement vers le lac Brompton le lendemain. Mme Duquette avait le bonheur de retrouver son père, qui venait cuisiner «au chalet». M. Lupien et Mme Duquette avaient acheté le vieux bateau du vendeur du chalet. La totale. Ils recevaient des amis et d'autres membres de la parenté, trop contents de s'arrêter en passant. Mais les dimanches soir, ils revenaient au ralenti sur l'autoroute 10. «J'ai fait de la filature pendant 24 ans. Je devais faire 80 000 km par année à la SQ. Les bouchons de circulation, je ne suis plus capable», dit l'homme de 62 ans.

Voilà comment cet enquêteur privé s'est retrouvé un jour à arpenter le chemin des Patriotes (route provinciale 133) à la recherche d'une propriété riveraine à vendre. Il tourne à droite dans un cul-de-sac descendant vers le bord de l'eau. Il repère une maison habillée de pierre sur quatre côtés, rue Riverview; cette rue est moins fréquentée que la 133. Ce n'est pas négligeable quand on a trois, bientôt quatre petits-enfants... L'ancien propriétaire du «petit domaine» invite

M. Lupien à venir prendre ses aises en son absence. Ce dernier s'assied dans la cour plantée de bouleaux et de plantes vivaces avec un Coke diète acheté au dépanneur du coin. Il se sent bien. Ce lieu ferait un agréable chalet quatre saisons. D'autant plus que sa campagne n'a plus le coeur à fréquenter le chalet depuis que son père est décédé.

Un autre «chalet» à rénover

L'intérieur de leur nouvelle acquisition devait être rénové. M. Lupien a réalisé la plupart des travaux, sauf la plomberie et l'électricité, avec l'aide de son frère, entrepreneur.

La cuisine a changé de place. Elle se trouvait dans un côté de l'habitation, le moins ensoleillé. M. Lupien trouvait inconcevable de la garder à cet endroit alors que de «si belles vues sur l'eau» s'offraient à l'arrière, côté cour. La nouvelle cuisine est aménagée dans un ancien boudoir; une cloison a été démolie pour l'ouvrir sur la salle à manger attenante, elle-même vitrée sur la véranda. Debout entre le lavabo et le réfrigérateur, on voit le courant de la rivière. «Certains matins, on voit des kayakistes du club d'Otterburn Park à l'entraînement», mentionne M. Lupien.

La propriété n'a pas été touchée par les inondations records du printemps dernier, précise-t-il.

Leur nouveau «chalet» a-t-il un défaut? Il manquerait une chambre ou deux, d'après certains visiteurs. On pourrait en construire au-dessus du garage, réplique M. Lupien. D'autres trouveraient exigu le séjour, qu'une cheminée de pierre domine sur presque toute la largeur. En revanche, la véranda offre plus d'espace.

La visite se poursuit à l'étage. Là, comme dans l'escalier, des pans de murs sont tombés, toujours pour dégager l'espace, explique Mme Duquette, âgée de 50 ans. On arrive directement dans la chambre principale. Il y a un faux balcon côté cour. La deuxième chambre est fermée et située côté jardin (à l'avant). L'ajout d'une penderie a réduit la superficie de cette pièce tout en lui procurant l'espace de rangement qui lui manquait.

Les propriétaires ont transformé l'autre chambre en salle de bains. Une baignoire trône au centre. Il y a une douche séparée. Des lavabos clairs contrastent avec des meubles en bois.

Le couple avait remarqué la surabondance de céramique dans des hôtels du Sud. Il y en a à la grandeur de leur rez-de-chaussée, dans les deux salles de bains et dans la toilette séparée. Le reste du parquet de l'étage est en bambou. Il y a un plancher flottant dans la partie du sous-sol qu'ils ont aménagée. Exit la parqueterie et la moquette, sauf pour le tapis gazon qu'ils ont installé dans leur pièce préférée.

Ils veulent vendre pour déménager dans un plain pied et certainement pas pour cause de voisins malcommodes puisqu'ils ont déjà trouvé leur prochaine maison... à quatre portes de là! Les deux pourront voyager plus souvent et continuer d'emmener leurs amis en bateau. Et les petits-enfants pourront continuer de faire des dessins à la craie dans la rue de grand-papa.